En mai 2021, Valentin Marcone avait tué son patron et l'un de ses collègues avant de se rendre trois jours plus tard.Sa cavale dans les montagnes cévenoles avait ensuite défrayé la chronique.Son père et sa sœur, qui tentent de comprendre les raisons de ce passage à l'acte, ont accepté de témoigner devant les caméras du 20H de TF1.
"Excusez-moi, je me rends" : tels ont été les premiers mots de Valentin Marcone lorsqu'il a croisé une patrouille de gendarmes, trois jours après avoir abattu son patron et un de ses collègues dans la scierie où il travaillait, dans le village des Plantiers (Gard). Plus de deux ans après les faits, son père et sa sœur tentent toujours de comprendre comment ce fils et ce frère a pu tuer deux personnes. Pour la première fois, ils ont accepté de raconter, dans le reportage à retrouver en tête de cet article, cette journée du 11 mai 2021 où leur vie a basculé.
Je me suis presque effondré.
Frédéric Marcone, père de Valentin
Tout commence par un appel, celui de la compagne de Valentin, en état de choc. "Elle me dit que Valentin est parti travailler le matin et qu'il a tué son patron et son collègue. Et là, tout s'effondre", se remémore Frédéric Marcone. Son fils, âgé de 29 ans à l'époque, vient d'abattre son patron, Luc Teissonnière, 55 ans, et un employé, Martial Guérin, 32 ans, avant de prendre la fuite et de se cacher dans la forêt.
Aussitôt, 350 gendarmes sont mobilisés et une traque commence. Après 48 heures de cavale, Frédéric va alors enregistrer un message audio pour son fils qui sera diffusé par hélicoptère. "J'ai la garantie qu'il n'y aura pas feu si tu te rends maintenant, mon fils, fais-moi confiance, je t'aime", lui lance-t-il.
Le troisième jour, Valentin finit par se rendre. "Dans la rue, il y a le négociateur que j'appréciais beaucoup qui est venu vers moi. Il m'a mis sur le côté. Ces quelques secondes ont été difficiles", lâche Frédéric, les yeux embués, avant de se reprendre : "Il m'a dit que Valentin s'était rendu et je me suis presque effondré." Depuis, ses proches veulent comprendre. Pour sa défense, Valentin affirme qu'il était en conflit avec son patron. Le matin du drame, il aurait surpris une discussion sur son potentiel licenciement.
Pour moi, il faut qu'il soit jugé, mais il faut qu'il soit soigné.
Elsa Marcone, sœur de Valentin
Ce différend, il en avait parlé à sa sœur, Elsa. Elle témoigne anonymement. "Je me suis beaucoup demandé ce que j'avais loupé. On s'est dit que peut-être, si on l'avait un peu plus écouté, si on avait essayé de l'aider, on aurait pu éviter ça. Donc, on est tous responsables", assure-t-elle, avant d'ajouter : "Pour moi, il faut qu'il soit jugé, mais il faut qu'il soit soigné".
"Valentin, c'est quelqu'un qui se défend, c'est pas quelqu'un qui attaque", précise son père. "Sauf que, quand on vous agresse une fois, deux fois, dix fois, à un moment, vous pouvez déborder", affirme-t-il. De là, à tuer deux personnes ? "C'est ce qu'il faudrait comprendre. Pourquoi, en ayant accumulé autant de problèmes, est-ce que c'est psychiatrique ?", s'interroge Frédéric. Les experts ont conclu à un jugement altéré. Aux yeux de la justice, Valentin Marcone est donc responsable de ses actes.
Un meurtre "avec préméditation" ?
Depuis sa cellule, il a souhaité s'adresser aux victimes avec une lettre que Frédéric tient dans ses mains. Il la lit : "Je veux que les familles des victimes sachent que je suis désolé et regrette profondément ce que j'ai fait et ce que j'ai pu leur infliger. Je voudrais aussi que tout le monde sache que je ne suis pas juste un meurtrier". Poursuivi pour "assassinat", c'est-à-dire "meurtre avec préméditation", Valentin Marcone risque la prison à perpétuité.
Mais pour ses avocates, il n'avait pas prévu son passage à l'acte. "À l'évidence, les choses n'étaient pas si bien préparées que cela. Cette fuite un peu désespérée, sans nourriture, sans eau, est peu compatible avec un plan qu'on a organisé à l'avance", explique maître Hélène Mordacq.
Valentin Marcone a avoué lui-même venir au travail armé, équipé d'un gilet pare-balles, plusieurs jours avant les faits. Pour les familles des victimes, il savait donc ce qu'il faisait. "On a cette conviction qu'il y allait pour commettre l'irréparable. Qu'il aurait pété un plomb et qu'il serait passé à l'acte, ça tient pas la route et c'est ça qui est terrible. Ils sont morts pour rien ces gens", déplore de son côté maître Rémy Nougier. Dans l'attente de son procès qui se déroulera du 24 au 29 janvier 2024, Valentin Marcone reste présumé innocent.