VERDICT - La cour d'assises de Saône-et-Loire a reconnu Valérie Bacot coupable de l'assassinat de son mari violent mais la condamnation de 4 ans de prison dont 3 avec sursis, plus clémente que les réquisitions, lui permettra d'éviter de retourner en maison d'arrêt.
"Je voudrais dire pardon à mes enfants de ce que je leur ai fait endurer. Je ne pense qu'à une chose : être avec mes enfants". Le vœu de Valérie Bacot a été exaucé. La jeune femme a pu sortir libre vendredi soir du tribunal de Châlons-sur-Saône. Reconnue coupable de l'assassinat de Daniel Polette, son mari violent, elle a été condamnée à 4 ans de prison dont trois avec sursis. Une peine plus clémente que le réquisitoire de l'avocat général qui avait réclamé 5 ans de prison dont 4 avec sursis. L'année de détention déjà effectuée par Valérie Bacot - 40 ans - lui permet, de fait, de ne pas retourner en prison. "Vous allez pouvoir sortir libre de cette cour d'assises", a insisté la présidente du tribunal lors de l'énoncé du verdict, accueilli par des applaudissements. "La cour tient à vous souhaiter de retrouver paix et sérénité".
"Valérie Bacot ne pouvait pas prendre la vie de celui qui la terrorisait" mais il faut "fixer l'interdit sans réincarcérer", avait estimé l'avocat général Eric Jallet devant les assises de Saône-et-Loire, soulignant que ses quatre enfants avaient "besoin" de leur mère. Une demande, là aussi, suivie par les jurés.
"Vous allez sortir libre, Madame, de cette cour d'assises." Vifs applaudissements dans la salle.. #Bacot — Thibault Malandrin (@tibomalandrin) June 25, 2021
"Elle était prise dans une toile d'araignée"
Valérie Bacot a tué à l'âge de 35 ans Daniel Polette, de 26 ans son aîné, le 13 mars 2016, après près de 25 ans de viols, violences et de prostitution contrainte. Elle encourait la perpétuité. "Une société qui se fait justice soi-même, c'est la guerre des uns contre les autres", a estimé l'avocat général. Mais "Valérie Bacot est victime, très clairement", a-t-il reconnu.
Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta, les deux avocates de l'accusée, réclamaient, elles, l'acquittement. Elles avaient été les conseils de Jacqueline Sauvage, devenue le symbole des violences conjugales après avoir été condamnée pour avoir tué son mari, puis graciée en 2016. "Comment la société pourrait demander réparation à Valérie Bacot alors qu'elle n'a pas su la protéger ?", avait demandé Me Tomasini, listant une "chaîne de dysfonctionnements multiples", en particulier les deux signalements que des proches de l'accusée ont fait à la gendarmerie, en vain.
Elle quitte la salle d'audience encore affaiblie, soutenue par ses enfants. #Bacot pic.twitter.com/UbEJEYr43E — Thibault Malandrin (@tibomalandrin) June 25, 2021
L'avocate avait plaidé l'abolition du discernement, donc l'irresponsabilité pénale, en se basant sur un arrêt canadien de 2006 qui a permis la relaxe d'une femme victime d'un "syndrome de la femme battue" pendant 30 ans et qui a tué son mari bourreau dans son sommeil. Un argument que la Cour d'assises de Châlons-sur-Saône n'a pas suivi. Elle a reconnu l'altération mais pas l'abolition du discernement de Valérie Bacot.
Violée dès l'âgé de 12 ans, prostituée pendant 14 ans
Le procès, ouvert lundi, a dépeint les violences extrêmes subies par Valérie Bacot et sa peur de les voir se perpétuer à l'encontre de sa propre fille, Karline, qui avait 14 ans au moment des faits. Des experts psychiatre et psychologue ont souligné que l'accusée n'avait aucune autre "échappatoire" que de "faire disparaître" son mari tant elle souffrait de son "emprise permanente" et de sa "surveillance" très serrée, ce qui l'empêchait d'aller porter plainte.
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Le mari de Mme Bacot, alcoolique et violent, l'a prostituée pendant 14 ans. Il a commencé à la violer alors qu'elle n'avait que 12 ans et qu'il était encore l'amant de sa mère. Condamné et incarcéré en 1996, l'homme est pourtant autorisé, dès sa sortie de prison en 1997, à réintégrer le domicile familial où "tout a recommencé comme avant", selon Mme Bacot. Elle tombe enceinte à 17 ans et part s'installer avec "Dany", expliquant cette décision surprenante par le besoin d'offrir un "père" à son enfant qu'elle voulait garder.
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