Violences dans un Burger King en 2018 : trois nouveaux policiers en garde à vue

par Georges BRENIER Georges Brenier
Publié le 5 mai 2021 à 13h06, mis à jour le 5 mai 2021 à 14h01

Source : JT 20h Semaine

GILETS JAUNES - D’après nos informations, trois CRS sont interrogés depuis ce mercredi matin dans les locaux de l’IGPN, la "police des polices", soupçonnés d’avoir violemment frappé des "gilets jaunes" venus se réfugier dans un fast-food parisien en décembre 2018. Quatre autres agents ont été entendus hier comme témoins.

À l'époque, la scène avait marqué les esprits. Des instants d’une rare violence captés par des caméras de surveillance et de témoins. Une douzaine de CRS (Compagnies républicaines de sécurité) étaient vus enchaînant les coups de matraque contre des manifestants venus se réfugier dans un restaurant Burger King situé avenue Wagram, à quelques pas des Champs-Élysées. Les coups pleuvaient, y compris contre des victimes allongées au sol. Nous sommes le 1er décembre 2018, l’"acte III" des manifestations de "Gilets jaunes" touche à sa fin. Une journée maudite, marquée d’une pierre noire tant elle fut marquée par un climat insurrectionnel (voitures brûlées, saccage de l’Arc de Triomphe, policiers et gendarmes attaqués sans arrêt….) à travers la capitale. 

L'enquête rebondit

Un peu plus de deux ans plus tard, l’enquête vient de connaître un nouveau rebondissement. Ce mercredi matin, trois CRS soupçonnés d’être impliqués dans ces faits ont été placés en garde à vue dans ce dossier de "violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique".

Convoqués dans les locaux de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) dans le XIIème arrondissement de Paris, les trois fonctionnaires – trois hommes - sont membres de la 43ᵉ compagnie de Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Toujours d’après nos informations, quatre de leurs collègues, membres de la même CRS, avaient été entendus, mardi 4 mai, comme simples témoins. Aucune poursuite judiciaire n’a été à ce stade engagée contre ces trois hommes et une femme.

L’implication présumée des trois policiers actuellement interrogés semble reposer sur le témoignage d’un de leurs propres "chefs", l’un des responsables de cette compagnie CRS de Châlon-sur-Saône. L’agent, confronté à des éléments techniques fournis par les enquêteurs de l’IGPN - en particulier des images captées le soir des faits - avait il y a quelques semaines confirmé aux "bœufs-carottes" la présence dans le restaurant Burger-King de certains de ses hommes.

 

"L’accusation repose sur 2 minutes et 30 secondes d’images décortiquées sur au total près de 15 heures d’affrontements d’une violence inouïe, précise Me Laurent-Franck Lienard, avocat des trois fonctionnaires en garde à vue. Or il faut tenir compte du contexte de ce 1er décembre : la CRS 43 tentait de résister face à une quasi-insurrection. Toute l’unité était épuisée physiquement et psychologiquement. Il y avait pour eux une urgence à évacuer le restaurant. Les policiers pensaient avoir face à eux des pillards, qui d’ailleurs ne répondaient pas aux injonctions." Aux yeux du pénaliste parisien spécialisé dans la défense des forces de l’ordre, "la CRS 43 opérait malheureusement seule, sans chaîne de commandement claire tant la situation était chaotique ce jour-là".

 

En théorie, les trois policiers pourraient être présentés à un magistrat instructeur à l’issue de leur audition avant une probable mise en examen. Quatre de leurs collègues, placés en garde à vue en juin 2020, sont déjà poursuivis dans ce dossier.


Georges BRENIER Georges Brenier

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