Benalla, l'affaire sans fin

Violences du 1er mai 2018 : le procès en appel d'Alexandre Benalla renvoyé pour raisons de santé

par Y.R.
Publié le 27 janvier 2023 à 11h43, mis à jour le 27 janvier 2023 à 14h27
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Source : Sujet TF1 Info

Alexandre Benalla devait être jugé en appel à partir de ce vendredi, pour des violences commises à Paris, le 1er mai 2018.
L'ex-chargé de mission à l'Élysée avait brutalisé plusieurs manifestants, dont un couple, provoquant un scandale politique à rebondissements.
Condamné en première instance à trois ans de prison, dont un ferme, son procès a finalement été renvoyé à sa demande pour raisons de santé.

Quatre ans et demi après les faits, l'affaire repassera devant la justice. Mais pas tout de suite. Alexandre Benalla devait être rejugé, à partir de ce vendredi 27 janvier, pour des violences commises place de la Contrescarpe à Paris, le 1er mai 2018. Des faits qui lui avaient valu un an de prison ferme en première instance. L'ex-chargé de mission à l'Élysée, coiffé d'un casque de police, alors qu'il assistait à la manifestation comme "observateur" aux côtés des forces de l'ordre, est accusé d'avoir molesté trois hommes et deux femmes.

L'audience a finalement été reportée. L'homme de 31 ans, aujourd'hui reconverti dans le privé, devait déposer une demande de renvoi pour "motif personnel", a indiqué à l'AFP l'une de ses avocates, Jacqueline Laffont, avant l'ouverture du procès. Une demande acceptée par le président de la cour d'appel de Paris après une brève suspension de séance.

Un an de prison ferme en première instance

Le "Benallagate" avait éclaté au grand jour le 18 juillet 2018, après son identification par le journal Le Monde sur une vidéo, où il brutalisait un couple place de la Contrescarpe. Celui qui était à 26 ans au cœur du dispositif de sécurité du président de la République avait été suspendu pendant 15 jours, mais avait toujours un bureau au sein du "Château", révélait le quotidien. L'article avait déclenché un séisme politique dont les répliques avaient secoué pendant des mois le pouvoir d'Emmanuel Macron, au rythme des révélations de la presse et des auditions devant les commissions parlementaires.

En première instance, Alexandre Benalla avait écopé de trois ans de prison, dont un ferme, sous bracelet électronique, de l'interdiction d'occuper un emploi public pendant cinq ans et d'une interdiction de port d'arme pendant dix ans. À l'audience, il avait nié la quasi-totalité des faits reprochés, affirmant avoir agi "par réflexe" citoyen, mais n'hésitant pas "à donner des explications absurdes et irresponsables", selon le jugement du tribunal correctionnel de Paris.

Son acolyte Vincent Crase, à l'époque chargé de la sécurité au parti En Marche (aujourd'hui Renaissance), doit lui aussi figurer à nouveau sur le banc des prévenus pour "violences en réunion", "port prohibé" d'une matraque télescopique et "immixtion dans une fonction publique" pour avoir participé de façon illégale à l'interpellation de trois personnes. Il lui est aussi reproché d'avoir obligé l'une de ces personnes à effacer une vidéo prise avec son téléphone portable. Ami de longue date de Benalla, l'ex-gendarme réserviste de 49 ans avait été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de port d'arme. "Il a agi pour protéger l'ordre public et donc il sollicitera sa relaxe", a indiqué à l'AFP son avocat, Me Robin Binsard.

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En plus des cinq victimes présumées des violences en réunion, deux syndicats de police se sont constitués parties civiles, ainsi que l'ex-chef de cabinet de l’Élysée François-Xavier Lauch et le journaliste-militant Taha Bouhafs, auteur de la vidéo qui avait déclenché l'affaire Benalla, dont la constitution de partie civile avait été jugée irrecevable en première instance.

D'autres enquêtes en cours

Devant la cour d'appel, lorsqu'une nouvelle date aura été donnée, Alexandre Benalla devra aussi répondre à nouveau de "faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d'un insigne" pour avoir continué à voyager avec des passeports diplomatiques, après son licenciement de l'Élysée. Il détenait aussi un passeport de service obtenu frauduleusement, selon l'accusation. L'ancien proche collaborateur du président de la République se voit enfin reprocher d'avoir porté illégalement une arme de poing en 2017.

Par ailleurs, l'ancien chargé de mission fait l'objet de trois autres enquêtes préliminaires. L'une porte sur son rôle dans la signature de contrats avec des oligarques russes alors qu'il était en poste au sein du palais présidentiel. Une autre, ouverte en février 2019 pour "entrave à la manifestation de la vérité", vise à déterminer s'il a dissimulé des preuves dans le cadre de l'enquête sur les violences du 1er mai 2018, notamment deux coffres-forts. La troisième, lancée en avril 2019, porte sur des soupçons de "faux témoignage", qu'il aurait formulé, à l'instar de Vincent Crase, devant la commission d'enquête du Sénat.


Y.R.

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