Onze évêques ou anciens évêques ont été mis en cause devant la justice civile ou la justice de l'Église après des signalements.Le cardinal Ricard, ancien archevêque de Bordeaux, est concerné.Il a reconnu une conduite "répréhensible" sur une mineure de 14 ans, il y a 35 ans.
L'Église de France au cœur de la polémique. L'épiscopat a révélé lundi que onze anciens évêques avaient eu affaire à la justice civile ou la justice de l'Église pour des violences sexuelles ou de la "non-dénonciation". Au cœur de cette affaire : l'ancien archevêque de Bordeaux, le cardinal Ricard, qui a eu une conduite "répréhensible".
"Il y a 35 ans, alors que j'étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables", a écrit le cardinal Ricard dans un message. Ce dernier a été lu ce lundi 8 novembre par le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort, qui tenait un point presse sur le thème des abus sexuels et de leur gestion à la veille de la clôture de l'assemblée plénière de la CEF à Lourdes.
Des faits commis il y a 35 ans
"J'ai décidé de me mettre à la disposition de la justice, tant sur le plan de la société que de celui de l'Église", a-t-il ajouté, affirmant avoir demandé "pardon" à cette victime, toujours selon ses propos rapportés. Commis il y a 35 ans alors qu'il était en poste à Marseille, les faits sont vraisemblablement prescrits.
Cet aveu du cardinal Ricard, 78 ans, qui fut notamment évêque de Coutances, Montpellier puis de Bordeaux de 2001 à 2019, et qui a pris sa retraite en octobre 2019, a été accueilli "comme un choc" par les 120 évêques réunis dans la cité mariale depuis jeudi, a souligné le président de la CEF. Notamment car, en 2016, au plus fort de la tempête autour de l'ex-archevêque de Lyon Philippe Barbarin, accusé de ne pas avoir dénoncé à la justice des abus sexuels commis par un prêtre dont il avait pourtant eu connaissance, le cardinal Jean-Pierre Ricard avait eu des mots sans équivoque : "Quand il y a une accusation, soit il faut que la famille porte plainte, soit il faut inviter le prêtre lui-même à se dénoncer, ou bien l'évêque a un devoir de faire un signalement au procureur de la République", avait-il déclaré à la presse en insistant sur les cas concernant les mineurs.
Mgr Ricard, ancien président de la CEF, est cardinal depuis 2006. A deux années de sa "retraite" de cardinal, Mgr Ricard est l'un des quatre cardinaux français à pouvoir siéger dans le Collège cardinalice susceptible d'élire un nouveau pape.
Le président de la CEF a par ailleurs détaillé les cas d'autres prélats ayant eu affaire à la justice. "Il y a aujourd'hui six cas d'(anciens, ndlr) évêques qui ont été mis en cause devant la justice de notre pays ou devant la justice canonique", a-t-il déclaré, soulignant que ces cas étaient "connus" de la presse. L'un d'entre eux est toutefois "décédé" depuis, a indiqué ultérieurement la CEF à la presse, précisant qu'il s'agissait de Pierre Pican, décédé en 2018, condamné pour non-dénonciation.