Violences sexuelles : des avocats dénoncent "le tribunal médiatique" et appellent au respect de la prescription

I.N. avec AFP
Publié le 16 février 2021 à 0h24
Violences sexuelles : des avocats dénoncent "le tribunal médiatique" et appellent au respect de la prescription
Source : Bertrand GUAY / AFP

JUSTICE - Dans une tribune publiée dans "Le Monde", six avocats pénalistes regrettent que "le parquet ouvre systématiquement une enquête préliminaire" après la révélation d'abus sexuels dans la presse, sans tenir compte de la prescription qui frappe le sfaits dénoncés.

Ils veulent faire respecter le délai de prescription. Des avocats, dont ceux de Richard Berry que sa fille ainée Coline accuse d'inceste, ont dénoncé ce lundi pour différentes raisons les dangers induits par  la présence du "tribunal médiatique" dans les affaires de violences sexuelles. Dans une tribune publiée dans Le Monde daté de mardi, six pénalistes s'inquiètent notamment que "le parquet, informé de violences sexuelles pour lesquelles la prescription ne fait aucun doute, ouvre systématiquement une enquête préliminaire plutôt que de constater l'extinction automatique de l'action publique" et "d'expliquer le rôle de la prescription, le bien-fondé de la non-rétroactivité de la loi pénale ou l'état actuel du droit qui, désormais, rend tous ces crimes quasi imprescriptibles".

"Le tribunal médiatique a fini par contaminer l'ordre judiciaire", estiment les signataires parmi lesquels figure Me Hervé Temime, l'un des conseils de Richard Berry, qui conteste les accusations portées contre lui. Ce "procédé entraîne une inégalité de traitement considérable entre les justiciables : toutes les victimes n'ont pas le pouvoir de faire savoir ce qu'elles assurent avoir subi, qui en publiant un livre, qui en réalisant un film, voire en mentionnant simplement le patronyme célèbre de tel acteur, écrivain ou personnage public", poursuivent Marie Dosé, Céline Lasek, Delphine Meillet, Christian Saint-Palais et Daniel Soulez-Larivière.

"Cela devient impossible d'avoir un débat serein"

Pour Me Sophie Obadia, qui défend aussi Richard Berry, "il y a une inégalité des armes : le tribunal médiatique met en lumière la plainte et la parole de la personne accusée n'est pas recueillie de la même manière". "Si on amène sur la place publique des affaires prescrites que la justice n'analysera pas contradictoirement avec la saisie d'un juge d'instruction, alors ça devient impossible d'avoir un débat serein", a-t-elle regretté auprès de l'AFP.

Dans un entretien à France Info diffusé ce lundi, Coline Berry-Rojtman explique pourquoi elle a déposé plainte pour "viols et agressions sexuelles". "C'était ça ou j'en crève", a notamment exposé celle qui a été entendue plusieurs heures jeudi par la brigade de protection des mineurs. Le parquet de Paris a ouvert le 25 janvier une enquête pour examiner ces faits, remontant à 1984-1985 et probablement prescrits.

Les accusations de la fille du comédien "sont feuilletonnées", a regretté Me Obadia, "alors que je voudrais que mon client soit rapidement entendu : il a beaucoup de choses à dire, des réponses à apporter, des clarifications à donner". Le parquet de Paris, premier concerné par ces critiques, justifie ses investigations, en invoquant notamment la recherche d'éventuels autres faits non prescrits. Ce qui s'est produit récemment pour l'agent de mannequins Jean-Luc Brunel et l'entraîneur de patinage Gilles Beyer, tous deux mis en examen. Des victimes potentielles s'étaient signalées une fois les enquêtes ouvertes.


I.N. avec AFP

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