Yvan Colonna : deux préfets accusés de s'être "réjouis" de l'agression mortelle du militant indépendantiste

par V. F
Publié le 30 mai 2023 à 20h08

Source : JT 20h WE

Une commission parlementaire s'est penchée sur l'agression mortelle du militant indépendantiste corse Yvan Colonna à la prison d'Arles en mars 2022.
Selon des échanges, sous couvert d'anonymat, rendus publics dans ce rapport ce mardi, "deux préfets en activité" s'en seraient réjouis.

"Rigueur" excessive à l'égard d'Yvan Colonna, et série de "dysfonctionnements" d'ordre général : la commission parlementaire chargée d'enquêter sur l'agression mortelle du militant indépendantiste corse en prison a publié, mardi 30 mai, un rapport sévère. Yvan Colonna, qui purgeait une peine de réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé le 2 mars 2022 dans la salle de sport de la prison d'Arles par Franck Elong Abé, un homme radicalisé de 36 ans condamné dans un dossier terroriste. 

Ce rapport souligne notamment que "deux préfets en activité" se seraient réjouis, sur "une boucle WhatsApp" privée, de cette agression mortelle, selon des échanges rendus publics ce mardi, sous couvert d'anonymat. 

Des échanges "entre le 10 et le 11 mars 2022"

Président de cette commission sur l'agression d'Yvan Colonna, le député nationaliste corse Jean-Félix Acquaviva a communiqué dans les annexes du rapport ce qu'il présente comme des échanges "entre préfets en activité", qui auraient eu lieu "entre le 10 mars et le 11 mars 2022", "au moment de la décision de levée du statut de détenu particulièrement signalé (DPS) d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, à la suite de l'agression mortelle d'Yvan Colonna du 2 mars 2022".

Cette décision était intervenue le 11 mars, après que le statut DPS d'Yvan Colonna, qui purgeait une peine de perpétuité pour l'assassinat du Préfet Erignac, avait lui été levé le 8 mars par le Premier ministre d'alors, Jean Castex, pour permettre des visites de ses proches à l'hôpital. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri étaient deux autres membres du "commando Erignac" auteur de l'assassinat du préfet en 1998 à Ajaccio.

"Fernandel tue Erignac une 2ᵉ fois"

Dans ces échanges, dont les noms des auteurs ont été remplacés par les lettres X et Y, pour garantir "le respect absolu des sources", précise Jean-Félix Acquaviva, l'un des auteurs indique que "Fernandel tue Erignac une 2ᵉ fois", en référence à la décision de Jean Castex de lever le statut DPS d'Yvan Colonna. Son interlocuteur lui répond que "M. devrait démissionner", semblant faire référence à Emmanuel Macron dont il qualifie le mandat de présidence "de la honte et du déshonneur".

X renchérit en assurant que "l’autre détenu", c'est-à-dire Franck Elong Abe, "n’a fait que ce que l'État aurait dû faire à l’époque", appelant également à "un référendum national sur l'indépendance de la Corse", comme cela a été "fait pour l'Algérie". Y appelle lui à la démission de Jean Castex, estimant qu'il a "trahi l'État", ou à défaut à celle d'Emmanuel Macron. "C’était pas la peine de nous obliger à faire des salles Erignac partout si c’est pour pisser sur sa mémoire aujourd’hui", réagit X.

Jean-Félix Acquaviva avait déjà évoqué l'existence de ces messages lors de l'audition de Jean Castex par la commission d'enquête parlementaire, le 8 mars dernier. Dans une lettre datée du 14 avril et publiée par Corse-Matin, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, dont dépendent les préfets, avait demandé à Jean-Félix Acquaviva "les preuves correspondant" à ces messages afin "d'en tirer toutes les conséquences", estimant qu'il s'agissait d'une "accusation particulièrement grave". Agressé le 2 mars 2022 dans la prison d'Arles, Yvan Colonna était décédé le 21 mars. 


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