La France est confrontée à un nouvel épisode caniculaire en ce début du mois d'août.Ces températures extrêmes, Evelyne Dhéliat les avait prédits pour... le 18 août 2050 !Une fiction devenue réalité avec trente ans d'avance, comme nous l'explique la directrice du service météo de TF1.
À chaque épisode caniculaire, il refait surface sur les réseaux sociaux. Le désormais vrai-faux bulletin météo d'Evelyne Dhéliat, présenté en 2014 sur TF1, donne des frissons tant il colle aux prévisions météo actuelles alors qu'il était censé se projeter en 2050, si rien n’était fait pour contrer le réchauffement climatique.
Ainsi, la France connaît son quatrième épisode de fortes chaleurs : 31 à 35°C sont attendus jeudi sur la moitié nord du pays, 35 à 39°C dans le Sud-ouest, et localement jusqu'à 40°C en Nouvelle-Aquitaine. Des températures qu'Evelyne Dhéliat prévoyaient pour un horizon plus lointain et qui sont bien réelles… avec trois décennies d’avance.
Sur quelles données vous étiez-vous basée pour réaliser ce bulletin de 2050 ?
En 2014, à l'occasion de la Cop20 (la 20e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, ndlr), l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) avait demandé à un présentateur ou une présentatrice météo de chaque pays de préparer un bulletin pour le mois d'août 2050. Le but était de sensibiliser les téléspectateurs aux conséquences du réchauffement climatique. J’ai été choisie pour représenter la France, et j'ai donc demandé à Météo France, qui faisait à l'époque des projections, de me préparer une carte de températures. Je n'ai donc rien inventé du tout.
Le réchauffement climatique est avéré.
Evelyne Dhéliat
Lorsque Météo France vous a envoyé cette carte de températures, avez-vous été surprise ?
Je les ai appelés en leur disant : 'Attendez, vous avez mis des 40 °C partout, c'est quoi ça ? C'est pas possible !'. Nous avons pourtant pulvérisé ces prévisions. Il y a par exemple sur cette carte 40° C pour Paris et nous avons largement dépassé cette température dans la capitale le 25 juillet 2019, avec 42,6 °C. Tandis que le 28 juin 2019, on a relevé 46 °C à Vérargues (Hérault), soit la température la plus élevée jamais atteinte en France. Et avec la canicule de ce mois de juillet 2022, on a eu 40 °C en Bretagne ! Le problème, c'est que cela devient récurrent. C'est-à-dire qu'année après année, non seulement les températures sont plus chaudes que ce qui était prévu en 2050, mais cela est aussi de plus en plus fréquent.
À ce rythme, que nous réserve les années à venir, selon vous ?
Ce qu'on peut dire, c'est que le réchauffement climatique est avéré. Et ce que l'on voit, c'est que les périodes de fortes chaleurs commencent de plus en plus tôt, dès le mois de juin, et se terminent de plus en plus tard. À Biscarrosse, par exemple, en 2016, ce n'est pas en juillet, ni en août qu'il a fait le plus chaud, mais en septembre avec 36,4 °C. Par ailleurs, ces épisodes durent plus longtemps. Ainsi, entre juin, juillet et maintenant, on en est déjà à 30 jours de canicule, ce qui est exceptionnel, voire historique. Il faut savoir aussi que neuf des dix années les plus chaudes appartiennent au 21ᵉ siècle et sept des années les plus chaudes à la dernière décennie.