Climat : le sud-est de la France déjà touché par la sécheresse

L’alerte sécheresse a été déclarée, jeudi 31 mars, dans le département des Alpes-Maritimes en raison d’un déficit pluviométrique hivernal jugé "très préoccupant". Le directeur départemental des territoires et de la mer des Alpes-Maritimes, Pascal Jobert, a indiqué lors d’une conférence de presse que la situation était effectivement très inquiétante : "La sécheresse assez marquée et surtout très précoce nécessite des mesures de l’État assez tôt dans l’année".

Sur la saison de recharge des nappes phréatiques, qui va de septembre à mars, le bilan pluviométrique a fait apparaître un déficit de 48% par rapport à la normale (357 mm contre 685 habituellement). Les météorologues ont déclaré qu’ils ne voulaient pas toutefois que les habitants s’alarment face à la situation. "C'est une des sécheresses hivernales les plus remarquables de ces soixante dernières années, mais ce n'est pas encore une situation de crise majeure", a résumé Philippe Gourbesville, hydrologue à l'université Côte d'Azur.

"Depuis 1959, il s’agit de la deuxième valeur la plus basse après la saison 1989-1990. Fait aggravant, le manteau neigeux, qui alimente normalement les fleuves au printemps, est très déficitaire lui aussi. Les prévisions saisonnières privilégient, avec un indice de confiance assez bon, un scénario d’un printemps plus sec que la normale dans la région", a déclaré Cécile Guyon, responsable des services climatiques et de la prévision de Météo-France Sud-Est.

Quel est l’impact de cette alerte sécheresse pour les habitants du département ? De nombreuses restrictions ont été décrétées pour les particuliers comme l’interdiction de remplir sa piscine ou son spa privé. Pour les communes, les fontaines vont êtes fermées jusqu’à nouvelle ordre et les employés communaux ne pourront plus laver la voierie à grande eau.

"Sur la bande littorale, il y a clairement une diminution des pluies. Et quand on regarde les modèles climatiques, on voit que ce phénomène va s'accentuer, d'autant que les épisodes méditerranéens augmentent eux aussi, et sont de plus en plus violents, donc l'eau n'a pas le temps de s'infiltrer", a analysé Joël Guiot, membre du Centre européen de recherche et d'enseignement des géosciences de l'environnement

Le débit du fleuve Var, de 10 m3 par seconde, a été analysé à la fin du mois de mars au niveau de la ville de Nice, et son débit est équivalent au niveau habituel d’un mois de juillet. La situation est également suivie de près par les pompiers des Bouches-du-Rhône, qui ont estimé "à un mois et demi d'avance" l'état de sécheresse de la végétation, ce qui a déjà conduit "à des interventions significatives depuis quelques jours", ont-ils souligné lors d'une conférence de presse jeudi.

Plus inquiet, Paul Marquis, expert météo pour les pompiers des Bouches-du-Rhône, a exprimé sa crainte de revivre la sécheresse de 2017, l’une des plus catastrophiques des dernières années. Il a ajouté que cet hiver a été le moins enneigé depuis 1959 dans les Hautes-Alpes.