L'heure est à la mobilisation générale en prévision des tensions énergétiques qui pèseront sur le système français l'hiver prochain.Les dernières prévisions annoncent l'hiver le plus froid depuis 10 ans.Alors, les températures clémentes de ces derniers jours, peuvent-elles nous éviter une crise majeure ?
Dans le contexte actuel de tensions énergétiques annoncées pour cet hiver, le gouvernement se retrouve face à une équation à deux inconnues : la mobilisation des Français et, bien évidemment, les conditions météo. Or, si l'on en croit les dernières prévisions de Guillaume Woznica, notre spécialiste météo, il est probable que l'hiver prochain soit le plus froid depuis dix ans.
"Après neuf hivers consécutifs avec des températures situées en moyenne au-dessus des normales de saison, le trimestre décembre-janvier-février à venir pourrait bien renouer avec des conditions météo plus hivernales", prévient le météorologue de LCI.
La période de redoux que nous connaissons actuellement suffira-t-elle pour éviter une crise majeure cet hiver ? Pour le savoir, la rédaction de TF1info a contacté Alicia Bassière, doctorante en économie de l’énergie au Centre de recherche en économie et statistique de l'école Polytechnique.
Grâce au redoux, "on économise du gaz".
Un hiver très froid nous serait-il fatal, en dépit des mesures prises par le gouvernement ?
La France était déjà en tension l’année dernière et nous n’avions pas eu un hiver si rigoureux. Le contexte actuel est totalement inédit. Une indisponibilité nucléaire à ce point, c’est du jamais-vu ! Il y a déjà eu des crises plus ou moins similaires dans le passé, comme en 2004. Grâce au nucléaire, la France avait été moins impactée que les autres pays. Pour compenser, on peut s'appuyer sur les centrales à gaz, mais cela va coûter très cher. Et le gouvernement ne veut pas que cela retombe sur la population. Par ailleurs, des centrales à gaz, en France, il n'y en a pas tant que ça. Et surtout, au-delà d'une certaine puissance, on aura beau avoir tout le gaz qu’on veut, il y aura quand même une ligne rouge qu’on ne pourra pas dépasser. Donc la limite va être vite atteinte.
Les températures clémentes actuelles permettent-elles de garder en stock de l'énergie en vue de l'hiver ?
On économise du gaz, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Car, à la différence de l'électricité, on peut le stocker. Pour les consommateurs, cela permet d’économiser sur les dépenses de chauffage, ce qui est aussi une bonne chose. Mais de là à dire que ça va nous permettre un hiver tranquille, c’est loin d’être sûr. Le simple fait que le gouvernement mette en place un plan de sobriété énergétique est déjà mauvais signe. 10% de la consommation, c’est atteignable. Est-ce que cela va suffire pour cet hiver, c’est difficile à estimer, notamment parce qu'on ne sait pas si la population va suivre. S’il fait très froid, 19°C à l’intérieur, ce ne sera pas vécu de la même manière pour un ménage qui n’est pas bien isolé. Cela peut inciter les gens à remonter le chauffage.
Une baisse des températures de quelques degrés pourrait-elle avoir un impact sur la consommation d’énergie ?
Alicia Bassière Le problème avec les prévisions, c’est que ce sont des moyennes. Si c’est 2°C en moins tous les jours, cela ne changera pas grand-chose. En revanche, s’il y a de grandes variations, qu’on passe de -2°C à 10°C par exemple, c’est très mauvais pour le réseau. Il vaut mieux des températures relativement basses que de grandes variations. De manière générale, les variations extrêmes, le système n’aime pas trop ça. Quand la température varie fortement, on a tendance à allumer et éteindre son chauffage pour maintenir une température constante dans son logement, c’est encore plus énergivore.
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