Jusqu'à 40°C ce jeudi : une température exceptionnelle qui devient habituelle

Guillaume Woznica
Publié le 16 juin 2022 à 7h00, mis à jour le 16 juin 2022 à 9h31

Source : Les MATINS LCI

Cette journée du jeudi 16 juin sera marquée par les premiers 40°C de l’année en France.
Jamais cette barre symbolique n’avait été atteinte si tôt dans la saison.
Autrefois exceptionnelle, elle est en train de devenir habituelle avec le réchauffement climatique.

La canicule qui touche une grande partie du pays en cette fin de semaine est exceptionnelle à deux titres : pour sa précocité et son intensité. En effet, jamais une vague de chaleur caniculaire ne s’était installée sur le pays à la mi-juin. De plus, les thermomètres atteindront des niveaux inédits dans certaines régions, à tel point que de nombreux records de chaleur mensuels, voire absolus vont être battus. Ce jeudi marquera également l’apparition des premiers 40°C en France, un seuil atteint de plus en plus souvent et aussi de plus en plus tôt. 

Les 40°C les plus précoces depuis le début des relevés météo

Selon toute vraisemblance, c’est donc au cours de ce 16 juin que les premiers 40°C de l’année seront relevés. Encore localisés dans les Landes, le sud de la Gironde ou encore le Languedoc-Roussillon ce jeudi, ils se généraliseront aux régions de l’ouest vendredi avant de gagner le centre du pays et le sud du Bassin parisien samedi. Jamais un tel seuil n’avait été atteint aussi tôt dans l’année. Le précédent record (hors Corse où les épisodes de sirocco, ce vent brûlant venu du Sahara, peuvent provoquer l’envolée des thermomètres dès le début du mois) datait du 21 juin 2003 avec cette valeur atteinte à Luxey, dans les Landes. 

 

On se souvient également de la canicule de juin 2019, déjà qualifiée d’exceptionnellement précoce à l’époque. Et pourtant, la barre des 40°C n’avait été franchie que le 26 juin à Peyrolles-en-Provence (Bouches-du-Rhône) avant que les thermomètres ne s’affolent les jours suivants, pour atteindre un nouveau record de chaleur national le 28 juin avec les fameux 46°C de Vérargues (Hérault). C’est aussi en 2019 que Paris a battu son record de chaleur absolu, avec 42,6°C mesurés le 25 juillet. Ce n’était alors que la deuxième fois depuis le début des relevés en 1872 que le thermomètre de la capitale franchissait cette barre fatidique, après les 40,4°C le 28 juillet 1947 !

Un seuil atteint quasiment tous les ans depuis 2008

Dans le contexte de dérèglement climatique que nous connaissons, ces 40°C sont-ils en train de devenir la nouvelle norme ? Alors que les experts du climat annonçaient en 2020 le dépassement de ce seuil tous les ans "vers le milieu du siècle et plutôt dans le Midi", on constate une accélération des très fortes chaleurs depuis le début du XXIe siècle, voire un peu avant. En effet, ce seuil n’a été franchi qu’une seule fois par décennie entre 1950 et 1980, en prenant en compte les stations de mesures du réseau principal de Météo-France (155 stations aujourd’hui). La décennie suivante, les 40°C ont été atteints 3 fois (1982, 1983 et 1987) puis 4 fois dans les années 1990 (1993, 1994, 1995 et 1998). Même chose au cours de la décennie 2000 (2000, 2003, 2008 et 2009) puis pas moins de 9 fois dans les années 2010. 

 

Plus globalement, ce seuil est franchi tous les ans depuis 2008, avec une exception pour l’année 2014 durant laquelle la France connaissait son dernier été "pourri" caractérisé par une fraîcheur et une humidité récurrentes. Ainsi, la barre des 40°C a été franchie par au moins une station météo durant 10 années entre 1950 et 1999, soit en un demi-siècle, contre 16 années entre 2000 et 2022 soit 16 années sur 23 ! Les 40°C sont donc atteints de manière plus récurrente, mais aussi plus tôt dans la saison. Ces chiffres en France confirment ainsi la tendance observée par les climatologues au sujet des vagues de chaleur qui sont en train de devenir plus fréquentes, plus intenses et plus précoces avec le changement climatique. 


Guillaume Woznica

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