Tempête Eunice : pourquoi parle-t-on d’une "bombe météorologique" en Angleterre ?

Guillaume WOZNICA
Publié le 17 février 2022 à 14h39, mis à jour le 17 février 2022 à 16h45
Tempête Eunice : pourquoi parle-t-on d’une "bombe météorologique" en Angleterre ?

La tempête Eunice approche et elle inquiète, à tel point que les services météo britanniques ont placé plusieurs régions en alerte rouge.
Les spécialistes parlent d’une "bombe météorologique".
Explications.

C’est ce que l’on appelle une "bombe météorologique" : la dépression baptisée Eunice par les services météo britanniques inquiète, car elle va générer une violente tempête, notamment en Angleterre. Alors qu’elle n’était encore qu’un amas nuageux sur le proche Atlantique ce matin, le creusement de la dépression est désormais en cours, et celui-ci va être "explosif" car la pression atmosphérique en son centre va diminuer à une vitesse remarquable. 

Eunice va ainsi perdre une trentaine d’hectopascals en quelques heures ! À Liverpool par exemple, la pression atmosphérique passera de 1000 hPa en milieu de nuit prochaine à seulement 970 hPa demain matin. Or, plus une dépression est creuse et plus elle génère de vents violents, d’où l’inquiétude des météorologues britanniques. 

Des rafales à plus de 150 km/h outre-Manche

Si ce genre de dépressions inquiète, c’est aussi parce qu’elles sont de petite taille et sont mal appréhendées aujourd’hui encore par les modèles prévisions météo. Un décalage géographique de quelques dizaines de kilomètres peut ainsi avoir d'importantes conséquences, tant sur l'intensité des vents que sur les secteurs concernés. De plus, le courant jet qui correspond aux vents soufflant en altitude et qui ondule dans l’hémisphère nord se situe actuellement en plein sur l’Angleterre avec des vents à plus de 300 km/h à 9000 m d'altitude. Ce courant va ainsi donner encore plus de puissance à la tempête Eunice.

Des précédents en France : Lothar, Martin, Klaus, Alex…

Fort heureusement, ce type de phénomène reste relativement rare. La dernière dépression à caractère explosif s’est produite en Bretagne entre le 1er et le 2 octobre 2020. Les vents s’étaient alors déchaînés sur le Morbihan avec jusqu’à 186 km/h à Belle-Île, un record absolu pour l’île, dépassant largement les valeurs atteintes lors des tempêtes de 1999. Le département avait d’ailleurs été placé en vigilance rouge. Ce fut d’ailleurs quasiment le même scénario le 6 mars 2017. La tempête Zeus secoua alors le Finistère et le Morbihan avec des rafales atteignant 193 km/h à Camaret-sur-Mer. 

Même cause, mêmes effets avec la tempête Klaus en janvier 2009. Elle frappa cette fois tout le quart sud-ouest avec de nombreux records de vent : 184 km/h à Perpignan, 172 km/h Biscarrosse ou encore 161 km/h à Bordeaux. Mais les plus célèbres resteront Lothar et Martin qui, en l’espace de deux jours, balayèrent tout le pays avec à la clé des dégâts considérables et plusieurs dizaines de victimes. Il faut dire qu’elles prirent tout le monde par surprise à quelques jours de l’an 2000. C’est d’ailleurs à la suite de ces tempêtes d’une rare violence que la carte de vigilance a été mise en place par Météo-France. 


Guillaume WOZNICA

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