Les quelques perturbations pluvieuses qui traversent le pays se montrent encore trop discrètes.La situation sur le front de la sécheresse demeure ainsi critique, voire s’aggrave dans certains secteurs.Le risque de coupures d’eau cet hiver est réel. Certains départements tirent d’ailleurs la sonnette d’alarme.
Voilà que l’été est terminé, que les températures sont repassées en dessous des normales avec les premières gelées de la saison et que les perturbations atlantiques ont (enfin) retrouvé le chemin de la France. Et pourtant : on continue à parler de sécheresse. Certaines préfectures se montrent même inquiètes en évoquant d’éventuelles coupures d’eau potable d'ici à l'hiver si la situation ne s’améliore pas rapidement et de manière très nette. En clair : si les pluies ne se montrent pas régulières et généreuses en octobre, l’eau viendra à manquer à une échelle plus grande que durant l’été, où seuls quelques villages avaient été ponctuellement concernés.
Une sécheresse historique, des nappes phréatiques au plus bas
Avec un cumul de pluie national atteignant 419 mm sur la période allant du 1er janvier au 20 septembre, la France connaît une sécheresse d’ampleur inédite. Jamais un tel cumul n’avait été aussi bas, 2022 passant ainsi devant l’année 1976 jusque-là historique, avec un total de 420 mm sur la même période. Malgré les pluies de ces derniers jours, le déficit pluviométrique en 2022 dépasse les 30%. Or, depuis la fin de l’été, nous sommes dans une période cruciale pour la recharge en eau, et en particulier pour les nappes phréatiques.
En effet, l'évapotranspiration étant importante entre le milieu du printemps et la fin de l’été en raison de températures élevées et d’une végétation très développée, la part d'infiltration durant cette période est quasiment nulle. La recharge des nappes se fait donc principalement en automne et en hiver, quand l'évapotranspiration est faible et que les précipitations sont plus régulières. Avec un climat à dominante océanique, les perturbations sont plus fréquentes à cette période de l’année et lorsque la pluie tombe en quantité, elle permet alors d’aborder le printemps suivant plus sereinement.
Cette année, les pluies de l’automne et de l’hiver seront d’autant plus importantes que le déficit de pluie est marqué, et ce, depuis l’hiver dernier dans certaines régions. Mais l’inquiétude est grande avec des précipitations encore trop discrètes et des prévisions à très long terme peu optimistes.
Un automne déterminant, des prévisions inquiétantes
Malgré un léger excédent pluviométrique observé en septembre, grâce notamment aux perturbations des derniers jours, la situation demeure tendue en profondeur. Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), qui surveille particulièrement la situation hydrologique, la sécheresse de surface a sensiblement reculé. En effet, les précipitations récentes ont essentiellement profité à la végétation, mais les quantités sont restées encore modestes et irrégulières. C’est avec ce constat que les préfectures des Côtes-d’Armor ou de la Vienne ont commencé à évoquer des risques de coupures d’eau potable dans les prochains mois, en fonction de l’évolution de la situation.
Les conditions météo du mois d’octobre seront donc déterminantes, mais les dernières prévisions ne sont malheureusement guère rassurantes. Après le passage d’une perturbation pluvieuse très active samedi, l’anticyclone regonflera rapidement à partir de dimanche. La première semaine d’octobre s’annonce ainsi calme et sèche sous l’effet des hautes pressions. Et selon les tendances à un mois, ces hautes pressions pourraient bien se montrer dominantes tout au long du mois. Contrairement à 1976, la sécheresse est bien partie pour jouer les prolongations…