Vers une sécheresse majeure cet été ? Ces signes qui inquiètent les spécialistes

Guillaume Woznica
Publié le 4 mai 2022 à 9h57

Source : JT 20h WE

Semaine après semaine, la situation continue de se dégrader sur le front de la sécheresse.
La France a ainsi connu son début d’année le plus sec depuis 2011.
Les prévisions pour les prochains mois confirment la probabilité de plus en plus forte de connaître une sécheresse majeure cet été.

C’est une inquiétude qui fait son apparition quasiment tous les ans au printemps : la mise en place d’une sécheresse avec à la clé des restrictions d’eau dans de nombreuses régions. Cette année ne déroge pas à la règle mais avec, cette fois, des chiffres bien plus alarmants. La faute à un automne et un hiver déjà plus secs que la normale et qui ont été suivis d’un début de printemps où la pluie s’est également faite très discrète. Et selon les dernières prévisions, les prochaines semaines s’annoncent particulièrement difficiles…

Quatrième début d’année le plus sec depuis 1959

Les chiffres sont là et confirment une aggravation continue de la situation depuis plusieurs semaines : avec une moyenne de 198 mm de pluie à l’échelle nationale, la France a connu son premier quadrimestre (période de janvier à avril) le plus sec depuis 2011. Avec 100 mm de moins qu’en temps normal, le déficit atteint en moyenne  -35% à l’échelle nationale. Il est encore plus prononcé dans le nord-ouest et le centre-ouest avec -40% à Rennes, -44% à Caen, -48% à Angers, -50% à Tours ou encore -56% à Beauvais. 

Même constat près de la Méditerranée avec des déficits pluviométriques atteignant -57% à Nîmes et même -69% à Marseille, où le cumul depuis le 1er janvier atteint difficilement la cinquantaine de millimètres. Une accentuation du manque de précipitations a par ailleurs été constatée au cours de la deuxième quinzaine d’avril avec aucune pluie significative (cumul supérieur à 1 mm) à Paris, Dieppe, Beauvais, Amiens, Charleville-Mézières, Troyes ou encore Reims. 

Seuls trois débuts d’année ont ainsi été plus secs que 2022 : 1997 avec 169 mm, 2011 avec 174 mm et 1976 avec 184 mm. Dans tous ces cas, les étés qui ont suivi ont été marqués par des sécheresses majeures. 1976 reste évidemment gravée dans les mémoires tandis qu’à l’échelle européenne, la sécheresse de 2011 s’est avérée comme la plus importante depuis celle… de 1976 ! 

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Des nappes phréatiques déficitaires et à la baisse

Conséquence du manque de pluie depuis l’automne dernier : les nappes phréatiques ne se sont pas suffisamment rechargées pour aborder la saison estivale en toute tranquillité. Alors que les pluies les plus bénéfiques auraient dû se produire au cours des six derniers mois, elles n’ont pas été assez copieuses pour les faire remonter à des niveaux normaux. Ainsi, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) : "Les nappes phréatiques sont à surveiller. En février et mars, la situation s’est rapidement dégradée et les pluies insuffisantes ont fortement impacté l’état des nappes. En avril, les tendances des nappes se sont encore orientées à la baisse." 

De l’Atlantique aux régions de l’est et jusqu’en Corse, les niveaux sont "modérément bas" voire "bas", selon la classification du BRGM. De plus, près de 70% des nappes phréatiques ont un niveau orienté à la baisse en ce début du mois de mai. Si vous ajoutez à cela un ensoleillement généreux depuis le début du printemps et un vent continental qui assèche encore un peu plus les sols en surface, la situation devient préoccupante. Ainsi, les préfets d’une dizaine de départements ont d’ores et déjà mis en place des arrêtés de restrictions d’usage de l’eau. 

Un été chaud et sec inévitable ?

Les prévisions ne sont guère optimistes, même à long terme. Si quelques orages pourront encore éclater sur les reliefs et à leurs abords en ce milieu de semaine, aucune réelle amélioration pluvieuse d'ampleur n'est prévue d'ici la mi-mai, au moins. Et les tendances saisonnières ne vont pas rassurer les agriculteurs, bien au contraire. Tous les scénarios s’accordent désormais sur un trimestre juin-juillet-août "plus chaud et plus sec que la normale"

Les prochaines semaines seront ainsi déterminantes. En l’absence d’un retour durable des perturbations océaniques, la France connaîtra une sécheresse majeure cet été. De l’avis d’Emma Haziza, hydrologue et fondatrice du centre de recherche Mayane, "la probabilité est de plus en plus forte. Tous les paramètres aggravants sont présents aujourd’hui. La seule chose qui pourrait venir contrer cette situation serait le retour de conditions dépressionnaires sur l’ouest de l’Europe." Ce qui n’est pas prévu, pour l’instant. 


Guillaume Woznica

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