En raison, notamment, de la sécheresse généralisée observée en France, 100 communes n’ont à l'heure actuelle plus d’eau potable.Une situation qui ne s'améliorera pas cette semaine, la France faisant face à une nouvelle vague de chaleur.Directrice générale du centre d’information sur l’eau, Marillys Macé revient sur les raisons de cette pénurie inédite.
"C’est la première fois que nous avons tous les départements de métropole qui sont touchés par des restrictions d’eau", nous alarme Marillys Macé, directrice générale du Centre d’information sur l’eau. En effet, depuis le début de la semaine, la France est victime d’une nouvelle vague de chaleur. Tout le monde suffoque, les sols sont secs. Le 5 août, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a avancé le chiffre de 100 communes qui n’ont même plus d’eau potable. L’eau parvient à ses habitants par camions citernes. Dans d’autres départements, on s’adapte comme on peut, par exemple dans le Var des distributions de bouteilles sont faites, ou encore dans le Finistère où la mer est dessalée.
Pour la directrice générale, cette pénurie d’eau est due à des années de sécheresse, mais également à un manque d’actions sur le territoire. Elle rappelle, que la principale ressource d’eau sont les nappes souterraines puisqu’un peu plus de 60% de notre eau potable provient d’une eau souterraine. Le reste provient des ressources des cours d’eau.
Pourquoi les canicules renforcent-elles les pénuries d’eau ?
Marillys Macé : Notre problème est multiple. Tout d’abord, il faut comprendre que les recharges des nappes se font entre le mois de septembre et le mois d’avril. Mais depuis quelques années, des sécheresses se sont enchainées. À cause de celles-ci, les recharges en eau n’ont pas été suffisamment importantes d’une année sur l’autre. Les nappes ne sont pas assez rechargées car il y a eu moins de pluie. L’automne dernier, la situation a été pire que d’habitude car de septembre 2021 à avril 2022, nous avons observé un déficit de pluviométrie et de neige entre 30 et 40% selon les régions. Donc là encore, les nappes ne se sont pas rechargées et les cours d’eau ont perdu du débit. Au printemps, tout le monde a besoin de plus d’eau, tout s’accroît. Là, nous sommes dans une situation critique avec une sécheresse plus tôt et plus intense. Ce sont tous ces facteurs qui ont provoqué la situation actuelle.
L'importance des canaux interconnectés
Pourquoi des régions sont-elles plus touchées que d’autres ?
Les communes évoquées par Christophe Béchu sont touchées car elles sont dans des régions particulièrement sèches, et où il y a moins d’eau à la base. La plupart du temps, ce sont des petites communes, donc par exemple leurs canalisations ne sont pas interconnectées. L’interconnexion a un grand intérêt dans le service public de l’eau. Grâce à elle, on peut avoir une solidarité entre communes. Les 100 communes mentionnées sont complètement démunies et elles sont tellement petites que la plupart du temps elles ont une source d’eau quasiment unique. C’est un drame car ces dernières années, nous n’avons jamais connu autant de communes sans eau potable.
Les économies d’eau ne se font pas qu’en été, mais bien du 1er janvier au 31 décembre"
Marillys Macé
Tout l’Hexagone peut-il faire face à une pénurie d’eau malgré des canaux interconnectés ?
Jusqu’à il y a peu, j’aurai dit que cette situation était temporaire, exceptionnelle. Désormais, à l’aune du changement climatique, on appréhende les choses différemment. Celui-ci perturbe totalement le cycle de l’eau. Notre chance, c’est que nous avons quand même pas mal de ressources. Si on s’entend tous pour gérer au mieux l'eau dont on dispose, on peut s'en sortir. Les économies d’eau ne se font pas qu’en été, mais bien du 1er janvier au 31 décembre. Là, nous sommes déjà en pénurie. On est passés de l’eau facile à l’eau fragile.
Concrètement, comment peut-on agir à notre échelle ?
Je donne trois conseils faciles à mettre en place. Mais avant tout, il faut insister sur le fait que l’eau courante en France est un confort, on ne revient pas dessus, mais on veut arrêter le gaspillage. On peut faire plusieurs choses. Par exemple, vérifier que nous n’avons pas de fuites d’eau chez soi, car en laissant trainer ne serait-ce qu'une minime fuite, on perd à l'année des dizaines, voire des milliers de litres. Ensuite, il est possible d’installer chez soi des mousseurs, certaines mairies aident même à les acheter. Cette pièce vissée sur la sortie du bec du robinet permet de consommer moins d’eau. Enfin tout le monde doit être raisonnable, les douches ne doivent pas durer plus de quatre minutes.
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