Météo : quelles régions seront les plus touchées par des "chaleurs anormales" l'été ?

TF1info | Reportage : Jean-Pierre Feret, Antoine Cazabonne, Jean-Yves Chamblay
Publié le 31 août 2022 à 12h20, mis à jour le 31 août 2022 à 17h42

Source : JT 20h Semaine

L'été 2022 a été l'un des plus chauds jamais enregistrés en France.
Mais ce type d'été caniculaire pourrait devenir la norme après 2050, selon Météo-France.
Quels seront les territoires les plus exposés à ces "anomalies de chaleur" ?

Canicule, sécheresse, incendies. Si l'été 2022 a été le plus chaud jamais constaté en France, juste derrière celui de 2003, il y a encore plus inquiétant : il pourrait devenir la norme d'ici à 2050, selon les projections de Météo France. Le nombre de journées et de nuits anormalement chaudes devrait augmenter d'année en année, dépassant régulièrement les 20 chaque été. Certains territoires français sont plus concernés que d'autres, et plus de 14% de la population s'y concentre.

À Villevieille, dans le Gard, on respire enfin, comme l'a constaté notre équipe pour le reportage en tête d'article. Jamais on n'avait connu 29 nuits à plus de 21°C, soit déjà deux fois plus qu'en 2003. "La nuit, il faisait 35° !", assure une dame croisée dans la rue. Un jeune cycliste abonde : "La température des maisons ne tombait pas la nuit, et la journée, ça montait encore. C'était vraiment très lourd et on avait du mal à dormir", témoigne-t-il.

L'été de tous les records

Cet été, c'est tout le pays qui a suffoqué. La température moyenne depuis le 1er juin est de 22,67°C, à quelques dixièmes des 23,10°C, le record de 2003. Le pays a subi 33 jours de canicule cette année, du jamais vu. Aucune région n'a été épargnée, pas même dans le nord-ouest. Six villes ont battu leur record absolu au passage : 39,9 °C au Touquet, 40,4 °C à Dieppe, 39,3 °C à Brest, 42 °C à Nantes, 42,6 °C à Biscarrosse et 42,9 °C à Biarritz. C'est la grande différence de l'été 2022 avec les deux seuls précédents comparables, ceux de 1976 et 2003 : cette année, c'est l'ensemble du territoire métropolitain qui a été touché.

On s'attend à ce qu'à peu près la moitié des étés soient d'un niveau de températures comparable, voire supérieur
Samuel Morin, directeur du Centre National de Recherches Météorologiques de Météo France

La chaleur s'est installée dans la durée. À Marseille, le mercure n'est pas descendu sous les 25 °C depuis 113 jours, 50 jours à Strasbourg. Avec un cortège de conséquences dramatiques, comme la sécheresse et les incendies. Mais ce n'est même pas ce qui alarme le plus les scientifiques. C'est une "préfiguration" de l'avenir, a souligné Samuel Morin, directeur du Centre 

national de recherches météorologiques, en présentant le bilan de Météo France. Vers 2050, "on s'attend à ce qu'à peu près la moitié des étés soient d'un niveau de températures comparable, voire supérieur". 

Météo France

Selon les projections retenues par l'Insee, le nombre de journées anormalement chaudes va continuer de progresser chaque été durant les trois prochaines décennies, et les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et Occitanie seront les plus exposées. Pour l'Institut, 14% des habitants vivent dans des territoires qui dépasseront les vingt journées anormalement chaudes chaque été, soit 9,2 millions de personnes. Parmi elles, 1,2 million vivent sous le seuil de pauvreté, habitant souvent dans des logements mal isolés, qu'elles auront de la peine à adapter.

La basse montagne gagnée par la chaleur

L'Insee note que de nombreux territoires de basse montagne seront parmi ces zones les plus exposées. Jusqu'en 2005, seuls quelques territoires du Massif central connaissaient plus de 15 journées anormalement chaudes. Les températures nocturnes élevées, qui empêchent la récupération des organismes éprouvés par la journée, devraient également être enregistrées plus régulièrement dans des régions proches du Jura, des Vosges ou d'une partie des Alpes. Plus de 11 nuits anormalement chaudes par été, contre 7 au maximum avant 2005. 

Plus de 20 journées d'anomalie : un Français sur sept concerné

Les territoires de plaine, à l'exception du littoral, devraient être particulièrement touchés. Ainsi l'Île-de-France, qui concentre plus de 12 millions d'habitants, ou encore les Pays de la Loire, connaîtront de 16 à 20 journées chaudes chaque été. Les régions qui dépasseront les 20 journées d'anomalie abritent actuellement plus de 9 millions de personnes, soit un Français sur sept. Parmi eux, les deux tiers des habitants d'Auvergne-Rhône-Alpes, et près de la moitié de ceux de Bourgogne-Franche-Comté. Des régions où personne n'était exposé à une telle fréquence durant la période 1976-2005.

Le littoral moins affecté

"Les anomalies de chaleur affecteront un peu moins le littoral que l’intérieur des terres", selon l'Insee. Ce qui n'empêche pas une proportion conséquente des habitants des régions comprenant une façade maritime d'être concernés. Un septième seulement en Bretagne et en Corse, un bon quart en Paca et en Normandie, et près des trois-quarts en Occitanie, subiront plus de 15 journées anormalement chaudes dans les trente prochaines années.

Les anomalies de chaleur seront ressenties de façon inégale par les populations concernées. Ainsi, l'impact sanitaire est beaucoup plus important sur les personnes âgées et les jeunes enfants. Les conditions de logement aggravent aussi la vulnérabilité des personnes les plus modestes, tandis que les professions de plein air subiront de plein fouet les températures caniculaires. L'Insee rappelle aussi que la réalité démographique de l'été n'est pas celle du reste de l'année, avec des millions de personnes quittant leur résidence habituelle pour devenir les habitants temporaires du littoral. Moins habitués aux fortes chaleurs que les habitants permanents du sud-est, par exemple, ils sont nettement plus vulnérables.


TF1info | Reportage : Jean-Pierre Feret, Antoine Cazabonne, Jean-Yves Chamblay

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