Fortes chaleurs et pluies diluviennes : qu'est-ce que la rivière atmosphérique "Rhum Express" ?

M.L
Publié le 31 décembre 2022 à 19h39, mis à jour le 31 décembre 2022 à 20h47
JT Perso
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Source : JT 20h WE

L'Hexagone connaît des températures anormalement élevées en ce 31 décembre, tandis que des pluies diluviennes touchent la Bretagne.
Un filament d'air tropical chaud et humide, alimenté en permanence, s'étire des Caraïbes jusqu'à nos côtes.
Ses effets sont exacerbés par le réchauffement de l'atmosphère, lié à l'action humaine.

À l’image des 12 derniers mois, marqués par des records de chaleur historiques en France et une sécheresse inédite, l’année 2022 se clôt dans une anormale douceur. Pour cette journée du 31 décembre, huit degrés de plus par rapport à la normale de saison étaient attendus à l’échelle nationale, un décalage rarissime. Sur l’ensemble du pays, l’on retrouve des températures printanières en plein cœur de l’hiver. "20°C en Alsace un 31 décembre, ce n'est plus de la science-fiction !", a lancé sur Twitter le prévisionniste de Météo France Gaétan Heymes. 

En parallèle de ces records de température, des pluies diluviennes ont déjà commencé, en particulier sur la Bretagne. En cause, une rivière atmosphérique baptisée "Rhum Express" en Europe, à l'initiative de Christophe Cassou, climatologue au CNRS et auteur principal du sixième rapport du GIEC sur le climat. Un phénomène dont les effets sont exacerbés par le changement climatique, décrypté par le spécialiste sur Twitter

Une "perfusion" d'air chaud et humide venu des Caraïbes

Une masse d'air "océanique doux et humide" traverse actuellement l'Atlantique pour pénétrer sur tout le continent européen. Des pluies de l’équivalent d’un mois de précipitations en deux à trois jours à peine sont attendues sur la Bretagne, - le Finistère étant en vigilance orange crues - accompagnées de "vent fort en lien avec une petite tempête au large de la France". "Ces pluies viennent directement des Caraïbes ou plus largement de l'Atlantique Tropical Ouest", explique le climatologue, d'où le nom de cette rivière atmosphérique "Rhum Express" ("la route du Rhum").

"Les rivières atmosphériques transportent des quantités de chaleur et d’eau très importantes", explique aussi Météo-France sur son site. Ces "routes aériennes dans l'atmosphère, à plusieurs kilomètres d'altitude", s’apparentent à "un tapis roulant qui fournit des seaux d'eau en continu", expliquait déjà l’an passé à La Dépêche du Midi François Jobard, prévisionniste à Météo France. 

Cet air tropical est alimenté en permanence, "comme une perfusion", ce qui forme ainsi "une rivière atmosphérique quasi-continue" entre les subtropiques et la France puis l’Europe, "en passant par les Acores", précise Christophe Cassou. Mais comment se forme-t-elle ? Ce puissant filament de vapeur se situe en fait au niveau de "la zone de rencontre des masses d’air" sur l’Atlantique nord. En particulier, deux dépressions au nord de l’océan et un anticyclone au niveau du Maghreb forment un couloir jusqu’en Europe, ce qui permet une réalimentation continue en air humide au-dessus de notre territoire. 

L'influence humaine accentue le phénomène

Les rivières atmosphériques restent rares mais pas exceptionnelles : une seconde venant d’Hawaï, baptisée cette fois "Pinapple Express" ("la route des ananas"), est actuellement en train d’arroser la Californie. Ces phénomènes "existent partout" : "Il y en a presque tous les jours, mais elles n’atteignent pas toujours les continents et n’ont pas toujours des effets aussi marqués", explique Météo France sur son site.

Toutefois, l’influence humaine accentue les fortes températures mais aussi les précipitations, en agissant comme "un booster, un dopant" sur une fluctuation météorologique naturelle, ajoute Christophe Cassou. Les circulations atmosphériques rendent donc les épisodes de douceur plus chauds et les épisodes de fraîcheur moins frais. Or "un climat plus chaud augmente le transport d’humidité dans les systèmes météorologiques", ce qui donne lieu à des évènements humides plus intenses : "une atmosphère plus chaude de 1°C peut contenir 7% de vapeur d'eau en plus", explique le climatologue, qui martèle que "chaque fraction de degrés compte".

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À l’avenir, les rivières atmosphériques devraient donc être plus intenses et plus longues, "ce qui entraînera une augmentation des précipitations et une intensification des épisodes de pluie diluvienne associés sur la côte Ouest des États-Unis et l'Europe occidentale", et ainsi une augmentation du risque d'inondation, estime Christophe Cassou. Pour l’océan Atlantique, le réchauffement climatique devrait accroitre la fréquence de ces phénomènes. Mais il est encore impossible de savoir si les zones d’impact vont changer en Europe et dans quelle mesure les pluies devraient augmenter.


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