Depuis que d'impressionnants brasiers ravagent le Québec, le nord-est des États-Unis se retrouve prisonnier d'une écrasante chape de fumée.La qualité de l'air à New York a même été classée la pire au monde mercredi soir.Activités en plein air annulées, transports perturbés… Des villes entières tournent au ralenti sur la côte.
Alors que le Québec est ravagé par les flammes, à plusieurs centaines de kilomètres plus au sud, la côte Est des États-Unis est plongée dans la torpeur. Les fumées de quelque 400 brasiers canadiens s'étirent dans une large partie du nord-est du voisin américain, propageant un air de mauvaise qualité que respirent 100 millions d'habitants, de Chicago à Atlanta, comme le montre la modélisation de la NASA ci-dessous. De nombreuses grandes villes, comme New York et Washington, étaient concernées mercredi par une alerte rouge, un niveau auquel des effets peuvent être constatés sur la santé des résidents. Les plus fragiles sont appelés à rester chez eux, tandis que les activités et les transports sont perturbés.
Are you noticing hazy skies in your area today? @NASA Worldview shows wildfire smoke from Canada being transported as far south as Alabama today. This smoke is causing poor air quality across the eastern third of the U.S. today. #alwx #tnwx #gawx #kywx #mswx #arwx pic.twitter.com/PnKr1V9lCG — NASA SPoRT (@NASA_SPoRT) June 7, 2023
Après les provinces canadiennes de l'Alberta, dans l'ouest du Canada, et la Nouvelle-Écosse, à l'est, c'est au tour du Québec d'être frappé par des incendies "jamais vus", dont l'intensité et la fréquence sont liées au changement climatique : près de 140 feux sont actuellement actifs, dont près d'une centaine jugés hors de contrôle, selon la Société de protection des forêts contre le feu (Sopfeu). Les fumées se sont propagées jusque dans le nord-est des États-Unis mercredi, à 800 km au sud, plongeant New York, sa statue de la Liberté et ses gratte-ciels de Manhattan, dans un paysage surréaliste : un brouillard orange a tout recouvert, allant parfois jusqu'à faire disparaître les sommets des immeubles.
"Pas de mode d’emploi"
La ville de huit millions d'habitants a été prise de court, raconte Le Monde : "Il n’y a pas de mode d’emploi pour ce genre d’événement", a déploré son maire Eric Adams. Les masques du Covid-19 font leur réapparition dans les rues de Manhattan, Brooklyn et Queens, pour se protéger de l'air à l'odeur âcre, devenu irrespirable. Il convoie des particules PM2.5, particulièrement dangereuses : très fines, elles provoquent des irritations et problèmes respiratoires, mais peuvent aussi pénétrer dans le sang et entraîner des crises cardiaques ou des AVC, des effets aggravés chez les personnes fragiles.
La Maison Blanche a appelé mercredi les plus vulnérables à "prendre des précautions" : rester chez soi, porter des masques, éviter l'activité physique à l'extérieur… Selon le site IQAir.com, New York est devenue dans la soirée de mercredi la ville avec la qualité de l'air la plus mauvaise au monde. Quant au site gouvernemental airnow.gov, il précise que l'indice pour la qualité de l'air pour la ville a atteint en fin de journée le chiffre de 413 sur une échelle culminant à 500, un record depuis plus de 20 ans.
Du côté des transports, tous les vols au départ ou à l'arrivée des aéroports new-yorkais ont été retardés. La journée a été particulièrement éprouvante pour ceux qui travaillaient en extérieur, certains se retrouvant obligés de réduire leur service, comme l'a par exemple confié un livreur de repas au New York Times.
Les activités sportives et culturelles ont aussi connu un coup d'arrêt : un match de base-ball des Yankees contre les White Sox de Chicago a été reporté à jeudi et la comédienne britannique Jodie Comer, invoquant des "difficultés respiratoires" a été remplacée au bout de dix minutes pour sa pièce en solo Prima Facie à Broadway. Des festivités de plein air ont aussi été annulées, comme une fête prévue Coney Island pour célébrer les 120 ans du parc d'attractions historique de Brooklyn, Luna Park, rapporte Le Monde. Les clubs de sports et piscines ont également fermé leurs portes. Quant aux restaurateurs, nombre d'entre eux ont perdu des réservations et ont commencé à fermer leurs terrasses, alors même que "le mois de juin est l'un de nos mois les plus chargés", a expliqué l'un d'entre eux au New York Times.
Des activités immobilisées sur plusieurs centaines de kilomètres
Dans l'État de New York lui-même, l'indice de qualité de l'air est passé de "nocif" à "très nocif" et même à "dangereux" à certains endroits, selon le service de météo national. Toutes les activités scolaires et parascolaires en plein air ont été suspendues.
À des centaines de kilomètres au sud, la capitale fédérale Washington a vécu aussi dans une odeur âcre et sous un ciel voilé, avec une qualité de l'air "nocive" pour les personnes les plus fragiles. Pour la première fois depuis la crise sanitaire, des masques ont à nouveau été distribués, relate le Washington Post. Comme à New York et dans l'État du Maryland, les écoles publiques ont annulé les activités en extérieur pour les enfants. "À l'extérieur, on se croirait sur Mars", a commenté auprès du journal un habitant de Syracuse, dans le nord de l'État de New York. À Philadelphie également, les sorties scolaires ont été annulées et les matchs d'athlétisme reportés.
Au-delà de ces régions, c'est "plus de la moitié de la population américaine vit avec un indice de qualité de l'air de 150 à 180, un niveau très dangereux qui peut affecter les capacités respiratoires", déplore Loran Wold, professeur de médecine à l'Ohia State University de Colombus, dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article. La porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre y voit "un autre signe inquiétant de la manière dont la crise climatique affecte nos vies", a-t-elle déclaré mercredi.
Le retour à la normale risque de prendre du temps : rien que pour New York, tout dépendra de la "direction des vents" mais les fumées pourraient perdurer "une à deux semaines", selon la météo nationale. Au Canada, la course des flammes ne devrait pas ralentir de sitôt, puisqu'aucune pluie importante n'est prévue avant lundi soir.
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