"C’est brûlé" : ces producteurs d’amandes et de pommes ont (encore) tout perdu à cause du gel

Audrey Le Guellec | Reportage vidéo Linda Huré, Philippe Fontalba
Publié le 4 avril 2022 à 16h55

Source : JT 13h Semaine

La France a enregistré entre dimanche et lundi sa nuit la plus froide depuis 1947 pour un mois d'avril.
Dans la Creuse et le Vaucluse, des arboriculteurs constatent les dégâts sur les pommiers et amandiers.
TF1 s'est rendu sur place.

Avec des records battus notamment à Mourmelon, dans la Marne, où le thermomètre a atteint les - 9,3 degrés, le gel a "tapé fort" dans la nuit de dimanche à lundi. De nombreuses régions de culture d'arbres fruitiers sont frappées de plein fouet, sans que l'on puisse encore toutefois dresser un bilan chiffré. "C'est très grave, beaucoup d'arboriculteurs sont touchés", a déclaré Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA. Mais "les dégâts ne sont visibles qu'au bout de quelques jours", a-t-on souligné au ministère de l'Agriculture, selon qui "l'arboriculture et en particulier les fruits à noyaux sont les plus touchés", surtout dans le Sud-Ouest, le Grand Est et la vallée de la Loire.

L'espoir de sauver quelques variétés tardives

Dans le Vaucluse, après une nouvelle nuit de gel, "c'est brulé, c'est plié", confirme dans le reportage de TF1 en tête de cet article une agricultrice de Venasque, qui estime avoir perdu une grande partie de sa récolte d'amandes. Cette dernière a pourtant bien tenté de lutter avec des bottes de foin brulées pour envelopper ses arbres d'une fumée protectrice. Mais en vain. Tous ou presque (85%) sont touchés. À quelques kilomètres là, à Saint-Didier, le même dispositif, déployé à 4h, 5h puis 6h du matin, semble bel et bien avoir atténué le gel. Sur une autre exploitation d'amandiers, le thermomètre affichait en effet zéro au petit matin contre -3 en dehors des parcelles. "Pour cette nuit, ça a l'air d'être gagné", se rassure le propriétaire, avant de faire le tour de ses douze hectares pour estimer les pertes.

Pommes de la Creuse : une récolte perdue à cause du gelSource : JT 13h Semaine

Dans la Creuse, où se rend cet autre reportage du 13H de TF1 ci-dessus, les producteurs de pommes n'ont pas été épargnés non plus. "Normalement à -3,5, -4 degrés, le fruit est détruit donc là on a peu d'espoir qu'il y a ait des survivants, on aura entre 70 et 90% de pertes", anticipe l'un d'eux. Une nouvelle fois, ce dernier ne pourra que compter sur les aides de l'État, soit un tiers de ce qu'il estime avoir perdu : "50.000 euros minimum". Même constat chez un second producteur avec trop peu de moyens pour investir dans des dispositifs anti-gel : "Le pistil est tout noir, cette fleur est avortée, c'est terminé". Son seul petit espoir ? La possibilité, peut-être, de sauver quelques variétés tardives, mais il faudra attendre quelques jours pour en être certain.

L'an dernier, pour rappel, un printemps précoce causant le début de bourgeonnement de la végétation avait été suivi d'un épisode de gel du 3 au 10 avril, causant de nombreux dégâts dans les vignes notamment. Après ce gel exceptionnel, la production viticole avait reculé à un "niveau historiquement bas": -19% sur un an et -14% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les pertes de rendement avaient été plus ou moins marquées selon les territoires avec, par exemple, en Bourgogne un recul de 32,5% par rapport à la moyenne des cinq millésimes précédents (2016-2020), selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). 

Les récoltes d'abricots, de cerises et de poires avaient également été amputées de moitié par rapport à la moyenne des cinq années précédentes, selon le service statistiques du ministère de l'Agriculture.  Ce dimanche, le Premier ministre Jean Castex a d'ores et déjà évoqué l'ouverture, si nécessaire, d'un "fonds d'urgence" pour les départements les plus concernés.


Audrey Le Guellec | Reportage vidéo Linda Huré, Philippe Fontalba

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