VIGILANCE - Les centres antipoison ont enregistré plus de 10.000 cas d’intoxication aux champignons, dont 22 mortels, entre 2010 et 2017, révèle l’agence sanitaire Santé publique France ce mardi. LCI revient sur la bonne marche à suivre pour s’en prémunir, de la cueillette à l’assiette.
Depuis le début de l’automne, les champignons pullulent... tout comme les intoxications. Dans un communiqué publié fin octobre, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et la Direction générale de la santé (DGS) avaient alerté sur la hausse du nombre de cas signalés aux centres antipoison et de toxicovigilance (493 avaient alors été enregistrés au cours des deux semaines précédentes, contre 4 à 90 par semaine en temps normal). Ce mardi, l’agence sanitaire Santé publique France sonne elle aussi l’alerte, en révélant dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire une étude chiffrant les intoxications liées aux champignons dans l’Hexagone.
Selon celle-ci, 10.625 cas d'intoxication aux champignons ont été enregistrés en France entre 2010 et 2017, dont 239 graves et 22 mortels. Ces intoxications découlent souvent de la confusion d’une espèce comestible avec une espèce toxique, ou de la consommation de champignons comestibles en mauvais état ou mal cuits.
Des morts essentiellement liées à des amanites phalloïdes
Les décès recensés par Santé publique France concernent 10 hommes et 12 femmes âgés de 38 à 88 ans. Pour 15 d'entre eux, la mort a été causée par un "syndrome phalloïdien", qui se déclare 6 à 24 heures après l'ingestion et se caractérise par des vomissements, des diarrhées, des douleurs au ventre et attaque le foie et les reins. Dans 11 de ces cas, le champignon en cause était l'amanite phalloïde (voir photo ci-dessous), l'une des espèces vénéneuses les plus dangereuses. Les personnes intoxiquées l'avaient confondue avec le rosé des prés (agaric champêtre) ou la coulemelle, voire l'avaient carrément ramassée et consommée sans la connaître.
Les 7 autres cas mortels ont été dus à un autre type de syndrome, dit "sudorien", qui se déclare plus rapidement (de 15 minutes à 2 heures après l'ingestion). Causé par d'autres champignons, certaines espèces de clitocybes ou d'inocybes, ce syndrome est "considéré comme relativement peu dangereux", note le BEH. Mais il peut avoir des conséquences graves "chez des patients présentant des antécédents cardiovasculaires", dont le coeur est fragilisé par l'intoxication.
"De nombreux facteurs interviennent dans ces intoxications, souligne le BEH : confusion d'une espèce comestible avec une espèce toxique, consommation de champignons comestibles en mauvais état, défaut de cuisson d'espèces secrétant des toxines (...) (morilles, shiitake), quantité trop importante consommée (tricholome équestre)". Pour vous éviter un voyage à l'hôpital, nous vous donnons quelques conseils ci-dessous.
S'assurer de la validité de sa récolte avant de la passer à la casserole
Afin de ne prendre aucun risque, il est recommandé de ne cueillir que les champignons que vous connaissez parfaitement. "Certains champignons vénéneux hautement toxiques ressemblent beaucoup aux espèces comestibles", avertissent l'Anses et la DGS. Et, parce qu'un champignon toxique peut contaminer ses voisins, veillez à bien séparer par espèce les champignons récoltés. Se laver soigneusement les mains après la récolte peut également permettre d'éviter une contamination après avoir porté les mains à sa bouche.
Si certaines applications, comme Champignouf ou Champignons 2 Pro, peuvent permettre d'identifier les champignons que vous avez sous les yeux, elles ne sont pas infaillibles. Au moindre doute sur l'identification ou l'état de l'un spécimen de votre panier, mieux vaut ne pas consommer la récolte avant de l'avoir fait contrôler par un pharmacien, une association ou l'une des sociétés de mycologie de votre région. Pour permettre leur analyse par un spécialiste en la matière, les champignons doivent être cueillis et conservés dans leur totalité (pied et chapeau).
Pour éviter d'autres types de contaminations, il est d'autre part recommandé ne pas cueillir les champignons près de sites pollués (bords de routes, aires industrielles, décharges).
Bien conserver ses champignons
Afin d'assurer leur bonne conservation, l'Anses et la DGS recommandent de ne jamais déposer les champignons dans un sac plastique, qui accélère le pourrissement. La récolte est à conserver "dans de bonnes conditions au réfrigérateur" et doit être consommée dans les deux jours suivant la cueillette.
Consommer les champignons en quantité raisonnable et après une cuisson suffisante permet d'autre part de limiter les risques d'intoxication. De ce fait, les autorités demandent à ce que ceux-ci ne soient jamais consommés crus ni proposés à de jeunes enfants, d'autant plus fragiles que les adultes (à noter que le plus jeune des 10.000 patients intoxiqués entre 2010 et 2017 n'avait que 9 mois, et 3,3% des cas concernaient des enfants de moins de 5 ans).
En cas de diarrhées, vomissements, nausées, tremblements, vertiges ou encore troubles de la vue à la suite de la consommation de champignons, appelez directement le 15 ou le centre antipoison de votre région. Pour faciliter la prise en charge, Santé publique France rappelle qu'il est "indispensable de faire identifier sa récolte par un spécialiste en cas de doute sur la comestibilité d'un champignon, mais également de la photographier avant sa cuisson". Ce cliché pourra en effet être utile pour décider du traitement adéquat.
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