ALIMENTATION - Ils donnent notamment sa belle teinte rose au jambon et permettent d’allonger les durées de conservation dans la charcuterie industrielle. L'ONG Foodwatch, l'application Yuka et la Ligue contre le cancer lancent une pétition pour demander l'interdiction des sels de nitrites dans les produits alimentaires.
Le mois dernier, un amendement MoDem proposant d'instaurer une taxe de 0,10 centime d'euros par kilogramme sur les produits de charcuterie contenant des additifs nitrés avait été soumis aux députés. Et rejeté. Mais des associations repartent ce mercredi à l'assaut des nitrites dans l'alimentation industrielle : l'ONG Foodwatch, l'application Yuka et la Ligue contre le cancer réclament dans une pétition adressés à la ministre de la Santé l'interdiction des sels de nitrites dans nos assiettes, du fait de leur rôle dans l'apparition de certains cancers digestifs.
Ingérer ces additifs, parfois signalés sur l'étiquette sous les codes E249, E250, E251 et E252, peut "entraîner la formation de composés cancérogènes dans notre estomac : des nitrosamines", font valoir les trois organisations. Le centre de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (Circ) a en effet classé en 2010 les nitrites, surtout utilisés dans la charcuterie qu'ils permettent de teindre en rose et d'être conservée plus longtemps (mais on les retrouve aussi dans les plats industriels, les conserves...) , comme "cancérogènes probables" chez l'homme. Un danger "quand l'ingestion se fait dans des conditions permettant une nitrosation endogène", c'est-à-dire leur transformation en molécules tels que les nitrosamines à l'intérieur de l'organisme. Foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer rappellent également que c'est la présence de ces additifs dans la charcuterie industrielle qui avait ensuite conduit le Circ à classer la viande transformée comme cancérogène avéré en 2015, estimant que la consommation de 50 grammes par jour de ce type d'aliment augmentait le risque de cancer colorectal de 18%.
Des travaux en cours à l'Anses
De leur côté, les industriels assurent qu'il est très difficile de s'en passer et font valoir que ces substances empêchent la formation de microbes responsables d'intoxications graves, comme la bactérie Clostridium botulium qui provoque le botulisme. Mais pour les trois organisations à l'origine de la pétition, l'essor récent du marché de la charcuterie "sans nitrite" est la "preuve que les industriels savent s'en passer quand ils le veulent". Un rapport publié ce mercredi par l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) sur l'utilisation des additifs indique d'ailleurs que celle-ci est en baisse dans les produits de charcuterie : au début des années 2010, seuls 3% ne contenaient aucun additif, contre 9% aujourd'hui.
La dangerosité de ces substances ne fait toutefois pas l'unanimité dans la communauté scientifique. Récemment, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a estimé qu'elle n'était pas encore étayée scientifiquement. "Pour l'Agence européenne de la sécurité alimentaire, il n'y a pas d'association entre l'ingestion de nitrates et la survenue de la plupart des cancers. L'effet néfaste serait dû à la transformation des nitrates en nitrite, mais cette conversion dans l'organisme humain est très variable et insuffisamment documentée", a-t-elle expliqué, évoquant "des travaux en cours sur ce sujet à l'Anses" (agence de sécurité sanitaire).
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