ALIMENTATION - C'est un fait, les Français boivent de moins en moins de lait. Mais est-ce pour autant un phénomène inquiétant pour leur santé ? S'il est essentiel à la croissance des enfants, les adultes peuvent s'en passer mais à condition de compenser certains de ses apports nutritionnels.
Les Français consomment de moins en moins de lait. Selon Syndilait, organisation qui regroupe la majorité des fabricants de lait de consommation liquide en France, seuls un peu plus de 6 Français sur 10 indiquent avoir consommé au moins une fois du lait en 2018, avec une moyenne de 45,5 litres avalés chaque année. En 2015, c'était 51 litres. Une tendance qui semble marquer une désaffection durable pour ce produit de consommation courante qui s'explique d'une part par l'impasse de plus en plus courante sur le petit-déjeuner, mais aussi par un goût croissant pour les boissons végétales.
Mais cette baisse de la consommation de lait est-elle problématique ? Le lait est-il vraiment indispensable à notre santé ? LCI vous répond.
Un aliment essentiel pour les enfants et adolescents
Interviewé par l'AFP, le médecin nutritionniste Arnaud Cocaul qualifie cette tendance d'"inquiétante", notamment chez les jeunes. "On observe chez les adolescents des manques, en particulier de calcium, ce qui est une vraie problématique de santé publique, parce que l'on va avoir une génération qui va vieillir et qui va avoir des os en moins bon état", déplore-t-il.
Chez les enfants et adolescents, qui peuvent grandir jusqu'à 6 centimètres par an, le lait est effectivement indispensable à la bonne croissance des os. Le calcium en est le principal ciment qui donne force et résistance aux os. Il en va de même pour les dents. Un verre de lait de 25 centilitres contient environ 300 milligrammes de calcium. Les autorités de santé conseillent un apport en calcium de 700 mg chez l’enfant de 4 à 6 ans, de 900 mg de 7 à 9 ans et de 1.200 mg jusqu’à 19 ans.
La vitamine D, également présente dans le lait, joue un rôle essentiel dans l’absorption du calcium par l’organisme. Un verre de 25 cl peut combler un sixième des besoins d'un enfant de 1 an à 8 ans. Le lait représente également un apport important en vitamine B12, essentielle à la croissance, à la formation des globules rouges et à l'équilibre du système nerveux.
Enfin, les protéines du lait, le lactosérum et la caséine, constituent un apport essentiel pour le bon développement des muscles. Un verre en contient huit grammes.
Une compensation possible chez l'adulte
En janvier le Guide alimentaire canadien, un document édité par les autorités sanitaires du pays visant à aiguiller les consommateurs dans leur choix d'aliments, réduisait la place du lait dans ses recommandations. Alors qu'il était jusque-là question d'en consommer quotidiennement de deux à quatre portions, la boisson a été simplement relayée dans la catégorie des "aliments protéinés" où figurent une multitude d'autres aliments comme la volaille, les lentilles, les pois cassés ou encore les sardines. Alors est-il vraiment nécessaire de consommer du lait chaque jour à l'âge adulte ?
Pour la diététicienne Florence Foucaut, interviewée par LCI, le lait représente une denrée à intégrer "dans une alimentation équilibrée et diversifiée", bien qu'il soit possible de compenser ses apports par d'autres mets. Pour le calcium, il faut par exemple se tourner vers la famille des crucifères dont font partie le brocoli, le chou-fleur, le chou de Bruxelles. "Il y a cependant deux fois moins de calcium dans les choux que dans le lait. Il va donc falloir manger 200 grammes de choux pour avoir l'équivalent en calcium d'un verre de lait", avertit-elle en précisant que le calcium contenu dans les végétaux est moins bien absorbé par l'organisme que celui du lait. Un fait qui s'explique par la présence, dans la boisson, de vitamine D qui, comme indiqué précédemment, permet une meilleure assimilation du calcium par l’organisme.
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Selon la table Ciqual mise au point par l'Anses décrivant la composition nutritionnelle des aliments, le fromage est en revanche bien plus riche en calcium que le lait : il en contient 630 milligrammes pour 100 grammes contre 116 pour le lait. "Si on diminue sa consommation de lait, il faut par ailleurs faire en sorte de consommer du fromage", insiste ainsi Florence Foucaut. Une recommandation d'autant plus importante pour les personnes atteintes d'ostéoporose.
La vitamine D, elle, est principalement fournie par le soleil, mais se trouve aussi dans certains aliments comme l’œuf, la truite ou les champignons de Paris. La viande, ou les gélules pour les végétariens et vegans, se chargeront d'autre part des apports en vitamine B12 et des protéines. Ces dernières peuvent cependant aussi se retrouver dans les légumineuses, les graines, les œufs ou encore le poisson.
Attention aux boissons végétales
En cas d'intolérance au lactose, il est possible de se tourner vers des laits exempts de cette substance. Attention en revanche aux boissons végétales, vendus sous l’appellation "lait". Elles n'ont en effet rien de comparable au lait animal. "La teneur en calcium est moindre, la teneur en protéines est moindre et la teneur en vitamine B12 est nulle", avertit Florence Foucaut. Si ces boissons ne donc sont pas idéales chez l'adulte sans une bonne compensation alimentaire, elles sont en revanche proscrites chez les enfants en bas âge, rappelle la nutritionniste. Leur faible apport nutritionnel ne correspond en effet pas du tout à leurs besoins.
Ces boissons sont de surcroît généralement sucrées, surtout lorsqu'elles sont vendues en briques. "Finalement, ça revient à consommer un soda ou un jus de fruit industriel", estime Laurent Chevallier, médecin consultant en nutrition et auteur de "L’indulgence dans l’assiette" (Editions Fayard, 2018), que nous avions interviewé il y a un an sur le sujet.