Des enfants en pleine forme et moins d'obésité : doit-on s'inspirer du Japon et de son déjeuner scolaire ?

Publié le 16 octobre 2019 à 11h55

Source : JT 20h Semaine

ALIMENTATION – Un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) révèle que le Japon est le pays où les enfants sont les mieux lotis sur le plan de la nutrition. Faut-il imiter sa recette ?

Selon un rapport de l’Unicef publié ce mardi, un tiers des enfants de moins de 5 ans dans le monde ne grandit pas bien à cause d’un retard de croissance, d’une émaciation (sous-poids extrême) ou d’un surpoids. Un constat alarmant, duquel sort du lot le Japon. Le pays du soleil-levant se classe en effet en première position des pays développés, avec de faibles taux de mortalité infantile et un très petit nombre d’enfants au poids insuffisant. Il parvient également à avoir le taux d'obésité chez l'enfant le plus bas parmi 41 pays développés de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avec un pourcentage de 14,42% d'enfants âgés de 5 à 19 ans en surpoids ou obèses, contre 30,09% en France. Alors, comment le Japon parvient-il à prendre soin de ses enfants ?

Élément principal de réponse : la bonne alimentation. Au Japon, les écoliers sont très rapidement sensibilisés à une alimentation saine et variée. Les déjeuners scolaires sont d’ailleurs imposés (les plats ou casse-croûtes apportés ne sont pas autorisés), et "le menu est décidé par des nutritionnistes", explique à l’AFP Mitsuhiko Hara, un pédiatre et professeur à l’université de Tokyo, chaque repas étant calibré pour comporter environ 600-700 kilocalories réparties de manière équilibrée entre glucides, viandes et légumes. "Le déjeuner scolaire est étudié pour apporter les éléments nutritionnels qui tendent à manquer dans les repas consommés à la maison. Il contribue à l’équilibre alimentaire nécessaire aux enfants", déclare de son côté Mayumi Ueda, une responsable du ministère de l’Éducation,  toujours dans des propos rapportés par l’AFP.

L'éducation est d'ailleurs au cœur des préoccupations japonaises. "La loi dispose que le déjeuner scolaire doit être une partie intégrante de l'éducation", explique Mayumi Ueda, "il ne s'agit pas seulement de se nourrir : les enfants apprennent aussi à servir les aliments et à débarrasser eux-mêmes la table". Et ils sont très vite sensibilisés à consommer de l'alimentation saine : "Il y a une annonce audio quotidienne à l'école pour expliquer les éléments nutritifs contenus dans le déjeuner du jour.  C'est une bonne façon d'éduquer les enfants", insiste Mitsuhiko Hara.

La France doit-elle copier le modèle japonais ?

Riz avec poisson grillé et un plat d’épinards et de germes de soja, servis avec une soupe de miso au porc, du lait et des pruneaux, voilà un exemple de déjeuner quotidien dans les cantines japonaises. Alors que selon un récent rapport de la Drees, 18,2% des adolescents français en classe de troisième sont en surpoids, plus d'un quart de ceux-ci (5,2%) étant obèses, doit-on adopter le même modèle dans l'Hexagone ? "Pas forcément", nous répond Laurent Chevallier, médecin nutritionniste. "Au Japon, il y a très certainement eu une prise de conscience de l’importance de l’alimentation, qui est notre carburant, et qui doit être de qualité. Il y a une certaine rigueur, dont l’usage de produits traditionnels. C’est quelque chose de positif, mais il ne faut pas forcément s’en inspirer", explique-t-il à LCI.

Pour le médecin nutritionniste, pas de doute, c’est bien l’alimentation industrielle qui est à la base des problèmes de poids des enfants. "Le Japon a tendance à avoir une alimentation qui est restée assez traditionnelle, mais partout où on a abandonné l’alimentation traditionnelle pour de l’alimentation industrielle, on a eu des problèmes de malnutrition ou de surpoids. C’est une alimentation qui est trop sucrée, trop grasse, mais à bas coûts, alors les industriels se sont engouffrés dans une alimentation très médiocre avec un sens du marketing extrêmement développé, et les pouvoirs publics ont laissé faire", regrette le co-auteur de Alors on mange quoi ?, publié en 2016 chez Fayard.

Des solutions pour mieux se nourrir

La solution donc, selon lui : "Les pouvoirs publics doivent davantage taxer les produits néfastes pour la santé, afin de subventionner une agriculture de qualité qui va permettre à des gens qui n’ont pas forcément beaucoup d’argent d’accéder à de bons produits à des sommes modiques. C’est une politique volontariste", continue le nutritionniste.

Au-delà de ce constat, des solutions pour mieux se nourrir et se libérer de l’alimentation industrielle existent. "Quand je vois des enfants en consultation, je leur dit deux choses : boire de l’eau, et ne pas passer plus de temps devant les écrans qu’à bouger et pratiquer une activité physique. Ce qu’il faut donner aux enfants au goûter, ce sont des fruits, des compotes ou des fruits secs, mais pas des biscuits. Et puis aujourd’hui, il est plus facile de mieux se nourrir. Même si vous n’avez pas beaucoup de temps, il existe des fruits et légumes déjà épluchés dans la grande distribution par exemple". Le modèle japonais n’est donc pas forcément le seul pour apprendre à bien se nourrir, mais revenir à une alimentation plus traditionnelle semble devenu essentiel pour la santé mondiale...


Idèr NABILI

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