Près de la moitié des blocs de foie gras sont gorgés d’eau, selon la répression des fraudes

Publié le 30 décembre 2019 à 12h32

Source : JT 20h WE

FRAUDE ALIMENTAIRE – Selon une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), près de la moitié des blocs de foie gras analysés contiennent plus d’eau que la limite autorisée.

Le foie gras consommé lors des repas de fête est-il vraiment respectueux de la réglementation ? Pour le savoir, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a réalisé une enquête sur la "qualité des produits de la filière des palmipèdes à foie gras". Et les résultats constatés pour les enquêteurs appellent à la méfiance : "Sur les 21 blocs de foie gras prélevés, 9 contenaient une quantité d’eau supérieure à la limite autorisée de 10%", indique la DGCCRF dans son rapport.

Cette méthode, utilisée pour améliorer la texture du foie gras, n’est pourtant pas précisée sur les étiquettes, où l’eau n’y figure pas. Autre utilité, elle permet de diminuer la dose réelle de foie gras pour chaque bloc fabriqué. "Cela fait diminuer la quantité de matière première à mettre" dans le bocal, explique Lionel Candelon, éleveur et président de l’association "Les canards en colère". "C’est tout bénéfique pour ceux qui fraudent", déplore-t-il au micro de TF1.

"31% des établissements contrôlés ont présenté au moins une anomalie"

Et ces excès d’eau ne sont pas la seule anomalie repérée par la DGCCRF. Dans son rapport, elle précise que "31% des établissements contrôlés ont présenté au moins une anomalie". Parmi elles, des dénominations interdites, comme le "pâté au foie gras, la mousse au foie gras ou le foie gras de de canard entier mi-cuit à la figue". Selon la réglementation, la dénomination "foie gras" ne peut être présente uniquement sur les produits dont la seule matière première est le foie gras.

Autre anomalie repérée par la répression des fraudes, la composition des plats cuisinés à base de confit. Selon elle, "des excès de sicots (racines des plumes) et des défauts de plumage ont été constatés sur les manchons présents dans les confits". La DGCCRF épingle également les indications géographiques protégées (IGP), qui assurent aux consommateurs que "la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques" du produit "sont liées à son origine géographique". Nouveau couac, puisque 5 des 6 produits sous signe de qualité IGP analysés "se sont révélés non conformes pour des problèmes de composition".

Des fraudes entraînées par les crises de 2016 et 2017

Ces nombreuses anomalies peuvent trouver leurs explications dans le passé récent. En 2016 puis en 2017, une contagion d’influenza aviaire, une infection virale qui peut tuer les oiseaux, s’est propagée dans la zone de production du sud-ouest de la France. Ces épisodes ont affecté "durablement la filière" et entraîné "une baisse de production des canards gras dans ces régions", note la DGCCRF. Face aux risques d’une hausse des tromperies liées à cette baisse de production, la répression des fraudes a donc ouvert une enquête, en 2018.

Les établissements ne respectant pas la réglementation ont par ailleurs été sanctionnés. 12 avertissements, 6 injonctions et 4 dossiers contentieux pénaux ont été rédigés par les enquêteurs de la DGCCRF.


Idèr NABILI

Tout
TF1 Info