Jambon, tarama, abricots secs… Connaissez-vous la vraie couleur des aliments ?

par La rédaction de TF1info | Reportage Lola Palmier, Eric Berra et Nathalie Benisti
Publié le 28 janvier 2022 à 9h28, mis à jour le 28 janvier 2022 à 10h04

Source : JT 13h Semaine

Les députés viennent de voter une proposition de loi sur le nitrite présent dans la charcuterie, jugé cancérigène.
Le jambon, en réalité presque gris, n'est pas le seul concerné par l'ajout de colorants.
La réglementation tente de plus en plus de réguler ces additifs, parfois dangereux.

Au supermarché, l'œil des consommateurs est attiré par les teintes vives et appétissantes. Mais connaissent-ils la véritable couleur de ces produits ? À l'exemple du tarama, qui n'est pas rose flashy : sans colorant, les œufs de cabillaud qui le composent sont plutôt beiges. Le surimi doit aussi être presque blanc sur le principe, et non pas orange. 

Les abricots secs, eux, auraient dû tirer vers le brun si un industriel n'était pas intervenu. Quant à la glace à la vanille, composée essentiellement de crème et de lait, elle ne devrait pas être jaune vif, mais bien plus claire. Et le jambon devrait être en réalité bien moins rose, mais plutôt gris. 

Pour beaucoup de consommateurs, la couleur fait en effet la différence. Entre une tranche de jambon très rose et une tranche plus pâle, le choix est vite fait pour de nombreux passants interrogés dans le reportage du 13H de TF1 en tête de cet article. "On voit que c'est bien meilleur, elle est vraiment coupée dans le porc", croit savoir un jeune garçon. "L'autre donne l'impression de traîner là depuis trois jours", ironise un homme. 

"L'industriel cherche à se rapprocher de ce que le consommateur attend"

Des réflexes sur lesquels les grandes enseignes et les fabricants savent miser. "Le cochon, c'est rose, un jambon doit donc être rose", explique Olivier Dauvers, journaliste et éditeur expert de la grande distribution. "L'industriel cherche à se rapprocher de ce que le consommateur attend, même si la réalité est différente."

Le plus souvent, ces colorants et conservateurs sont naturels : du paprika dans le surimi, du carmin dans le tarama, de la cochenille, un insecte, pour le rouge de la charcuterie ou des bonbons, et des caroténoïdes dans la glace à la vanille. Mais ils peuvent aussi être artificiels ou de synthèse, produits de façon industrielle, ce qui peut être dangereux pour la santé. D'autant qu'ils ne sont pas toujours faciles à repérer, l'identification du colorant n’étant pas nominative mais codée, relève le Dauphiné Libéré. Dans l’Union européenne, ce code est composé de la lettre E suivie de 3 chiffres. 

"C'est comme tout, lorsqu'on consomme un aliment ou un colorant en grande quantité, les risques sont plus nombreux", explique la diététicienne Alexandra Retion. Selon la Commission européenne, la dose journalière maximale pour éviter tout danger est fixé à 60 milligramme d'additifs par kilogramme de poids corporel, précise le quotidien. Mais selon une étude de la revue scientifique Scientific Reports, citée par l'UFC-Que Choisir, les Français consomment en moyenne 155,5 milligrammes d'additifs par jour et par kilogramme de poids corporel, dont des colorants. Soit 4 kilogrammes par an, rapporté au poids moyen de la population. 

Pour contrer la tendance, la réglementation a déjà commencé à faire la guerre à certains de ces additifs. Une proposition de loi vient d'être adoptée à l'unanimité mercredi à l'Assemblée, prévoyant l'interdiction de la production et de la commercialisation de charcuterie contenant du nitrite. Le texte fait suite à un rapport parlementaire présenté il y a un an, qui recommandait de mettre fin d'ici à 2025 à ces additifs controversés, qui confèrent au jambon sa couleur rose et qui permettent d'allonger sa durée de conservation. Il suit ainsi la voie du dioxyde de titane, qui a déjà été interdit. 

Ce colorant E171 a en effet été banni des assiettes en France en janvier 2020 et de l'Union Européenne dès ce début d'année à cause de risques sur l'ADN. Il était utilisé pour blanchir et faire briller confiseries, pâtisseries, soupes et plats cuisinés.


La rédaction de TF1info | Reportage Lola Palmier, Eric Berra et Nathalie Benisti

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