Le 20h

"On ne peut pas empiler les cultures" : la France peut-elle vraiment produire plus de blé ?

par La rédaction de TF1info | Reportage D. de Araujo - C. Casanova - A. Ponsar
Publié le 24 mars 2022 à 12h45
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

L'Ukraine était le quatrième producteur mondial de blé, mais la guerre a interrompu tous les échanges commerciaux.
La France, comme d'autres pays, en perçoit déjà les effets et certains suggèrent qu'elle produise davantage sur son sol.
Mais est-ce seulement possible ?

Pour Patrick Langlois, qui cultive un peu plus de 100 hectares de céréales - du blé, du maïs et de l'orge -, c'est déjà l'heure des semis. Mais pour éviter une crise alimentaire, l'État veut l'inciter à produire davantage. Seul problème : où produire ? "C'est pas extensible, on ne peut pas empiler les cultures sur deux étages. Il faut s'agrandir, mais mon exploitation fait 100 hectares, pas 120", s'étonne le producteur céréalier, membre de la FNSEA du Loiret.

"Les jachères, ce n'est pas ça qui changera la donne"

Alors, la seule option pour lui est d'exploiter à nouveau les terres laissées au repos. Un texte européen prévoyait d'imposer 4% de jachère aux agriculteurs, mais avec la guerre en Ukraine, tout pourrait changer. "Ça, c'est de la jachère qui est là depuis 20 ans", présente l'agriculteur dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. Ces 2 hectares de sols inexploités, très secs, peuvent-ils devenir cultivable soudainement ? En théorie, 2 hectares de blé permettent de produire 60.000 baguettes de pains, mais en théorie seulement.

"Souvent, les terres qu'on a mis en jachère sont à très faible potentiel, donc ce n'est pas ça qui changera la donne aujourd'hui", poursuit Patrick Langlois. Et d'ajouter : "Ça va être assez compliqué, il faut rapporter de l'engrais, notamment. Et on ne peut pas dépasser la quantité d'engrais qu'on a commandé parce qu'il n'y a plus de stocks. Aujourd'hui on est en rupture".

Lire aussi

Quoi qu'il en soit, les hausses de production n'interviendront pas avant juillet 2023. Doit-on s'inquiéter d'une pénurie ? Arthur Portier, consultant chez Agritel, rappelle que la France est autosuffisante en blé. Dès lors, poursuit-il, "l'augmentation de la production ne va pas être spécifiquement pour nous. Ça pourra peut-être freiner l'euphorie que l'on connait sur les prix, puisque c'est un jeu de l'offre et de la demande, mais ça sera surtout nécessaire pour répondre à une demande internationale extrêmement soutenue actuellement".

Plusieurs pays d'Afrique du Nord, dépendants jusqu'ici des céréales russes et ukrainiennes, comptent maintenant sur la France pour éviter une crise alimentaire.


La rédaction de TF1info | Reportage D. de Araujo - C. Casanova - A. Ponsar

Tout
TF1 Info