Giscard, Chirac et Sarkozy : Johnny Hallyday, l'idole de droite

par Antoine RONDEL
Publié le 8 décembre 2017 à 13h01
Giscard, Chirac et Sarkozy : Johnny Hallyday, l'idole de droite

CHANTEUR DÉSABUSÉ - Le chanteur a longtemps affiché ses amitiés politiques, plutôt ancrées à droite de l'échiquier politique... avant de regretter ses engagements, à la fin de sa vie.

Si les politiques sont nombreux à n'avoir jamais caché leur amour de l'idole des jeunes et qu'ils le pleurent unanimement, celui-là avait cessé de les aimer depuis quelques temps. En 2014, c'est un Johnny Hallyday amer et désabusé par la politique qui avait confié que Nicolas Sarkozy, qui faisait alors son retour en politique, l'avait "déçu", en cela qu'il ne proposait "rien de nouveau". Et de conclure, fataliste : "C'est quelqu'un que j'aime beaucoup personnellement, mais je ne crois pas en la politique d'aujourd'hui".

"Giscard à la barre", "On a tous quelque chose en nous de Jacques Chirac"

Assumant "sa sensibilité de droite", Johnny était plus proche des politiques qu'il ne défendait leurs idées en profondeur. Ce qui ne l'empêcha pas d'avoir une idée générale sur la question : volontiers moqueur à l'égard des chanteurs anti-militaristes dans "Cheveux longs et aux idées courtes" dans les années 1960, puis critique des "35 heures", des "Français tout le temps en grève" et du système fiscal hexagonal, il ne cachait ni sa sensibilité de droite, ni la dent qu'il avait contre la gauche. En 2013, dans sa biographie intitulée "Dans mes yeux", cet inconditionnel du rêve américain où chacun peut réussir à condition qu'il s'en donne les moyens, lui reprochait  de "pousser vers la médiocrité", rappelait qu'il n'aimait pas les "sociétés d'assistés" et son incompréhension face au déferlement de critiques qui avaient suivi, en 2006, son départ pour la Suisse pour raisons fiscales.

Des idées générales qui ont amené l'artiste franco-belge à s'afficher régulièrement aux côtés des leaders de la droite. Dès 1974, on le voit ainsi participer à la campagne victorieuse de Valéry Giscard d'Estaing, brandissant un t-shirt frappé du slogan "Giscard à la barre" aux côtés de Mireille Mathieu, Jean-Jacques Debout et d'autes figures de la variété française de l'époque. Slate relève, en 2012, qu'il aurait même envoyé une corbeille de muguet à Anne-Aymone Giscard d'Estaing, future Première dame, le 1er mai. Nouveau soutien 7 ans plus tard, sans succès, cette fois.

Pas fan de François Mitterrand, il se projettera ensuite vers Jacques Chirac, le premier homme politique de sa vie, avec sa célèbre adaptation de "Tennessee", en mars 1988 lors d'un meeting à Vincennes. Pour l'occasion, le tube se transforme en : "On a tous quelque chose en nous de Jacques Chirac". 

Sarkozyste jusqu'en 2007, plus en 2012

L'amitié entre le rockeur et le camp Chirac ne se démentira pas, jusqu'en 2005 et la campagne en faveur du "oui" au référendum sur le traité constitutionnel européen. En difficulté, Jacques Chirac demande l'intervention de l'idole pour faire basculer les indécis. L'argumentaire du chanteur se limite à une mise en garde contre l'isolement qui guetterait la France en cas de non : "Il y aura plein de gens qui quitteront la France. Ce serait faire marche arrière, ce ne serait pas bien." En vain. Le "Non" l'emportera largement.

Fidèle en amitié plus qu'attaché à de profondes convictions, Johnny Hallyday, qui a adhéré à l'UMP, s'affichera aux côtés de Nicolas Sarkozy, celui-là même qui l'a marié à son épouse Laeticia, à Neuilly. Il le soutiendra lors de la campagne présidentielle de 2007, lors d'un meeting à Marseille où "L'Envie" est diffusée à pleins tubes, avant d'être à ses côtés, le soir de sa victoire, à la Concorde, puis lors de l'épisode du Fouquet's. Reconnaissant, ce dernier fera voter quelques mois plus tard le fameux bouclier fiscal en s'appuyant notamment sur le départ de Johnny en Suisse pour alléger l'ardoise des contribuables les plus aisés.

AFP

A mesure que les années passent, Jean-Philippe Smet finira par s'éloigner de la droite. Celui qui avait déjà été chanter à la Fête de l'Huma sous le regard de Georges Marchais, dans les années 1980, puis soutenu le radical de gauche Bernard Tapie aux régionales de 1992, souhaitera même "bonne chance" à François Hollande, au lendemain de son élection. Le même Hollande qui le fera chanter le jour de l'hommage à Charlie Hebdo, en janvier 2016. Plus tard, l'homme aux 100 millions d'albums vendus finira par formuler un mea culpa sur ses engagements, lors d'un entretien à Paris Match, en 2015 : "J'ai dit trop de conneries qui se sont retournées contre moi. Je regrette la plupart des choses que j'ai pu dire, souvent par maladresse. Cela m'a renvoyé à ce que je suis : un musicien qui n'est pas armé pour parler de politique. On ne demande pas aux hommes politiques de venir chanter sur scène. Si chacun est à sa place, c'est bien mieux comme ça."


Antoine RONDEL

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