Victorien Erussard est un ancien coureur au large et officier de la marine marchande.Avec son équipe, il a conçu le premier navire propulsé à l’hydrogène, non émetteur de CO2.Il veut décarboner un tiers de la flotte mondiale avec un nouveau bateau, l’Energy Observer 2.
Il y a 5 ans, Victorien Erussard entamait avec son équipe un tour du monde avec un "bateau laboratoire" inédit, l’Energy Observer, premier navire propulsé à l’hydrogène. Aujourd’hui, le marin-entrepreneur veut décarboner un tiers de la flotte mondiale avec un nouveau bateau, l’Energy Observer 2, présenté à Brest il y a quelques semaines. Explications
Sylvia Amicone : Vous avez démarré cette aventure il y a 5 ans, l’objectif d’Energy Observer était d’être propre et de produire sa propre énergie en parcourant le monde, notamment de l’hydrogène à partir de l’eau de mer. Aujourd’hui, le tour du monde n’est pas encore fini, mais vous avez énormément appris. Quel est le bilan ?
Victorien Erussard : Le bilan, c'est que ça marche. Ce qui m'intéressait, c'était de proposer ce cercle vertueux d'énergies, duplicable à l'échelle d'un territoire. C'est un bateau qui représente un mix d'énergies renouvelables, qui représente l'autoconsommation avec le stockage des batteries et la valorisation du surplus d'énergie avec l'hydrogène produit à partir de l'électrolyse de l'eau de mer. On a montré que ça fonctionnait. C'est un bateau qui a été très utile pédagogiquement, pour le public et les scolaires, pour les industriels, mais aussi pour les politiques, pour les médias. Ce fut 5 ans à tester de nouvelles briques technologiques, à partager nos retours d’expérience avec les industriels. Au début, cela paraissait être une utopie et finalement, on voit que qu'on était sur la bonne voie. Depuis ces années de tour du monde, différents plans hydrogène ont vu le jour un peu partout. Il y a une révolution en marche et on est content d’y participer.
Il y a quelques semaines à Brest, vous avez présenté Energy Observer 2, c’est un nouveau bateau qui devrait être mis à l’eau en 2025, il s’agit du premier navire marchand zéro émission. C’est la continuité en quelque sorte ?
Je trouvais qu'on n'était pas assez impactant. Et à travers ce nouveau projet, qui ne sera pas une expédition, on essaie de mettre au point un gros navire marchand. Pour l'instant, celui-ci pourrait transporter à peu près 5 000 tonnes de marchandises, soit 500 containers. L'idée, c'est de réduire au maximum les réservoirs, donc le carburant dont on a besoin pour alimenter le navire. Pour cela, l’hydrogène liquide nous semble être la bonne solution, même s’il y a des contraintes. On a la chance de commencer à réunir des partenaires clés et je pense qu'en réunissant les meilleurs industriels français, on peut créer un navire en rupture technologique. Le modèle, c'est de produire de l’hydrogène de façon massive à terre et de réduire les coûts pour avoir un carburant zéro émission, un carburant à très faible teneur en carbone. Pour moi, c'est une technologie qui est évidente et on a la responsabilité d'essayer de transformer ce secteur maritime.
En tout cas, si ça marche, on peut décarboner un tiers de la flotte mondiale ?
Exactement ! Ces navires sont des navires transcontinentaux, ils représentent 37% de la flotte mondiale. Ils ont une durée de vie de 30 ans, on arrive en fin de vie de ces navires et c'est pour cela qu'on essaie d'être rapide parce que potentiellement, si cette démonstration marche, on peut convertir ces navires.
Une idée que vous aimeriez souffler aux candidats en pleine campagne présidentielle ?
Je suis vraiment complètement dédié à l'énergie ! Poursuivre cette transformation énergétique, c'est permettre aux grandes multinationales, mais aussi aux petites start-up, aux PME qui innovent chaque jour de trouver de nouvelles solutions pour décarboner nos industries, nos mobilités. Il faut accompagner tout le monde et croire à cette véritable décarbonation dans les années à venir et non pas dans 50 ans.
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