VIDÉO - Haut-Rhin : des agriculteurs rachètent un supermarché pour vendre leurs produits directement au consommateur

Léa Tintillier | Reportage T. Leproux, D. Bordier
Publié le 18 décembre 2021 à 8h10

Source : TF1 Info

IMPACT POSITIF - Des agriculteurs se sont réunis pour racheter un supermarché afin d’y écouler leur production en vente directe. Situé à Colmar (Haut-Rhin), le projet "Cœur paysan" est un succès depuis 2016.

Les produits d’un supermarché, mais en vente directe. Des agriculteurs du Haut-Rhin ont racheté un magasin à Colmar pour y vendre leur production. Légumes, produits laitiers, cosmétiques… tout est produit à moins de 50 kilomètres. "Le persil vient de mon exploitation, donc à 20 kilomètres. La ferme Rolly produit les pommes bio à quinze kilomètres", montre Denis Digel, le président de "Cœur paysan", dans le reportage du 20H de TF1 en tête de cet article. 

Dans ce magasin, les 2000 références sont issues de 60 fermes locales. De quoi remplir son panier de courses et surtout, sans se ruiner. Mis à part les pâtes ou certains yaourts, 10% plus chers que dans la grande distribution, les prix sont équivalents en raison des faibles coûts de transports. "C’est un peu comme un petit marché. C’est un magasin marché et je trouve ça super sympa", témoigne une cliente. "Au supermarché, on ne sait pas d’où ça vient et puis autant faire travailler les gens du secteur", affirme une autre. 

"Une symbolique très forte"

C’est justement ce que souhaitait Denis. Il y a cinq ans, ce maraîcher de la région apprend que l’ancien supermarché Lidl est en vente. Il convainc alors 30 agriculteurs du coin de le racheter avec lui. "Des paysans qui s’engagent et qui rachètent un supermarché, il y a une symbolique évidemment très forte. Dans le magasin, il n’y a pas 36 fournisseurs de pâtes, il n’y en a qu’un. Il n’y a pas 36 fournisseurs de fruits et de légumes, il n’y en a qu’un ou deux. Chacun est spécialisé et donc le consommateur sait à qui il achète et c’est ce qui rassure", explique Denis. 

Ce système permet à l’agriculteur de mieux se rémunérer. C’est le cas d’Ange et Coraline qui sont éleveurs de vaches laitières à 20 kilomètres de Colmar. Grâce au supermarché d’agriculteurs, ils ont pu arrêter de produire du lait pour la grande distribution, très peu rentable, en se consacrant plutôt au développement de nouveaux produits comme du fromage, des yaourts ou encore des cosmétiques. Ils proposent en tout 70 références dont ils fixent eux-mêmes les prix. "Pour notre camembert, on arrive à un prix de 18,46 euros le kilo, qu’on peut arrondir au prix de 18,50 euros", explique Ange. 

Ce prix lui permet de faire deux euros de bénéfice par kilo. Ce qui serait, selon lui, impossible s’il travaillait avec une grande surface. "Si on travaillait avec une grande distribution, par exemple, du jour au lendemain, un concurrent pourrait venir dire ‘moi j’arrive à le faire à 17’ et le magasin va dire ‘moi je le prends à 17 chez le collègue. Pourquoi je te l’achète à 18 ?’ La guerre des prix est clairement aujourd’hui mortelle pour les producteurs", affirme Ange. "Et c’est aussi très satisfaisant de pouvoir nous faire vivre correctement, nous et notre famille autour, parce que ça implique forcément des employés, du personnel", ajoute Coraline. 

En contrepartie de pouvoir vendre leurs produits dans le supermarché, les agriculteurs doivent approvisionner leur rayon et enfiler la casquette de vendeur deux fois par mois. "On peut aussi bien vendre de la viande, que notre fromage, que passer du temps à la caisse… Il faut qu’on soit multitâches pour pouvoir gérer tous les aspects du magasin", conclut Ange. Tous les ans, le chiffre d’affaires du magasin augmente de 5%. Le succès est tel qu’un autre supermarché a ouvert ses portes à Sochaux (Doubs). 


Léa Tintillier | Reportage T. Leproux, D. Bordier

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