Ukraine : "Nous sommes déjà dans un conflit qui se mondialise", estime l'eurodéputé Bernard Guetta sur LCI

La guerre en Ukraine va durer et les prochains mois seront "sans doute très durs", en raison de la détermination de la Russie à prendre le Donbass, a martelé le président français Emmanuel Macron, jeudi lors de son allocution du 14-Juillet. Une vision que partage l’eurodéputé (Renew) David Guetta, qui était l’invité de Marie Chantrait ce vendredi matin dans la Matinale de LCI. À l'entendre, le chef de l’État aurait même pu être "encore plus alarmiste".

"Nous sommes d’ores et déjà dans un conflit qui se mondialise. Je ne dirais pas que c’est la troisième guerre mondiale. (…) Mais regardons les conséquences de cette guerre, elle touche déjà le Proche-Orient, l’Afrique, par le biais d’une famine", souligne l’ancien correspondant du Monde à Moscou qui précise : "Les prix de l’énergie s’emballent sur tous les continents. En Chine, la guerre d’Ukraine repose la question de Taïwan. On est dans une situation où un vaste point d’interrogation est posé sur le monde."

D’autant que, d'après ce fin connaisseur de la Russie, le président Poutine ne reculera pas tant qu'il n'aura pas obtenu ce qu'il veut. "M. Poutine espérait, quand il a lancé son offensive, être à Kiev dans les trois jours. Il espérait y être accueilli comme un triomphateur. Très rapidement, il a dû faire confluer toutes ces forces sur une seule région d’Ukraine, le Donbass. Et naturellement, il voudrait obtenir maintenant sa première victoire. Pour le moment, il n’a obtenu aucune victoire majeure. Sa première victoire serait pour lui de conquérir le Donbass", explique ce spécialiste.

Officiellement, le dernier échange entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine remonte à plusieurs semaines, et la perspective d’une sortie de crise semble aujourd'hui plus qu'incertaine. "Pendant de longues semaines, Emmanuel Macron a fait tout ce qu’il pouvait et il faut l’en remercier. (…) Il a échoué. Tout simplement, parce que M. Poutine veut gagner militairement. Il veut écraser l’Ukraine. Est-ce qu’il y parviendra ? Ce n’est pas certain du tout", dit-il, saluant le front commun affiché par les démocraties.

Selon Emmanuel Macron, la Russie utilise le gaz comme une "arme de guerre" et l'Europe doit se "préparer" à une rupture complète des approvisionnements en gaz russe. "C'est une arme qui va se retourner contre lui, estime l’ancien correspondant du journal Le Monde à Moscou. M. Poutine va souffrir de plus en plus des sanctions économiques. S’il ferme le robinet, préventivement : 1, il se prive de devises importantes. 2, il perd définitivement, ou au moins pour 25 à 30 ans, des clients fondamentaux pour l’économie russe", avance-t-il.

Alors que se pose actuellement la question d'une possible crise alimentaire mondiale, des négociations se tiennent actuellement en Turquie à ce sujet. L’eurodéputé insiste sur la nécessité de trouver un accord, pour mettre en place un corridor et ainsi faciliter les exportations de céréales depuis l’Ukraine. "Il faut que cela arrive, autrement des pénuries alimentaires et des famines vont se développer en Afrique et au Proche-Orient", prévient l'eurodéputé avant de conclure : "Quand les gens meurent de faim, ce sont des troubles sociaux, des guerres civiles, des bains de sang et des vagues de réfugiés. C’est extrêmement dangereux."