Le jour où...

24 février 1848, le jour où le peuple français dit définitivement adieu à la monarchie

par Maxence GEVIN
Publié le 24 février 2023 à 9h00
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Après la révolution de 1789 et quelques dizaines d'années de parenthèse, la monarchie fait son retour en France en 1815.
Mais loin de trouver l'approbation du peuple, ce nouveau régime est rapidement bousculé.
Inexorablement, il finit par chuter face aux barricades parisiennes, en 1848.
Le point final d'un chapitre de plus de 1000 ans.

Si la Révolution de 1789 reste dans les mémoires, et symbolique à plus d'un titre, celle de 1848 marque un point de non-retour. En l'espace de quelques jours, ce sont plus de 1000 années de règne des rois qui sont balayées d'un revers de main. Pour en comprendre le contexte et les répercussions, il faut remonter le temps. 

Après l'éphémère Ière république, le Consulat puis l'Empire, Louis XVIII reprend les rênes du pouvoir en 1815. C'est la restauration. À cette époque, il met entre parenthèses tous les acquis révolutionnaires et rétablit l'absolutisme. Son successeur, Charles X, est bouté hors du Palais des Tuileries, après un court règne (1824-1830), lors des "Trois Glorieuses" (27, 28 et 29 juillet 1830).

Des compromis vite insuffisants

Le soulèvement du peuple parisien aboutit à l'instauration d'un régime politique hybride : une monarchie édulcorée. Le roi conserve la main sur le pouvoir exécutif mais partage désormais le pouvoir législatif avec la Chambre des pairs et la Chambre des députés. Les représentants de ces assemblées sont élus par un corps électoral élargi : baisses simultanées de l’âge électoral (qui passe de 30 à 25 ans) et du cens (une fortune minimale nécessaire pour pouvoir voter). Certaines libertés publiques et individuelles sont remises au goût du jour ou renforcées. Louis-Philippe devient alors "roi des Français", rompant, par ce titre, avec les 68 "rois de France" qui l'ont précédé.

Par le biais de plusieurs mesures symboliques, les dirigeants tentent d'harmoniser résidus de l'Ancien régime et héritage de la Révolution. C'est dans cet esprit qu'est créée la place de la Concorde - au centre de laquelle est érigé l'obélisque de Louxor en 1836 -, que les cendres de Napoléon Ier sont rappariées à Paris (1840) ou encore que la galerie des Batailles, au musée de Versailles, est inaugurée (1837) pour célébrer tous les grands faits d'armes français.

Mauvaise récolte et système électoral critiqué

Après quelques années d'une stabilité relative, les choses se gâtent dans la deuxième moitié de la décennie 1840. Une mauvaise récolte, en 1846, déclenche une crise alimentaire et une hausse des prix. De quoi susciter le mécontentement dans la population, notamment dans les couches les plus défavorisées. En parallèle, le roi, et son Premier ministre François Guizot, refusent d'engager une nouvelle réforme du système électoral, que les républicains appellent de leurs vœux cette même réforme. À l'époque, seuls 250.000 citoyens sont éligibles au droit de vote et la tentation du suffrage universel se fait de plus en plus prégnante.

Face à ce refus, les républicains organisent, à partir du 9 juillet 1847, des banquets qui réunissent des centaines de participants. Ces repas sont loin d'être anodins car ils enracinent, chez les participants, les idées progressistes et démocratiques.

Trois jours dans les rues de Paris : une révolution éclair

Tout bascule le 22 février 1848, date à laquelle doit se tenir un énième banquet de ce type. L'exécutif l'interdit, tout en demeurant inflexible sur la question électorale. La colère éclate et les barricades font leur retour dans les rues de Paris. Ces nouvelles manifestations sont portées par la classe ouvrière, en plein essor, la bourgeoisie et la jeunesse. 

En l'espace de quelques heures, le ton monte entre les protestataires et les forces de l'ordre. La garde nationale finit par tirer dans le tas, faisant plusieurs dizaines de morts. Les dépouilles des victimes sont exhibées dans la capitale lors d'une sinistre "promenade des cadavres". De quoi mettre définitivement le feu aux poudres. Dès lors, l'émeute se transforme en véritable révolution. Les insurgés prennent rapidement possession de l'Hôtel de ville et du Palais des Tuileries. La garde nationale, elle, est de plus en plus divisée et fraternise en partie avec les révolutionnaires. Face à la pression, le roi abdique le 24 février 1848. Dans la foulée, la IIe République est proclamée.

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Ce jour marque le point final du règne des rois sur la France, entamé en 481 avec le couronnement de Clovis. La monarchie ne fera plus jamais son retour dans l'Hexagone, même si le Second Empire (1852-1870) peut y être comparé, sous certains aspects. La IIe République, elle, ne fera pas long feu (1848-1851). Mais aura le mérite d'ancrer les principes de ce régime politique dans les mentalités, ce qui lui permettra de s'installer sur la durée après la chute de Napoléon III, avec la seule coupure du régime de Vichy (1940-1944). 


Maxence GEVIN

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