25% d'illettrisme chez les jeunes Français ? Une exagération de Valérie Pécresse

Publié le 3 janvier 2022 à 15h46
La candidate LR à la présidentielle a largement gonflé les chiffres.
La candidate LR à la présidentielle a largement gonflé les chiffres. - Source : FRANCOIS LO PRESTI / AFP

LECTURE - La candidate des Républicains à l'élection présidentielle a fait référence aux tests de lecture réalisés lors de la journée défense et citoyenneté pour évoquer les problèmes d'illettrisme. Les résultats inquiétants qu'elle met en avant sont toutefois très éloignés de la réalité.

Invitée de RTL ce lundi matin, Valérie Pécresse a évoqué les "deux points noirs de notre système éducatif" : le niveau des élèves qui diminue en mathématiques, d'un côté, mais aussi "l'illettrisme", auquel elle souhaite s'attaquer. La candidate LR à la présidentielle détaille un exemple pour illustrer son propos : "Aujourd'hui, aux journées citoyennes d'appel à la défense, vous avez 25% des jeunes Français qui n'arrivent pas à lire le texte qu'on leur donne à lire, à 18 ans", lance-t-elle. 

Si des tests de lecture sont bien organisés lors des journées défense et citoyenneté (JDC, ex-JAPD), les résultats observés sont bien moins alarmistes que ceux présentés par la présidente de la région Île-de-France. Moins de 5% des jeunes peuvent en effet être considérés en situation d'illettrisme dans l'Hexagone.

Plus de 400.000 jeunes testés

Passage obligé pour tous les jeunes Français, la journée défense et citoyenneté (JDC) est présentée comme "une journée d'information sur les institutions françaises, les droits et les devoirs du citoyen" et "fait suite au recensement citoyen". Quel que ce soit votre lieu de vie, "vous devez y participer avant d'avoir 18 ans (ou avant 25 ans dans certains cas)", précise le site Vie Publique. Un rendez-vous incontournable au cours duquel en 2020, "plus de 437.000 jeunes âgés de 16 à 25 ans, de nationalité française, ont participé au test de lecture". 

Le ministère de l'Éducation nationale communique chaque année sur les résultats de ces évaluations, comme ce fut encore le cas pour 2020. "Près d’un jeune Français sur dix", apprend-on, se trouve ainsi "en difficulté de lecture". Une observation partagée dès les premières lignes et qui tranche avec le constat dressé par Valérie Pécresse. Lorsque l'on poursuit la lecture du document de restitution, il apparaît que l'illettrisme concerne une proportion de participants bien moindre que les 25% évoqués par la candidate LR. Seuls "4,6 % des jeunes peuvent être considérés en situation d’illettrisme", résument les services du ministère.

En 2020, 78,6% des jeunes ayant pris part à ces tests étaient considérés comme des "lecteurs efficaces". Pour autant, les 21,4% restants ne sauraient être désignés comme souffrant d'illettrisme. Tout au plus, peut-on dire qu'ils rencontrent des difficultés variables : 11,9% sont définis comme "lecteurs médiocres", quand 4,9% affichent de "très faibles capacités de lecture". Reste ainsi les 4,6% de jeunes évoqués plus haut, présentant les plus importantes lacunes. 

On constate, grâce aux résultats détaillés, que les garçons affichent de moins bons résultats que les filles, mais également que des variations s'observent en fonction des territoires. C'est en Outre-mer que les chiffres sont les plus inquiétants, avec entre 25 et 30% des jeunes en difficulté de lecture en Martinique, Guadeloupe, ainsi qu'à la Réunion. La Guyane (46,6%) et Mayotte (71,1%), en parallèle, ferment la marche. En métropole, des disparités apparaissent tout autant, comme en témoigne la carte qui suit, accessible via ce lien si elle ne s'affiche pas correctement.

Si la maîtrise de la lecture est loin de constituer une compétence acquise par l'intégralité des jeunes, les tests passés lors des journées défense et citoyenneté sont loin de se révéler aussi critiques que ne le soutient Valérie Pécresse. Contrairement à ce que la candidate LR a indiqué dans une interview, 9,5 % des jeunes rencontrent des difficultés dans le domaine de la lecture, quand "seulement" 4,6 % peuvent être considérés en situation d’illettrisme. Loin des 25% qu'estime l'ancienne ministre.

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Thomas DESZPOT

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