Accusé de harcèlement sexuel, Denis Baupin passe en mode dénégations

Publié le 1 juin 2016 à 9h44
Accusé de harcèlement sexuel, Denis Baupin passe en mode dénégations

POLITIQUE - Il joue la théorie du complot. Denis Baupin, accusé par treize femmes de harcèlement sexuel s'est exprimé pour la première fois dans une interview accordée à "L'Obs", ce mercredi. Le député écolo donne sa version des faits.

Elles sont treize femmes à avoir dénoncé les attitudes de Denis Baupin auprès de Mediapart et France Inter début mai. Députée, élues locales, collaboratrices… Toutes ont révélé les agissements déplacés, les SMS salaces, les tentatives de rapprochement ou d’agressions du député écologiste.

Après plusieurs semaines de scandale, plusieurs jours après de nouvelles accusations et alors qu’il n’a pas encore été entendu par la police, Denis Baupin s’est exprimé dans un entretien accordé à L’Obs , paru ce mercredi. Dans le cabinet de son avocat Me Pierrat, cravate nouée et petites notes devant les yeux, il conteste.

Baupin se dessine en homme abusé et manipulé

"Je le dis très clairement : j’affirme de toute ma vie n’avoir jamais commis de harcèlement sexuel ni d’agression sexuelle", a déclaré l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, qui reconnait la teneur d'échanges "érotiques", "de séduction". Et de clamer : "Obtenir quelque chose de la part de quelqu’un en fonction d’un rapport de force qui serait physique ou lié à un rapport hiérarchique, c’est contraire à ce que je suis."

A partir de là, l'ancien vice-président de l'Assemblée déroule. Concernant Isabelle Attard, députée du Calvados qui dit avoir été harcelée par SMS de 2012 à 2013, tout juste concède-t-il avoir "eu pendant quelques jours des échanges de textos" avec elle, des "clins d'œil", dont les contenus étaient aussi bien "politiques" que "privés". Evidemment, assure-t-il, l'élue "au vu de la tonalité des réponses [...], ne se sentait pas dans une situation de harcèlement". 

Ellen Debost, adjointe au maire du Mans, qui affirme avoir reçu de nombreux messages à caractère salace tel que : "Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissardes" ? Denis Baupin conteste l'existence de ce dernier SMS, mais reconnait des échanges "de nature érotique, entre adultes consentants." Il se rappelle même d'un message où celle-ci aurait écrit "qu'elle trouvait le jeu 'émoustillant'."

Une vague théorie du complot à l'appui

Bref, le compagnon d'Emmanuelle Cosse ne reconnait rien et insinue que ses accusatrices sont des affabulatrices. Quant aux rumeurs qui lui prêtent le surnom de "DSK des Verts", il le réfute et l'attribue à sa longévité dans le milieu politique, où, dit-il, "les rumeurs circulent à une vitesse incroyable", encore plus quand elles sont "salaces".

Impossible pour l’élu d’expliquer pourquoi une dizaine de femmes qui parfois ne se connaissent pas, l’accusent de la sorte. Sans doute un complot. "Je constate que cela arrive à une période politique où l’écologie est en sale état. Nous sommes à un moment où des clivages profonds, stratégiques et anciens resurgissent à l’occasion de la participation des écologistes¹."

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¹ Les écologistes sont en effet divisés entre leur aile gauche, incarnée entre autres par Isabelle Attard, démissionnaire en 2013, et leur aile droite, dont fait partie Denis Baupin, qui a lui quitté le mouvement en avril 2016.


La rédaction de TF1info

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