PARLEMENT - La députée Laetitia Avia, figure du combat LaREM contre les discriminations, est mise en cause par d'anciens collaborateurs dans Mediapart pour des faits de harcèlement, parfois à caractère raciste et homophobe. L'élue a déclaré vouloir porter plainte pour diffamation mais se présentera lundi 18 mai devant son parti pour s'expliquer.
Laetitia Avia, députée de La République en Marche (LaREM), va devoir s'expliquer devant son parti. Elle sera entendue lundi par les cadres du parti présidentiel, suite à une enquête de Mediapart révélant des échanges, où elle tient des propos à connotation sexiste, homophobe et raciste. Des insultes visant cinq de ses anciens collaborateurs parlementaires, qui ont dénoncé un harcèlement de la part de leur ancienne employeuse.
Selon une confidence d'un cadre du parti au Figaro, ce rendez-vous devrait être le moment pour elle d'avoir "au moins un mot vis-à-vis de ses collègues qu'elle a étrillés". Et notamment à Aurore Bergé, comparée au célèbre "Pingouin", antagoniste de Batman incarné par Danny De Vito en 1992.
Démenti et menace de dépôt de plainte
L'élue parisienne, avocate de profession, a annoncé vouloir porter plainte en diffamation contre le journal en ligne après la publication de l'enquête. La députée dénonce en effet des "accusations mensongères et incohérentes" et a partagé son intention de riposter, quelques heures après la publication de l'enquête la visant, qualifiant les propos en question de "bouts de messages privés, tronqués, détournés et décontextualisés".
Certains sont partis, aucun ne s’est jamais plaint de harcèlement. Presque tous m’ont sollicitée après leur départ, pour me demander des conseils, des recommandations, ou simplement me donner de leurs nouvelles – bien loin du tableau mensonger dépeint par l’article de Médiapart. — Laetitia Avia (@LaetitiaAvia) May 12, 2020
Dans l'article, ses ex-collaborateurs et collabatrices l'accusent d'humiliations et de harcèlement moral. "Ça sent le chinois", "tu es un faux Chinois, tu ne maîtrises pas Mac", peut-on lire, entre autres, sur les captures d'écran de conversation entre elle et un collaborateur d'origine asiatique publiée dans Mediapart. Selon le journal, elle aurait également eu recours à des pratiques contraires au droit du travail. Une ancienne assistante affirme avoir travaillé pour l'élue sans contrat et sans rémunération pendant un mois, en 2018, avant d'être officiellement embauchée. Une autre salariée se serait également vu refuser le paiement de ses congés payés à la fin de son contrat à durée déterminée. Indisposés à porter plainte dans un premier temps, les anciens collaborateurs envisagent désormais de porter plainte contre l'élue, a appris BFM TV vendredi 15 mai.
Sur Twitter, l'avocate s'est également justifié d'avoir utilisé le terme d'"amendement des PD" dans une conversation écrite avec son équipe. "C’est l'expression qu'utilisait mon ex-collab, lui-même homosexuel, pour désigner cet amendement que j'ai soutenu", écrit l'élue, qui clame son combat de toujours contre les discriminations. "Je n’ai jamais été raciste ou homophobe. Au contraire, mon parcours politique n’a pour raison d’être que la lutte contre le racisme et toutes les discriminations. Et je ne reculerai pas dans ce combat", assure-t-elle encore dans son thread de réponse.
Des accusations révélées au moment (in)opportun
Laetitia Avia sera reçue devant le bureau exécutif de LREM, qu'elle co-préside habituellement avec le délégué général du parti, Stanislas Guerini. Une position inconfortable, renforcée par la "coïncidence" qui selon elle n'en est pas une, entre la publication de l'article et le calendrier parlementaire. Mediapart ayant révélé ces accusations la veille du vote de l'Assemblée pour la proposition de la députée visant à "mettre fin à l'impunité" de la haine en ligne. Un texte adopté définitivement par les députés qui se sont prononcés par 355 voix pour, 150 contre et 47 abstentions.
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La loi prévoit qu'à partir de juillet, les plateformes et les moteurs de recherche aient obligation de retirer sous 24 heures les contenus "manifestement" illicites, sous peine d'être condamnés à des amendes allant jusqu'à 1,25 million d'euros. Sont visées les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou encore religieuses. Une loi controversée, mais considérée par beaucoup comme une avancée pour le combat contre les discriminations. Si la députée a été félicitée, c'est une victoire amère pour Laetitia Avia qui se retrouve accusée d'avoir d'autres convictions et un tout autre discours dans sa sphère privée.
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