Adrien Quatennens : "Il faut arrêter la grève, mais pour qu'elle s'arrête, il faut un retrait du projet de loi"

Publié le 9 janvier 2020 à 10h35

Source : TF1 Info

POLITIQUE - Adrien Quatennens, député du Nord et coordinateur de La France Insoumise, était l’invité ce jeudi matin de LCI. Le bras droit de Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé notamment sur la réforme des retraites, sur Carlos Ghosn et sur les pratiques de la police alors qu'une nouvelle interpellation à Paris fait polémique.

Alors qu'une nouvelle mobilisation est prévue dans toute la France pour protester contre la réforme des retraites, jeudi 9 janvier, un sondage indique que les personnes interrogées, tout en jugeant le mouvement justifié, souhaitent à 57% l'arrêt de la grève. Interrogé à ce sujet sur LCI, Adrien Quatennens est catégorique : "Je suis étonné que ce ne soit que 57%. Je crois que parmi les grévistes beaucoup souhaitent que la grève s’arrête. Personne ne se lève le matin soulevé d’enthousiasme en se disant : 'On va faire la grève'. Oui, il faut arrêter cette grève mais, pour qu’elle s’arrête, il faut un retrait du projet de loi sur la réforme des retraites". 

Pour le député LFI, "la responsabilité du blocage, la radicalisation, elle est le fait d’Emmanuel Macron. C’est lui qui s’enferme dans un aveuglement idéologique et qui essaie d’imposer une réforme des retraites qui ne correspond pas au modèle social français". Et d'insister: "Je crois que le retrait, c’est la seule issue raisonnable. Mais le gouvernement ne m’a pas l’air pour l’instant très raisonnable. Il n’est pas pour l’instant dans une logique qui consiste à retirer ce projet. Il y a un rapport de forces qu’Emmanuel Macron a souhaité. (…) Tout le monde va être perdant", a regretté Adrien Quatennens, qui défend par ailleurs une réforme du financement du système des retraites via la hausse des salaires et des cotisations sociales, qui permettrait "un départ à 60 ans avec de meilleures pensions".

L'évasion de Carlos Ghosn "pas à la portée de tous"

L'autre actualité du jour, c'était bien évidemment la conférence de presse de l’ancien PDG de Renault-Nissan, "un justiciable comme les autres" dont l'"évasion spectaculaire n’est pas à la portée de tout justiciable", a relevé le jeune élu. "Je serais intéressé d’en savoir un peu plus sur les conditions de cette évasion (…) S’il y a eu des transactions financières, est-on au courant ? Le fisc est-il au courant ?" s'est-il interrogé.

"Si vous êtes privé de liberté, vous êtes aussi censé penser à comment vous échapper à cette privation de liberté", a considéré le numéro 2 de LFI. L’application du respect des droits d l’homme vaut pour tout justiciable". Un argumentaire déjà développé ce mercredi par Jean-Luc Mélenchon, quiavait pris la défense de Carlos Ghosn en disant qu’il comprenait tout à fait le sentiment et le besoin d’évasion de Carlos Ghosn qui était victime de maltraitance au Japon. 

"Il ne s’agit pas de faire la défense de Carlos Ghosn, a précisé Adrien Quatennens. Nous n’avons pas de principe à géométrie variable. Il ne m’appartient pas de juger de la justice japonaise et de ses qualités. En en tout cas, ce qu’il nous a été remonté par voie de presse montre qu’effectivement il a eu un traitement assez dur." Pas de quoi le faire "rentrer dans la logique de rentrer dans la défense de Carlos Ghosn", assure-t-il aussitôt, qui souligne les "exactions financières" de l'ancien patron de Renault : "Des rémunérations incroyables, 15 millions par an, 21 000 personnes licenciées quand il est arrivé à Nissan et puis des affaires aussi en France sur lesquelles la justice pourrait être amenée à s’intéresser prochainement."

Lancé par Elizabeth Martichoux sur une comparaison avec Jean-Luc Mélenchon, qui avait également donné une conférence de presse pour dénoncer l'iniquité des accusations portées contre lui, le député du Nord a préféré ironiser : "C’est une défense comme une autre. Mais si vous voulez absolument faire la comparaison, faisons la sur le traitement médiatique. Quand Jean-Luc Mélenchon parle d’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, pour les médias, c’est folklorique. Par contre, quand Carlos Ghosn parle lui d’une instrumentalisation de la justice à des fins économiques, là, finalement, les arguments valent le coup d’être entendu".

"Certains pratiques de la police laissent à désirer"

Enfin, questionné sur  l’interpellation par la police de Cédric Chouviat, livreur en scooter, décédé peu après, Adrien Quatennens a estimé que "nous aurons toujours besoin de mesures de coercition et parfois de l’usage de la force pour faire respecter la loi". "En attendant je crois que dans police républicaine, il y a républicaine. Sur ce point de vue nous avons un véritable problème avec la doctrine qui est employée dans la police. On l’a vu avec la répression des Gilets jaunes, avec les éborgnés, avec l’usage des LBD… Ça ne nie pas du tout que les conditions de travail des gardiens de la paix soient difficiles mais je crois que nous avons un vrai souci".

Le député LFI a rappelé que Cédric Chouviat, 42 ans, laissait derrière lui "cinq orphelins" après que les policiers ont fait usage de la technique du placage ventral. "Nous avons déposé il y a quelques mois une proposition de pour que certaines pratiques, dont le placage ventral, soient interdites", a rappelé Adrien Quatennens. "L’emploi de certaines pratiques parfois par la police, notamment en Ile-de-France avec le préfet Lallement, laissent à désirer", a conclu le député.


La rédaction de TF1info

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