ENQUÊTE - Après quelques rebondissements, Alexandre Benalla va finalement se présenter mercredi matin devant la mission d'information du Sénat consacrée à l'affaire qui a éclaté en juillet. Une audition polémique qui pose plusieurs questions, l'ancien chargé de mission étant parallèlement mis en examen et refusant d'aborder certains sujets devant les sénateurs.
Ce n'est pas la première fois qu'Alexandre Benalla s'exprime publiquement au sujet de l'affaire qui le concerne. L'ancien chargé de mission de l'Elysée en a eu plusieurs fois l'occasion, dans une interview au Monde, sur le plateau de TF1 puis, dans divers médias, par l'intermédiaire de son avocat ou de son "entourage".
Mercredi, l'ancien responsable de la sécurité du candidat Macron comparaît cependant pour la première fois devant une commission parlementaire. La mission d'information du Sénat consacrée à l'affaire, présidée par Philippe Bas (LR), le convoque à partir de 8h30, avant d'auditionner Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie, qui a pour point commun avec Benalla d'avoir été mis en examen pour des violences présumées lors d'une manifestation sur la place de la Contrescarpe, le 1er mai dernier.
Pourquoi des sénateurs LaREM boycottent-ils l'audition ?
Deux sénateurs de La République en marche (LaREM), membres de la mission d'information, ont annoncé qu'ils ne participeraient pas à l'audition : Alain de Belenet (Seine-et-Marne) et Alain Richard (Val d'Oise). Un troisième sénateur LaREM, Thani Mohamed Soilihi (Mayotte) sera également absent, mais il a précisé à Public Sénat qu'il ne pouvait pas y assister en raison "d'autres engagements".
L'ancien socialiste Alain Richard a explicité les raisons de son boycott. "Alexandre Benalla n'est pas un témoin utile", a-t-il affirmé lundi sur France Info, son audition "va donner lieu à de la polémique et de l'agitation". L'audition de cette personne "mise en cause devant la justice pour un acte personnel" risque de mettre en péril "'l'impartialité" de la commission, argumente-t-il.
L'audition remet-elle en cause l'indépendance de la justice ?
Tout en reconnaissant que la commission "ne peut pas perturber les institutions", Alain Richard a jugé qu'il serait difficile d'entendre pendant deux heures Alexandre Benalla sans aborder des sujets qui relèvent de l'enquête judiciaire dans laquelle il a été mis en examen. Or la loi interdit à une commission d'enquête de porter sur "des faits ayant donné lieu à des poursuites judiciaires et aussi longtemps que ces poursuites sont en cours". L'argument d'une immixtion du Parlement dans une affaire judiciaire a déjà été soulevé par la garde des Sceaux Nicole Belloubet, et a suscité un échange entre Emmanuel Macron et le président du Sénat Gérard Larcher.
Le président de la mission d'information, Philippe Bas, a assuré à plusieurs reprises que l'audition n'aborderait pas le volet judiciaire de l'enquête - les faits du 1er mai impliquant Alexandre Benalla et Vincent Crase -, mais qu'elle se concentrerait sur la fonction occupée à l'Elysée par Alexandre Benalla, et sa relation avec les services de police et de gendarmerie en charge de la sécurité présidentielle. Le patron du Modem, François Bayrou, éphémère ministre de la Justice d'Emmanuel Macron, a estimé lundi sur TF1 qu'il n'y avait "rien à craindre de l'audition" et qu'il était "normal que le Parlement joue son rôle".
Quel sera l'attitude d'Alexandre Benalla ?
Le comportement de l'ancien chargé de mission est difficile à prévoir. En juillet, Alexandre Benalla avait manifesté son souhait d'être entendu par une commission parlementaire. Mais depuis la rentrée, sa défense est particulièrement réticente à cette hypothèse. Après avoir affirmé qu'il ne répondrait pas à la convocation, l'intéressé s'y est manifestement résigné, la loi obligeant les personnes convoquées par une commission d'enquête à se présenter, au risque d'écoper d'une peine de prison et d'une amende.
Depuis, la tension est montée fortement entre Benalla et les sénateurs. "Des petites personnes", qui n'ont "aucun droit et aucun respect pour la démocratie française", s'est même permis le jeune homme mis en examen, s'exposant à de vives réactions au Parlement. Côté ambiance, l'audition s'annonce donc particulièrement tendue.
Que peut-on attendre de l'audition ?
Sur le fond, Alexandre Benalla pourrait se montrer particulièrement peu loquace. Son entourage indiquait à LCI, la semaine dernière, que l'intéressé n'avait "pas grand chose à dire" aux sénateurs et qu'il ne comptait pas "préparer" son audition. Son avocat, maître Laurent-Franck Lienard, a d'ores et déjà exclu que son client s'exprime sur des sujets relevant du "secret professionnel", voire du "secret défense" lié à l'ancienne fonction auprès du cabinet de l'Elysée. A noter que, pour l'heure, l'Elysée n'a pas fourni à la commission l'intitulé de poste et la fiche de paye de l'ex-chargé de mission, des documents réclamés par les sénateurs.
Des sénateurs qui, dans la lignée des auditions précédentes, chercheront malgré tout à comprendre les contours de la mission dévolue à Alexandre Benalla depuis l'élection d'Emmanuel Macron, et surtout après la sanction disciplinaire dont il a écopé après les faits du 1er mai. Ils tenteront ainsi de comprendre si l'ex-chargé de mission a été cantonné, après la sanction, à un rôle strictement protocolaire au sein du palais de l'Elysée - comme l'affirme l'exécutif -, où s'il a gardé toute la confiance de l'Elysée en s'occupant de la sécurité présidentielle lors des déplacements du chef de l'Etat.
L'audience sera-t-elle publique ?
A priori, oui. C'est en tout cas ce qu'indiquait encore le Sénat mardi. La défense d'Alexandre Benalla avait prévenu la semaine dernière qu'elle envisageait des recours possibles contre l'audition, et à défaut, de demander le huis-clos pour son client.
La solution du huis-clos ne serait "pas raisonnable et pas acceptable", a estimé le sénateur LR Philippe Dominati, interrogé à ce sujet par Public Sénat. L'audition n'apportera donc peut-être pas toutes les réponses attendues, loin de là, mais tout le monde pourra la suivre en direct...
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