Le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad, est confronté à des accusations de viols, qu'il réfute.Son maintien au gouvernement est "un message délétère", a regretté Sandrine Rousseau, invitée de LCI.La candidate de la Nupes aux législatives a aussi évoqué le "principe de précaution" en politique.
"Ce n'est pas parce qu'il se dit 'innocent', qu'il l'est." Tout juste nommé au sein de l'exécutif, le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad, fait face à des accusations de viols présumés en 2010 et 2011, révélées samedi 21 mai par Mediapart, qu'il a contestées "avec la plus grande force". "Un homme innocent doit-il démissionner ? Je ne le crois pas", a-t-il rétorqué, lundi 23 mai, quelques heures après le premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne. "La justice, par deux fois sur le cas Abad, s'est exprimée et a classé sans suite", a indiqué, mardi 24 mai, sur France 2, la porte-parole, Olivia Grégoire, rappelant la position générale du gouvernement dans cette affaire, où la justice est "seule à pouvoir trancher".
"Pour le coup, ce n'est pas une accusatrice, ce sont deux accusatrices. Il y avait une rumeur qui le précédait chez les Républicains, il y a plusieurs cadres qui disaient qu'il fallait faire attention à son comportement", a réagi Sandrine Rousseau, candidate de la Nupes aux législatives dans la 9e circonscription de Paris, invitée d'Elizabeth Martichoux sur LCI. "Quand on parle des violences sexuelles, les femmes ont très très peur de déposer plainte. Elles disent : 'c'est parole contre parole'. Quand elles disent ça, ça veut dire : 'ma parole comptera moins que sa parole à lui'. C'est exactement le message qu'envoie le gouvernement, qui dit : 's'il se dit innocent, on va le croire'. Or, ce n'est pas parce qu'il se dit 'innocent', qu'il l'est. (...) Là, le message envoyé aux femmes me semble être compliqué et délétère", a déploré l'ancienne finaliste à la primaire écologiste à la présidentielle.
Abad écarté "par principe de précaution" ?
"Ce qui est très étrange, c'est que le gouvernement impose aux entreprises, aux administrations et aux associations d'avoir des procédures pour prendre des sanctions, indépendamment de la justice et ne s'applique pas à lui-même ce qu'il impose aux autres", a dénoncé Sandrine Rousseau, appelant à "un principe de précaution" en politique. Dans le cas précis de Damien Abad, le transfuge de LR devrait être écarté du gouvernement le temps de l'enquête, selon elle. "La question n'est pas d'aller contre la présomption d'innocence,", a-t-elle défendu. "Aujourd'hui, il y a un message politique à envoyer. Ce message, ça aurait pu être : pendant six mois, on le met de côté et on fait cette enquête. Si au bout de six mois il n'y a rien, on s'engage à le réintégrer."
"Ça, ça aurait été un message fort. Ça respectait à la fois la présomption d'innocence et la parole des femmes", a assuré l'économiste, regrettant que "depuis l'affaire Nicolas Hulot, le gouvernement n'a pas progressé sur la manière de gérer les violences sexistes et sexuelles". "En l'occurrence, on sait qu'en France juste 1% des viols sont condamnés. Neuf femmes sur dix ne déposent jamais plainte (...) et dans les plaintes déposées, 70% sont classés sans suite. Si on attend de la justice la vérité, dans 90% on ne l'aura pas", a estimé Sandrine Rousseau. "Là, (attendre la justice) ce n'est pas la bonne démarche. On est après #MeToo, on sort d'une ère de l'impunité. Aujourd'hui, il y a un message fort à envoyer, un message politique."