ENQUÊTE - Le retrait du candidat LaREM à la Mairie de Paris après la diffusion d’une vidéo à caractère sexuel recèle encore de nombreuses zones d'ombre. L'activiste Piotr Pavlenski qui assume la diffusion des vidéos a-t-il agi seul ? Depuis quand cet acte, manifestement prémédité, était-il planifié ? Et dans quel but ?
L'affaire Griveaux est-elle le résultat de l'action du seul activiste Piotr Pavlenski ? Un coup monté et méthodiquement planifié par plusieurs opposants politiques ? Ou, carrément, un complot visant à déstabiliser le sommet de l'Etat ? Quelques jours après la démission choc de l'ex-ministre et désormais ex-candidat à la mairie de Paris, les enquêteurs de la police judiciaire ont la charge de démêler les responsabilités dans l'enquête ouverte pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "diffusion sans l'accord de la personne d'images à caractère sexuel". Au cœur des investigations, deux personnes ont été placées en garde à vue : Piotr Pavlenski et sa compagne Alexandre De Taddeo. Juan Branco - qui devait défendre Piotr Pavlenski - a, lui, été écarté en raison d'une possible proximité entre les deux hommes.
Pavlenski "n'a pu agir seul"
Invité de LCI samedi soir, l'avocat Richard Malka a estimé que son client, Benjamin Griveaux "était une cible", en raison de sa candidature à la mairie de Paris. Il dit également douter que Piotr Pavlenski, réfugié politique en France, soit le seul responsable de la diffusion des vidéos. En d'autres termes, il suggère que d'autres personnes ont sciemment ourdi cette attaque à l'égard de l'ancien candidat aux Municipales parisiennes : "Clairement, je ne crois pas du tout qu'il ait agi tout seul", a-t-il ajouté, sans s'avancer davantage et en renvoyant à l'enquête ouverte samedi par le parquet.
Quel fut le rôle de la compagne de Pavleski ?
S'i n'a pas agi seul, qui d'autre aurait pu avoir un rôle ? Selon nos informations, la compagne de Piotr Pavlenski, Alexandra De Taddeo - elle aussi placée en garde à vue - pourrait avoir été la première destinataire des vidéos intimes à caractère sexuel. Mais est-ce elle qui, ensuite, a conservé ces images ? Son téléphone a-t-il été piraté ? Ou aurait-elle carrément pu servir d’appât en vue d'un "kompromat", terme russe décrivant des documents compromettants concernant un politicien ou une autre figure publique. Une technique d'espionnage régulièrement pratiquée par les services secrets et ce depuis l'époque de l'URSS ?
Une messagerie instantanée... mais des vidéos enregistrées
Selon une source du ministère de l’intérieur citée par JDD, "l’option d’un coup préparé de longue date, d’où qu’il vienne, n’est pas à exclure". D'après les premiers éléments donnés par le journal, les vidéos incriminées auraient été envoyées par la fonctionnalité de Messenger permettant de faire disparaître un message après un court laps de temps, une minute. Les échanges auraient donc été consciencieusement enregistrés à l'aide d'une fonctionnalité spécifique, avant qu’ils ne s’effacent, dans la minute où ils étaient envoyés. De quoi effectivement accréditer l’hypothèse qu’ils aient été captés, dès le début de la relation, dans le but de les conserver pour les diffuser ultérieurement.
Quel rôle a joué Juan Branco ?
Proche du mouvement des gilets jaunes et auteur de Crépuscule, un pamphlet anti-Macron qui a fait sa notoriété, Juan Branco, 30 ans a expliqué avoir été consulté par Pavlenski avant qu'il ne dévoile les vidéos intimes du candidat à la mairie de Paris. Il est ensuite devenu son avocat... avant de se retirer de l'affaire à la demande du parquet. Car les relations supposées en Branco et Pavlenski interrogent. Ce dernier le fréquentait depuis quelques mois. Le 19 décembre 2019, Juan Branco et Piotr Pavlenski ont passé la soirée ensemble, comme l’attestent des photos du profil Instagram de Stéphane Chatry, directeur de l’association Artivism, dédiée à l’art politique. Les deux hommes ont également réveillonné ensemble le 31 décembre, au cours d’une soirée privée coorganisée par Juan Branco. Une soirée qui a dégénéré, où deux invités ont été blessés par arme blanche. Ce dimanche 16 février, le parquet de Paris a estimé que cette collusion l'empêchait de défendre son client.
Un "Kompromat" ?
Il suffit de plonger dans les arcanes de l'histoire pour trouver des exemples qui ressemblent effectivement à l'affaire Griveaux. En 1964, l'ambassadeur français en Russie, Maurice Dejean, avait déjà fait les frais d'un "kompromat" : l'homme, marié, est filmé dans une situation compromettante avec une jeune actrice russe par des agents du KGB, qui espéraient semble-t-il le faire chanter. Plus tard, en 2009, une vidéo montrant un diplomate britannique en poste en Russie, en compagnie de deux prostituées, est diffusée sur internet, conduit l'homme à démissionner. La démarche prend en compte le fait que la publication de "sex tapes" est redoutable pour discréditer hommes politiques, hommes d'affaires et hauts fonctionnaires...
Quant à un éventuel lien entre la diffusion de ces images et la campagne municipale, Richard Malka reste évasif : "Si vous suggérez que cela pourrait venir de l'un de ses adversaires, je n'en sais rien et aucun élément ne permet de le penser à ce jour. L'avenir le dira".
"Nous n'avons rien à voir avec Monsieur Pavlenski"
La présence d'un activiste au coeur de l'enquête suggère-t-elle ensuite que le Kremlin pourrait être impliqué ? Samedi, lors de la 56e Conférence sur la sécurité de Munich, a rappelé le contexte des relations avec la Russie - qu'il tente par ailleurs de réchauffer : "Je crois que la Russie continuera à essayer de déstabiliser, soit (via) des acteurs privés, soit directement des services, soit des proxies". Une référence à la campagne présidentielle du président en 2017... mais , selon l'Elysée, une phrase qui ne fait en aucun cas référence à l'affaire Griveaux.
Même point de vue de la part des autorités russes. "Nous n'avons rien à voir avec Monsieur Pavlenski", répond Artem Studenikov, conseiller de l'ambassade de Russie sur LCI en ironisant sur d'improbables collusions entre l'opposant Pavlenski et le pouvoir en place en Russie qu'il a toujours combattu : "Vous voulez dire que cette vidéo a été envoyée par notre police pour saboter la campagne de Benjamin Griveaux ? [...] Vous voulez dire que nous avons un favori parmi les candidats à la mairie de Paris ?"
Des "théories du complot" par dizaines
Une chose est sûre, l'affaire Griveaux aura, en deux jours, suscité des milliers de réactions. Entre le 14 et le 15 février, on recense pas moins de 487.830 tweets sur Benjamin Griveaux, avant même l'arrestation de Piotr Pavlenski et de sa compagne. Parmi elles, de nombreuses théories absurdes, non étayées ou carrément complotistes (voir la vidéo ci dessous).
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