Affaires des écoutes : quand Nicolas Sarkozy charge son avocat Thierry Herzog

par Maud VALLEREAU
Publié le 3 juillet 2014 à 16h02
Affaires des écoutes : quand Nicolas Sarkozy charge son avocat Thierry Herzog

DECRYPTAGE - L'ancien chef de l'Etat s'est exprimé mercredi sur TF1 après sa mise en examen pour trafic d'influence et corruption. En se défendant, il a au passage chargé son avocat Thierry Herzog, également mis en examen dans l'affaire des écoutes.

"Monsieur Azibert était candidat à un poste à Monaco. Il ne l'a pas eu. Mon avocat, Thierry Herzog, m'a demandé si je pouvais me renseigner pour faire une démarche auprès de Monaco. Je n'ai pas fait cette démarche". C'est avec cette petite phrase, lâchée mercredi soir sur TF1, que Nicolas Sarkozy a évoqué le fond du dossier de l'affaire des écoutes, dans laquelle il est mis en examen pour recel de violation du secret professionnel, corruption, et trafic d'influence actifs. Des propos qui interpellent : avec ces quelques mots, l'ex-chef de l'Etat reconnaît en effet que son avocat et ami de longue date, Thierry Herzog, a bien sollicité son intervention pour obtenir le fameux poste monégasque à Gilbert Azibert, haut magistrat de la Cour de cassation.

Trafic d'influence présumé

Si Thierry Herzog n'a pas répondu à nos sollicitations, il avait été interrogé à ce sujet dans Le Monde au mois de mars. "Il n'y a pas eu trafic d'influence", avait-il alors assuré, argumentant ainsi : "Pour qu'il y ait trafic d'influence, il faudrait qu'il y ait ou qu'il y ait eu influence, c'est-à-dire des pressions d'un haut magistrat sur le président de la chambre criminelle de la Cour de cassation et les dix magistrats qui la composent ! Non seulement on ne peut exercer une influence que l'on n'a pas, mais M. Azibert ne siège pas à la chambre criminelle".

Or, dans la loi, le trafic d'influence est défini comme le fait pour une personne dépositaire de l'autorité publique, de solliciter ou d'accepter un avantage en échange d'un acte que lui permet sa fonction, ou en échange de son influence, "réelle ou supposée", sur une décision. Ou, pour un particulier, de faire cette proposition à une personne dépositaire de l'autorité publique. Les faits reprochés à Thierry Herzog pourraient entrer dans ce champ de définition. Une autre affirmation de Nicolas Sarkozy se heurte au mur juridique : il a argué mercredi que Gilbert Azibert n’avait de toute manière "rien obtenu". En droit, une simple "promesse", même non tenue, suffit pour parler de "trafic d'influence".


Maud VALLEREAU

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