Accusé d'avoir proféré des propos racistes dans l'enceinte de l'Assemblée, le député RN Grégoire de Fournas se défend.À travers ses publications en ligne ces dernières années, on observe que l'immigration, africaine en particulier, le préoccupe tout particulièrement.Des propos flirtant parfois avec la légalité, qui sont en grande majorité encore accessibles.
Les propos d'un élu du Rassemblement national ont provoqué d'importants remous le 3 novembre à l'Assemblée nationale. Alors que le député LFI-Nupes du Val-d'Oise Carlos Martens Bilongo interpellait le gouvernement à propos d'un bateau transportant des migrants en Méditerranée, l'élu RN de Gironde Grégoire de Fournas lui a brusquement coupé la parole en lançant à l'emporte-pièce : "Qu'il retourne en Afrique !"
Depuis, la polémique enfle : le RN défend son représentant, quand les condamnations de la gauche et de la majorité se multiplient, appelant à la démission de Grégoire de Fournas. Dans ce contexte, d'anciens messages postés sur les réseaux sociaux par le parlementaire refont surface. Dont certains peuvent être jugés embarrassants.
Entre immigration et "grand remplacement"
Comme la quasi-totalité des parlementaires, Grégoire de Fournas possède des comptes sur les réseaux sociaux, à travers lesquels il évoque son travail à l'Assemblée et réagit à l'actualité. Une présence sur Facebook et Twitter qui remonte à plusieurs années en arrière, à une époque où il occupait des responsabilités à l'échelon local, en tant que conseiller départemental de la Gironde.
Rapidement après qu'a éclaté la polémique, des internautes ont remonté le fil de ses prises de positions. Cherchant, notamment, à savoir si l'élu s'était déjà fendu de propos similaires à ceux qu'il a tenus dans l'Hémicycle. Certains ont affirmé qu'il avait supprimé plusieurs tweets jugés problématiques. Ce n'est qu'en partie vrai : ce vendredi, on ne retrouve en effet la trace que d'un message en particulier, ayant disparu du compte du député. Dans sa publication, il réagissait au message d'une personne demandant si, en tant que noire, elle serait bien accueillie dans un village du Médoc. Et si l'on y retrouvait une forme de diversité sociale. "Si Herwan [le nom de l'internaute en question, NDLR] veut être avec des noirs, il peut aller en Afrique", avait posté le député.
Désormais inaccessible, ce message n'est pas isolé. On en retrouve d'autres toujours en ligne qui traduisent la véhémence de l'élu sur les questions migratoires. "En Afrique, ils aiment tous la France et ses allocs. On accueille toute l'Afrique ?!", lançait-il en réponse à un post de son confrère LR Julien Aubert. Quand la préfecture de Gironde a souhaité la bienvenue à des Ukrainiens arrivés en Aquitaine pour fuir le conflit en postant un cliché les montrant à la sortie d'un bus, Grégoire de Fournas n'a pas manqué de réagir au fait que plusieurs des personnes accueillies étaient noires. "Les Ukrainiens d'Afrique ?" interrogeait-il. Lors de la crise diplomatique de janvier entre la France et le Mali, le représentant du RN souhaitait une réponse ferme : "Il faut expulser tous les Maliens de France !", assurait-il, sans se préoccuper du fait qu'une large majorité d'entre eux sont présents sur notre sol en toute légalité, et que le droit interdit de les contraindre à quitter le territoire.
Les débats autour de l'esclavage et de la responsabilité de la France l'irritent : "Assez de la repentance !", peste Grégoire de Fournas sur son compte Twitter. Dans un autre contexte, il a aussi sous-entendu que la RATP avait volontairement évité de représenter des personnes noires sur des affiches dénonçant la fraude. Sur Facebook, des publications peuvent aussi prêter à polémique. Un message s'accompagne par exemple d'une photo prise lors d'une manifestation, sur laquelle des militants affichent le message suivant : "immigration ➞ terrorisme".
On retrouve d'anciens messages où l'élu s'en prend à des dirigeants "obnubilés" par le "multiculturalisme". Et interroge : "Devons-nous accueillir le milliard d'africains qui veulent venir en France pour des raisons économiques ? Moi, je dis que non parce que nous ne le pouvons pas et que les Français ne le veulent pas." En marge d'un appel à "renvoyer les Algériens en Algérie", Grégoire de Fournas déplore aussi le nombre de prénoms à consonance étrangère sur une liste d'appel en classe. "Bonne rentrée au petit Lucas, en espérant qu'il parvienne à s'intégrer !", lance-t-il avec ironie, accompagnant sa publication du mot-clé "#grandremplacement", suggérant qu'il adhère à cette théorie du complot aux accents xénophobes et racistes, popularisée par l'extrême-droite depuis désormais plus de 10 ans.
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