Le "Journal" d'Agnès Buzyn retraçant les premiers mois de 2020 et le début de la pandémie de Covid a été publié ce mercredi 27 septembre.L'occasion pour l'ancienne ministre de la Santé de défendre son action.Elle assure avoir alerté de l'arrivée du "tsunami" sans avoir été entendue par le couple exécutif.
Agnès Buzyn avait alerté. Dans son Journal, sous-titré, Agnès, tu as fait peur au Président, l'ancienne ministre de la Santé partage les échanges qu'elle a pu avoir avec l'exécutif et ses impressions lors du début de la crise, de janvier à juin 2020. L'occasion pour elle de défendre le travail qu'elle a mené au sein du ministère de la Santé et de mettre en avant ses nombreuses mises en garde concernant l'imminence de la crise. Elle relate ainsi avoir prévenu Emmanuel Macron dès le 8 février 2020 qu'un "tsunami" était à venir.
De nombreuses alertes au couple exécutif
Le livre de 500 pages contient ainsi nombre de SMS envoyés à Edouard Philippe et au chef de l'État. À travers eux, Agnès Buzyn défend sa gestion de la crise, soulignant par exemple qu'elle est "la première en Europe, et peut-être même dans le monde, à avoir commandé des masques". "Je suis la première ministre au monde à faire une conférence de presse sur le Covid", ajoute-t-elle encore dans ce livre.
Mais ces alertes ne sont pas entendues, souligne l'ancienne ministre. "J'ai l'impression que personne n'y croit et c'est aussi une période de doute", a estimé Agnès Buzyn, qui a assuré la promotion de son livre sur France Inter, ce mercredi 27 septembre. En quittant son ministère pour reprendre au pied levé la candidature de la majorité à la mairie de Paris, elle fait part de son déchirement, mais décrit également "l'absence de soutien" de la majorité face aux attaques qu'elle a subies.
"C'est pour moi une période d'extrême mobilisation", insiste encore Agnès Buzyn sur France Inter. Même en pleine campagne municipale, alors qu'elle a laissé son ministère à Olivier Véran, elle continue d'envoyer des SMS au couple exécutif. "Je continue de vous demander de tout arrêter comme en Italie, le plus vite possible", envoie-t-elle ainsi au président le 13 mars, alors que l'épidémie est devenue incontrôlable de l'autre côté des Alpes. "Édouard, vous êtes en dehors de la plaque, complètement, et si tu as encore confiance en moi, prenez une décision de confinement, car nous avons quinze jours de retard", envoie-t-elle encore au Premier ministre de l'époque le 16 mars.
Son récit ne manque pas non plus d'égratigner le Conseil scientifique, instauré par l'Élysée et présidé par Jean-François Delfraissy. "Dès le premier avis du 12 mars, il est dit que le conseil scientifique 'a comme principe la continuité de la vie économique et sociétale de la nation. Ce n'est pas le rôle du Conseil scientifique", a encore affirmé la ministre sur France inter. "Comme si le Giec intégrait l'acceptabilité sociétale de la lutte contre le réchauffement climatique", a-t-elle encore souligné dans un entretien à l'AFP.
Depuis, l'ancienne ministre de la Santé a été mise en examen en raison de sa gestion de la pandémie puis blanchie par la Cour de cassation en janvier 2023. L'ex-ministre est toujours placée sous le statut de témoin assisté dans une enquête pour "abstention volontaire de combattre un sinistre". La CJR mène également une instruction concernant Olivier Véran et Édouard Philippe.