Alexis Kohler mis en examen : qu'est-il reproché au secrétaire général de l'Élysée ?

J.F
Publié le 3 octobre 2022 à 18h29, mis à jour le 3 octobre 2022 à 18h34

Source : TF1 Info

Le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, a été mis en examen le 23 septembre pour prise illégale d'intérêts dans l'enquête sur ses liens avec l'armateur MSC.
La suite d'une affaire débutée à l'été 2018 à l'instigation de l'association Anticor sur la base d'articles de Mediapart.
Voici le récapitulatif des faits.

Voilà des années qu’il existe une "affaire Kohler", et que le secrétaire général de l’Élysée est dans le viseur du Parquet national financier (PNF). À l’été 2018, déjà, ce dernier avait ouvert une enquête après un dépôt de plainte de l'association anti-corruption Anticor. Une plainte qui faisait elle-même écho à la publication d'un article de Mediapart dénonçant des liens familiaux et professionnels étroits entre le numéro 2 de l’Élysée et l’armateur italo-suisse MSC, client important des chantiers navals de Saint-Nazaire, STX France. L'armateur a notamment joué un rôle essentiel dans les discussions sur l'avenir des chantiers navals au cours des dernières années.

Après avoir siégé au conseil d'administration de STX France entre 2010 et 2012 en tant que représentant de l'État, Alexis Kohler a voulu, à deux reprises, rejoindre MSC, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, à chaque fois après avoir exercé des fonctions au sein de cabinets ministériels à Bercy. La première fois, en avril 2014, la commission de déontologie, l'instance chargée de contrôler le départ des agents publics dans le secteur privé, s'était opposée à sa demande. Mais en août 2016, quand Emmanuel Macron avait quitté le ministère de l'Économie, le numéro 2 de l'Élysée avait finalement obtenu le feu vert de la commission et avait rejoint MSC Croisières au poste de directeur financier.

Une affaire classée sans suite en 2019, relancée en 2020

En mars 2019, Anticor a déposé une nouvelle plainte contre Alexis Kohler, l'accusant cette fois-ci de "faux et usage de faux" et d'"omission substantielle de ses intérêts", en l’occurrence d'avoir dissimulé deux choses dans différentes déclarations sur l'honneur : ses liens familiaux avec l'armateur et le fait d'avoir été impliqué, comme fonctionnaire, dans des décisions concernant MSC.

En août de cette même année, le PNF indique que l'enquête pour prise illégale d'intérêts qui visait le bras droit d'Emmanuel Macron a été classée sans suite. "Après un an d'enquête, l'analyse des éléments recueillis par la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la direction générale de la police judiciaire ne permet pas de caractériser les infractions initialement suspectées", expliquait-il. 

En juin 2020, des juges d'instruction avaient décidé de reprendre les investigations visant Alexis Kohler, à la demande d'Anticor. Cette décision intervenait après la révélation d'une "note personnelle" d'Emmanuel Macron rédigée en faveur de son bras droit dans cette procédure. Il indiquait qu'il était "déjà informé de (ses) liens familiaux" avec les actionnaires de contrôle de MSC lorsqu'il l'a nommé directeur de cabinet à Bercy en 2014, et ajoutait que son collaborateur n'était pas intervenu dans des dossiers liés à l'armateur italo-suisse.

Kohler maintenu à l'Elysée

Dans la lignée de la relance des investigations, il y a un peu plus de deux ans, Alexis Kohler a donc été mis en examen pour prise illégale d'intérêts dans l'enquête sur ses liens avec l'armateur MSC le 23 septembre dernier. Il "conteste avec force avoir commis tout délit", a réagi dans un communiqué son avocat, Eric Dezeuze. L'Élysée a indiqué qu'Alexis Kohler restait à son poste auprès du président Emmanuel Macron après sa mise en examen.


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