Algérie, Rwanda, Bénin, Polynésie : le travail de mémoire, constante du quinquennat d'Emmanuel Macron

Publié le 27 octobre 2021 à 15h50, mis à jour le 27 octobre 2021 à 20h52
JT Perso

Source : TF1 Info

HISTOIRE - Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron s'attache à reconnaître la responsabilité de la France dans certains événements de son passé, et à en réparer les "erreurs". Quitte à susciter des polémiques dans l'opposition politique.

Jamais un président de la République n'aura autant été dans la recherche de la réconciliation mémorielle. "La colonisation est un crime, un crime contre l’humanité et une vraie barbarie", avait déclaré Emmanuel Macron dès février 2017, en pleine campagne pour la présidentielle, lors d'une visite à Alger. Des propos qui lui ont valu de nombreuses attaques, jusqu'à ces derniers jours, en provenance de la droite et de l'extrême droite. 

En décembre 2019, lors d’une conférence de presse à Abidjan (Côté d’Ivoire), le chef de l'État avait aussi estimé que le colonialisme avait été une "une erreur profonde, une faute de la République". Depuis le début de son quinquennat, Emmanuel Macron multiplie les déclarations et les gestes reconnaissant les "erreurs" de la France et les atrocités de son passé colonial, partant du principe que ces reconnaissances permettraient de repartir sur de nouvelles bases avec les pays concernés. 

Un travail compliqué autour de la guerre d'Algérie

Les gestes les plus marquants ont concerné le passé commun entre la France et l'Algérie. En juillet 2020, le président de la République charge l'historien Benjamin Stora de "dresser un état des lieux juste et précis" sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. Le rapport est remis le 20 janvier 2021, et formule une trentaine de préconisations. Emmanuel Macron annonce alors qu'il va prendre des "actes symboliques" pour apaiser les mémoires sur la guerre d'Algérie et tenter de réconcilier les deux pays. Toutefois, il refusera de présenter les "excuses" demandées par Alger après la publication de ce rapport.

En mars dernier, le chef de l'État reconnaît "au nom de la France", que l'avocat et dirigeant nationaliste Ali Boumendjel a été "torturé et assassiné" par l'armée française pendant le conflit en 1957. Le même mois, il facilite l'accès aux archives classifiées datant de plus de 50 ans, et donc sur l'histoire encore sensible de la guerre d'Algérie. En septembre, reconnaissant "un abandon de la République française", le Président présente ses excuses aux harkis, engagés au côté de l’armée pendant la guerre d’Algérie et  annonce un projet de loi de reconnaissance et de réparations. 

Mais en octobre, les relations bilatérales entre la France et l'Algérie se dégradent. Alger rappelle son ambassadeur à Paris et interdit son espace aérien aux avions militaires français après des propos rapportés par le journal Le Monde dans lesquels Emmanuel Macron affirme que l'Algérie, après son indépendance en 1962, s'est construite sur "une rente mémorielle", entretenue par "le système politico-militaire". Ce qui n'a pas empêché le président de la République, le 17 octobre dernier, à l'occasion de la commémoration du massacre d'Algériens par la police française en 1961, de reconnaître et de dénoncer des "crimes inexcusables" au nom de la République.

Une loi rendant possible la restitution d'œuvres d'art volées

Le chef de l'État a également fait des gestes envers d'autres anciennes colonies africaines de la France. En 2017, il promet dans un discours à Ouagadougou la déclassification des documents français concernant l'assassinat de Thomas Sankara, "père de la Révolution" burkinabè tué lors d'un coup d'État en 1987. Depuis, trois lots de documents ont effectivement été remis à la justice burkinabè.

En novembre 2017, lors d'un discours à l'université de Ouagadougou (Burkina Faso), Emmanuel Macron s'engage à rendre possible dans un délai de cinq ans les restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en France. En novembre 2018, il annonce la restitution de 26 œuvres d'art réclamées par le Bénin, provenant du "Trésor de Béhanzin" pillé au palais d'Abomey en 1892 pendant les guerres coloniales. Une restitution qui a lieu ce mercredi 27 octobre lors d'une cérémonie présidée par Emmanuel Macron au musée du quai Branly. Pour rendre cela possible, une loi avait été votée en décembre 2020 permettant des dérogations au principe d'"inaliénabilité" des œuvres dans les collections publiques, parce qu'elles avaient fait l'objet de pillages caractérisés.

Le 28 mai 2021, Emmanuel Macron reconnaît à Kigali les "responsabilités" de la France dans le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda. Sans présenter d'excuses, il dit espérer le pardon des victimes. Il estime cependant que la France n'a "pas été complice" des génocidaires, ce qu'avait également conclu le rapport Duclert sur "La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi" remis en mars de la même année.

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Plus récemment, en juillet dernier lors de sa visite en Polynésie française, Emmanuel Macron estime que la France avait une "dette" envers elle, et déclare vouloir "la vérité" sur les essais nucléaires réalisés de 1966 à 1996 dans le Pacifique. "La Nation a une dette à l’égard de la Polynésie française. Cette dette est le fait d’avoir abrité ces essais, en particulier ceux entre 1966 et 1974, dont on ne peut absolument pas dire qu’ils étaient propres."

Enfin, ce 26 octobre 2021, Emmanuel Macron a inauguré le musée consacré à l'affaire Dreyfus, installé dans la demeure d'Émile Zola à Médan (Yvelines). Le chef de l'État a appelé à ne pas oublier cette affaire datant de 1894, lors de laquelle le capitaine avait été victime d'une machination judiciaire et antisémite. "Rien ne réparera ces humiliations, mais ne les aggravons pas en les laissant oubliées, aggravées ou répétées", a-t-il déclaré. "Il y a dans ce musée ce qui est inséparable entre ce qui fait la nation et ce qui fait la République française : des idéaux, un amour de la langue et ce goût pour la vérité et la justice."


La rédaction de TF1info

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