Covid, et après ?

Agnès Buzyn sur LCI : "Nous serons dans la même situation dans 10 ans si une crise du même type que le Covid se produit"

par A. LG
Publié le 29 septembre 2023 à 10h51

Source : TF1 Info

L'ancienne ministre de la Santé était l'invitée d'Adrien Gindre ce vendredi dans la matinale de LCI.
Elle est revenue sur la gestion gouvernementale de la crise du Covid-19 au cœur de son "journal" paru ce mercredi.
Elle alerte sur le niveau d'impréparation de l'État au début de la crise sanitaire, et estime que la France n'est "pas mieux préparée" aujourd'hui à affronter une telle épidémie.

"Peut-être qu'aujourd'hui, avec ce que je sais de mon intuition, je lui ferais plus confiance". À l'occasion de la sortie de son journal de bord dans lequel elle retrace les premières semaines de la pandémie de Covid-19, l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, invitée d'Adrien Gindre ce vendredi 29 septembre dans la matinale de LCI, a fait part de ses regrets concernant cette période. Plus de trois ans après avoir quitté le gouvernement aux prémices d'une crise sanitaire mondiale sans précédent pour remplacer au pied levé Benjamin Griveaux dans la course à la mairie de Paris, cette dernière a de nouveau expliqué que ce choix avait été la pire erreur de sa vie. "Je m'en veux terriblement", a-t-elle déclaré, avant d'ajouter : "en réalité, à ce moment-là, je pense que je suis dans le doute moi-même".

"Au moment de mon départ, mon intuition (concernant la pandémie, ndlr) n'est pas encore corroborée dans les faits, il n'y a pas encore d'alerte internationale très forte, on voit bien qu'il n'y a pas de prise de conscience internationale, j'ai une pression très forte parce que certaines personnes avaient envie de me voir partir, et un moment je dis au Président 'je peux faire campagne et rester ministre' et il ne me l'autorise pas", détaille-t-elle, évoquant un concours de circonstances. "Il y a une forme de déni collectif, notamment des médecins et scientifiques, qui a un moment m'ont fait douter de moi-même", insiste celle qui avoue même s'être demandée à cette période si elle ne voyait pas finalement "tout en noir".

"Les faits sont cruels mais ce n'est pas personnel"

"Le problème c'est qu'après on me colle une étiquette qui est celle d'une candidate à la mairie de Paris en oubliant que je suis aussi un médecin qui voit arriver quelque chose, et c'est à ce moment-là que ma parole n'est plus entendue, je ne compte plus dans le dispositif", regrette-t-elle. "Est-ce que si j'avais été un homme avec une grosse voix, si j'avais eu plus de poids politique, j'aurais été mieux entendue ?", questionne encore l'ancienne ministre.

Malgré ces regrets, Agnès Buzyn assure avoir "fait le job" tant qu'elle était en poste. "J'ai fait tout ce que je savais et pouvais faire à l'époque", a-t-elle encore redit sur notre plateau, évoquant un ministère "incroyablement mobilisé dès janvier" bien qu'il lui soit "reproché de ne rien avoir préparé". Et d'illustrer : "Nous commandons, nous alertons les hôpitaux, nous faisons plusieurs réunions de crise au ministère dont je remarque d'ailleurs qu'un certain nombre de responsables médicaux ne prennent pas la mesure de la gravité". Alors qu'elle publie dans son livre de 500 pages des extraits d'agendas, de SMS ou de mails, cette dernière explique qu'il ne faut aucunement y voir une forme de règlement de comptes. "Effectivement, je mets des prises de parole des uns et des autres, les faits sont cruels mais ce n'est pas personnel, il y a un certain nombre de conseillers qui n'ont pas pris la mesure de ce qu'il se passait", soutient-elle.

"Nous ne sommes pas mieux préparés" en cas de nouvelle crise

Selon Agnès Buzyn, "le confinement trop tardif a abouti à un débordement des hôpitaux qui n'aurait jamais dû avoir lieu ". Or, celle qui pointe "le débordement et la panique" mais aussi "un manque de vision, de courage" de la part d'institutions qui n'ont pas "joué leur rôle" et "été à la hauteur", redoute qu'un tel scénario puisse se reproduire. "Nous ne sommes pas mieux préparés, nous serons dans la même situation dans dix ans si une crise du même type se produit", craint-elle, estimant que pour éviter cela, "il faut des institutions fortes et nommer les bonnes personnes à la tête de ces institutions".

"L'écosystème médical et scientifique est très mal connu des politiques, en réalité c'est un monde inconnu pour eux", explique-t-elle, avec le souhait que cela change. "Plus de sciences en politique, c'est quelque chose que je voudrais porter".

S'agissant du timing concernant la parution de ce journal de bord, l'ancienne ministre répond que "le traumatisme collectif et individuel étant passés", il lui a semblé "utile" de livrer son "regard un peu particulier sur cette période". Et de conclure : "il me semble qu'il faut que je le rende au Français".


A. LG

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