Lundi, le Rassemblement national a réussi un coup politique en décidant finalement de voter en faveur de la motion de censure déposée par la Nupes.Les députés de gauche ne se disent pas dupes, mais la majorité dénonce ce rapprochement.
"Le groupe que j’ai l’honneur de présider votera également la notion de censure présentée en des termes acceptables de l’autre côté de l’Hémicycle." En déclarant cette phrase, lundi 24 octobre, à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen a surpris. Alors qu'elle avait assuré les jours précédents que son groupe ne voterait pas la motion de censure déposée par la Nupes, elle a changé d'avis et de stratégie, avec l'ambition de rejeter sur Les Républicains la responsabilité de l'échec des motions, de les afficher comme les alliés d'Emmanuel Macron et de mettre dans l'embarras l'alliance de gauche. Un "coup politique" qui a été très largement commenté et critiqué.
Tout d'abord dans les rangs de la Nupes, qui ne s'y attendait pas et répète à l'envi que l'extrême droite est sa pire ennemie. Alors les députés issus de ses rangs ont été obligés de se justifier. "Ça fait sans doute partie de leur stratégie de dédiabolisation", qui "est alimentée malheureusement par ceux qui nous renvoient sans cesse dos à dos", a déclaré Cyrielle Chatelain, cheffe du groupe écologiste. "Ne nous y trompons pas, la Nupes ne sera jamais l'alliée de l'extrême droite", a tweeté le socialiste Arthur Delaporte.
Pour le communiste Sébastien Jumel, il s'agit de la part du RN d'"une posture politicienne". "Dans le débat, le FN (sic) s'est opposé au rétablissement de l'ISF, dans le débat pouvoir d'achat, le FN a refusé l'augmentation du Smic. Sur un certain nombre de sujets, il n'est pas la peine de passer du temps pour montrer nos divergences."
"Que le RN vote notre motion ne me dérange pas. Une motion, c'est pas pour la beauté des nuages", mais bien pour renverser le gouvernement, a affirmé le président de la commission des Finances, Eric Coquerel (LFI). "Je suis heureuse que le RN soit obligé de reconnaître le leadership de la Nupes dans ce moment institutionnel où le Parlement se dresse contre l'abus de pouvoir du 49.3", a tweeté l'Insoumise Raquel Guarrido. "La droite sauve le gouvernement de justesse. Il manquait 50 voix pour éjecter le gouvernement. Nous sommes prêts pour la relève", s'est félicité Jean-Luc Mélenchon.
Un député écologiste boycotte le vote
Trois écologistes n'ont pas pris part au scrutin sur la motion de la Nupes, deux à cause de problèmes de vote, le troisième, Jérémie Iordanoff, parce qu'il "refus[ait] de mêler sa voix" à celles de l'extrême droite.
Pointé du doigt par le RN, Les Républicains ont également essayé de se défendre. "Faudrait-il faire tomber ce gouvernement car il y aurait dans cette Assemblée une autre majorité possible ?", a fait mine de s'interroger le patron des députés LR, Olivier Marleix, doutant que "le rapprochement des extrêmes à l'œuvre" aille "jusqu'à nous proposer un gouvernement en commun". "Ces motions de censure, personne n'y croit donc vraiment, pas même ceux qui les ont déposées. Mais nous n'hésiterons pas à en déposer une nous-mêmes si les circonstances l'exigent", a-t-il prévenu.
De son côté, la majorité n'a pas manqué de tourner en ridicule cette alliance de circonstances. À la tribune avant le vote des deux premières motions de censure, la Première ministre a dénoncé des motions dont "le seul point d'accord" est de "vouloir l'échec du gouvernement". "Est-ce à dire qu'une alliance peut se passer de valeurs communes, de convictions partagées, d'ambitions convergentes ? Est-ce un gouvernement où sur les bancs des ministres, siègeraient côte à côte madame Le Pen, madame Panot, madame Châtelain, monsieur Bardella, monsieur Vallaud et monsieur Chassaigne, que vous proposez aux Français ?", a-t-elle poursuivi.
Des élus de la majorité ont propagé le mot dièse #RNUPES. Et certains ont moqué des motions qui "s'entrelacent et s'embrassent". "Ils sont tout près de vouloir former un gouvernement de fusion nationale", a raillé Robin Reda (Renaissance). Ce mardi sur France 2, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a insisté sur le changement de doctrine des députés écologistes et socialistes, qui "se retrouvent à faire du blanchiment de vote extrême. On le savait avec l'extrême gauche et La France insoumise, on l'a découvert hier soir avec l'extrême droite et le Rassemblement national. J'ai une pensée pour les électeurs qui ont fait confiance à des députés socialistes ou écologistes, je pense qu'ils pensaient que la gauche allait continuer à creuser des digues avec le Rassemblement national, ils ont découvert hier qu'elle construisait des ponts".
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