Après Xavier Bertrand, quels autres Républicains pourraient claquer la porte ?

par Michel VERON
Publié le 12 décembre 2017 à 14h54
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

TCHAO - Le départ de Xavier Bertrand des Républicains sera-t-il le premier d’une longue série ? Comme lui, de nombreux cadres LR doutent de la capacité de Laurent Wauquiez de rassembler la droite.

A peine 24 heures après l’élection de Laurent Wauquiez à la présidence des Républicains, Xavier Bertrand a claqué lundi 11 décembre la porte du parti. Le président des Hauts-de-France dit "ne plus reconnaître (sa) famille politique". S’il est le seul à s’être empressé de quitter le navire si tôt après l’élection de son rival d'Auvergne-Rhône-Alpes, l’idée a forcément traversé l’esprit de certains cadres LR.

Il faut dire que le nouveau président des Républicains n’a jamais été très apprécié au sein même de sa famille politique. Les uns critiquent son ambition, les autres, sa versatilité. Et qu’il soit désormais le patron du parti pourrait inciter certains cadres LR à aller voir ailleurs. 

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Estrosi regarde ailleurs

Parmi ces candidats au départ, on pense évidemment au maire de Nice. Cela fait déjà quelques mois qu’il a pris ses distances avec son parti. Il refuse de reprendre les éléments de langage anti-Macron. Pire, il ose saluer l’ardeur réformatrice du chef de l’Etat. "Je ferai partie de ceux qui l’encourageront à tenir bon sur un certain nombre de sujets", a-t-il dit en octobre dernier sur BFMTV.

Il a par ailleurs fustigé son parti quand celui-ci a choisi d’exclure ceux qui sont partis gouverner avec Emmanuel Macron. Plutôt que de mettre dehors les Philippe, Darmanin et autres Lemoyne, Christian Estrosi avait plaidé pour l’exclusion de "ceux qui ont entretenu le doute sur leur positionnement vis-à-vis du Front national lors des dernières élections présidentielles et législatives, et qui continuent d'afficher une collusion malsaine avec ces idées écœurantes". Même s’il ne nomme personne, difficile de ne pas voir dans cette lettre du maire de Nice un tacle appuyé contre Laurent Wauquiez et son positionnement conservateur.

Pécresse temporise

L’avenir au sein des Républicains de Valérie Pécresse, qui n’a même pas pris l’initiative de féliciter Laurent Wauquiez après sa victoire, est tout aussi incertain. Il faut dire que beaucoup de choses opposent la présidente de la région Ile-de-France au nouveau patron de la droite, qui s'étaient toutefois trouvé sur la clause Molière. Selon Le Monde, les deux n’ont pas échangé depuis juin.

Ces derniers temps, elle n’a pas caché sa crainte de voir la base des Républicains se rétrécir. "Notre droite a toujours rassemblé des éléments conservateurs, gaullistes, libéraux, centristes de droite", a-t-elle dit le mois dernier. Si elle attend encore de voir comment Laurent Wauquiez va prendre en main le parti avant d’éventuellement prendre la poudre d’escampette, elle n’a pas attendu son élection pour bâtir son propre mouvement, Libres, afin de faire vivre la diversité de la droite.

Copé veut juger sur pièces

S’il souhaite avant tout se consacrer à sa ville de Meaux, Jean-François Copé observe non sans intérêt les turbulences qui agitent Les Républicains. Comme Christian Estrosi, il refuse l’opposition frontale au gouvernement. "Il nous est un peu difficile de faire le procès de Macron alors qu’il fait très exactement ce que nous avions dit que nous ferions et que nous n’avons pas fait. Sur le plan économique en tout cas", soulignait-t-il avec franchise dans Libération il y a quelques semaines.

Mais comme Valérie Pécresse, l'ancien patron de l'UMP jugera Laurent Wauquiez sur pièce avant d’imiter Xavier Bertrand. "Cela dépendra de la manière dont Laurent Wauquiez se comportera. Soit il est dans une logique de rassemblement, en acceptant de renoncer à une parcelle de pouvoir sur un tout petit royaume que nous pourrions élargir, soit, au contraire, il est dans le verrouillage total avec une camarilla de gens qui pensent comme lui. A ce moment-là, ce serait terrible", poursuivait le maire de Meaux, avec la crainte de voir Les Républicains devenir "une sorte de Tea Party rabougri".

NKM garde le silence

La place de Nathalie Kosciusko-Morizet au sein du parti désormais dirigé par Laurent Wauquiez se pose plus que jamais. Au-delà de leur inimité, on se demande comment l’ex-candidate à la primaire de la droite et du centre, silencieuse depuis sa large défaite aux législatives, va supporter le vent conservateur qui va souffler à présent rue de Vaugirard. 

Après avoir déjà quitté le groupe LR à la mairie de Paris, elle semble presque désintéressée par l’avenir de son parti. Elle s’est en tout cas tenue à l’écart de l’élection à la présidence. Ce qui n’a pas empêché certains de ses proches, à l’instar du maire de Palaiseau, Grégoire de Lasteyrie ou encore l’adjointe à la mairie de Fontainebleau, Géneviève Machery, de prendre ces dernières heures leurs distances avec Les Républicains. 

Après le wagon des Philippe, Le Maire et consorts partis gouverner avec Emmanuel Macron, après la reconversion de Luc Chatel, après la retraite troyenne de François Baroin, la liste de ceux qui ont façonné la droite depuis plus d’une quinzaine d’années mais qui s’émancipent du parti censé l’incarner s’allonge mois après mois. Comme si tous faisaient (ou s’apprêtaient à faire) le constat que l’UMP, rebaptisée Les Républicains en 2015, n’était plus l’appareil politique le plus adapté pour faire prospérer les idées d’une droite moderne et responsable. Au grand dam d'un Laurent Wauquiez, cantonné malgré lui à un rôle de fossoyeur.


Michel VERON

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