Le couple Garrido-Corbière accusé d'employer une femme de ménage sans papiers : retour sur des révélations qui font pschitt

Publié le 23 juin 2022 à 15h48, mis à jour le 23 juin 2022 à 16h42
Le couple souhaite attaquer l'auteur de l'article qui les met en cause en diffamation.

Le couple souhaite attaquer l'auteur de l'article qui les met en cause en diffamation.

Source : JOEL SAGET / AFP

Un article du Point a mis en cause mercredi le couple de députés de la France insoumise Raquel Garrido et Alexis Corbière.
L'hebdomadaire, qui accusait les deux élus d'avoir employé "une femme de ménage sans titre de séjour", a fait marche arrière ce jeudi en présentant ses excuses.
Retour sur cette fausse polémique.

Réélu député dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière va entamer un nouveau mandat à l'Assemblée. Sa compagne Rachel Garrido, autre figure de la France Insoumise, va le rejoindre au Palais Bourbon. Forts de ces succès électoraux, le couple a toutefois dû faire face à des accusations de l'hebdomadaire Le Point. Les élus, affirmait le journal, auraient employé "depuis un an une femme de ménage sans titre de séjour et soumise à des cadences infernales". Des faits contestés par les deux élus, jusqu'au retrait ce jeudi de l'article qui les incriminait. Le journal, par la voix de son directeur, s'est rétracté et a présenté ses excuses, reconnaissant "des erreurs".

Un démenti catégorique, jusqu'au retrait de l'article

Alors que Rachel Keke, ancienne porte-parole des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles faisait son entrée à l'Assemblée nationale, Le Point a affirmé le 22 juin que les figures de la Nupes Raquel Garrido et Alexis Corbière employaient "une femme sans papiers comme bonne à tout faire". L'article évoque un contrôle de la police il y a quelques semaines, effectué alors que la femme "algérienne de 36 ans, arrivée en France en 2008 grâce à un visa étudiant", se promenait à travers les rues de la capitale aux côtés de la plus jeune enfant du couple. Lors de ce contrôle, la femme de ménage aurait alors présenté un passeport algérien, ne pouvant fournir de titre de séjour français.

La trentenaire aurait subi des pressions venant des deux députés, notait initialement Le Point. L'article partageait ainsi des messages prêtés à Raquel Garrido : "On te met un toit sur la tête, on te fait travailler, donc soit tu es reconnaissante, soit je prends quelqu’un d’autre. Maintenant stop", pouvait-on lire. Le couple, selon l'hebdomadaire, aurait même laissé entendre que l'employée en situation irrégulière se serait vu garantir des "papiers en cas d’élection de Jean-Luc Mélenchon à la présidence de la République", ou s’il devenait "Premier ministre"

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Sans tarder, à la lecture de ces lignes, les élus LFI ont répondu avec vigueur. Raquel Garrido a publié un démenti formel : "Tout est faux", a-t-elle tweeté, expliquant qu'elle comptait avec son compagnon consulter son avocat afin de porter plainte. 

Ce jeudi, à peine 24 heures après sa publication originelle sur le site du Point, l'article a été retiré. Le directeur de l'hebdomadaire, dans un message mis en ligne sur les réseaux sociaux, a justifié cette décision en invoquant des "vérifications complémentaires" effectuées suite à ces révélations.  Elle "ont révélé que des erreurs et manquements à la prudence avaient été commis", peut-on lire. En conséquence, le journal a présenté des "excuses plates et sincères" au couple, ainsi qu'à ses lecteurs, assurant toutefois poursuivre son enquête pour comprendre "ce qui s'est passé". 

"Dont acte", a réagi Raquel Garrido ce jeudi à la mi-journée. "Je n’en resterai pas là", glisse toutefois la députée : "Je ne pardonne pas qu’il s’en soit pris à nos enfants. Ma famille a trop souffert. Le tort causé est indélébile. Je remercie les citoyens et journalistes qui ont aidé à démonter la calomnie." Elle en profite pour demander la démission du journaliste auteur de l'article, Aziz Zemouri.

Des messages inventés de toutes pièces ?

Le démenti d'Alexis Corbière et Raquel Garrido n'est pas le seul élément qui a conduit au rétropédalage du Point. En effet, plusieurs éléments avancés dans l'article ont éveillé des soupçons suite à la publication. Le couple, qui réside à Bagnolet, disposerait selon l'article d'un appartement à Paris, lui permettant de contourner la carte scolaire pour ses enfants. Une version rapidement contredite par Libération : outre le fait que seul un des enfants des deux députés soit encore à l'école, des bulletins scolaires attestent que son établissement scolaire est situé à Bagnolet. 

Contacté par le quotidien, Aziz Zemouri s'est montré confiant dans la véracité de ses informations, mais a toutefois changé de version au sujet de l'appartement parisien. Celui-ci ne servirait plus (comme il l'a initialement écrit) à contourner la carte scolaire, mais à loger une fille du couple. Elle y serait "transportée" le soir et prise en charge l'employée de maison en situation irrégulière. Une version à nouveau contredite par Raquel Garrido et Alexis Corbière. Ils expliquent ainsi que leur fille ici mentionnée est majeure et qu'elle n'a dès lors "certainement pas besoin d’une nounou". Et ajoutent enfin qu’elle réside à leurs côtés à Bagnolet, non à Paris. Version confirmée dans la foulée par des membres de leur entourage.

Notons enfin que mis en cause en ligne, Aziz Zemouri avait publié plusieurs échanges de SMS via son compte Twitter. Ces derniers étaient présentés par l'intéressé comme des discussions entre Raquel Garrido et leur prétendue employée de maison. Sur ces messages, reçus sur un téléphone Android, on voit s'afficher une photo de profil en marge des textos rédigés par la députée. Or, des journalistes ont confirmé que sur un smartphone Android, aucun cliché de l'élue n'apparaît en temps normal lors d'un échange de messages. Ce qui laisse présumer l'ajout d'une photo par le biais d'un logiciel. Autre élément curieux, le fait que figure en tête de ces discussions la mention "Échange de SMS/MMS avec Garrido R", signe qu'il s'agit là des premiers échanges entre les deux interlocuteurs, ou que de précédents messages auraient été tous supprimés. 

Si le directeur du Point a présenté des excuses et demandé la dépublication de l'article polémique, il n'a pas fait mention de son journaliste. Déjà condamné à 4 reprises lors des dix dernières années pour diffamation ou complicité de diffamation, Aziz Zemouri soutient "que le couple Corbière-Garrido a bien fait travailler durant près d’un an et jusqu’à ces derniers jours une jeune femme sans papiers qu’ils n’ont jamais déclarée". Il assure en passant qu’il fera "son offre de preuves au moment du procès", les députés LFI souhaitant en effet le poursuivre pour diffamation.


Thomas DESZPOT

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