PARLEMENT - Richard Ferrand, président LaREM de l'Assemblée Nationale, veut redonner de l'attrait aux séances de questions au gouvernement. En instaurant notamment un droit de réplique partagé, ministres et députés pourraient se renvoyer la balle et avoir de réels échanges. Une manière de raviver l'intérêt des citoyens pour cette séance parlementaire publique.
Richard Ferrand veut donner un coup de frais aux questions aux gouvernement. Cette séance publique, prévue deux fois par semaine au sein de l'Assemblée nationale, est jusqu'à présent organisée au millimètre. Ou plutôt à la seconde : les questions des députés, comme les réponses du gouvernement, sont chronométrées pour ne pas dépasser 2 minutes. Une question, une réponse, et on passe à la question suivante. Une rigidité dont le président de l'Assemblée veut se débarrasser. Dans une lettre adressée à tous les députés, il détaille les changements qu'il aimerait mettre en place.
Afin de rendre les échanges plus dynamiques, M. Ferrand compte instaurer un "droit partagé de réplique". A la manière des débats parlementaires britanniques ou américains, les échanges ne seraient pas limités en nombre, mais dans le temps. Un véritable échange spontané deviendrait alors possible pour discuter des thèmes soulevés par les députés. Parallèlement à ça, une seconde nouveauté serait de passer de deux séances hebdomadaires d'une heure, actuellement le mardi et le mercredi, à une seule séance de deux heures, le mercredi.
Plus condensée, plus dynamique, cette séance parlementaire publique pourrait raviver l'intérêt des citoyens pour les questions politiques échangées dans l'hémicycle. Nous avons demandé aux visiteurs de cette semaine ce qu'ils en pensent.
Plus dynamique, oui, plus long, non !
Liliane Blanchet, 77 ans, vient pour la première fois à l’Assemblée Nationale pour assister aux questions au gouvernement. "Mais je regarde à la télé bien sûr, comme tout le monde. Surtout en ce moment !" tient-elle à préciser. Sa carte d’identité à la main, elle guette impatiemment les mouvements de la file d’attente pour entrer dans l’hémicycle. "Je ne me suis jamais investie vraiment dans ma vie. Mais maintenant je m’implique parce qu’on nous a bien pris pour des poires ! Notre génération, on a l’impression soit d’être un peu en trop, soit d’être invisibles" regrette cette retraitée du milieu hospitalier. Elle n’avait pas entendu parler de cette volonté de réforme de Richard Ferrand, mais "si plus de monde regarde et si ça peut faire réfléchir, alors c’est non seulement bénéfique mais c'est aussi intelligent", résume-t-elle.
La plupart des visiteurs avec qui nous avons discuté se disent favorables à l’idée de rendre "plus dynamiques" les questions au gouvernement. Mais tous sans exception appréhendent une chose : la durée de la séance. Bernard Redouté, 65 ans, estime que si on permettait un droit de réplique, "il faudrait que ce soit court alors ! 30 secondes, maximum". En plaisantant, cet ancien importateur de fruits à la retraite souligne que "déjà qu'actuellement, on voit que les députés n’en n’ont rien à faire. Les trois quarts sont sur leur portable" dit-il en soupirant. Un avis que partage Catherine Depelley, retraitée de l’Éducation nationale. "Si l’on met un droit de réplique pour chaque question, ça va durer encore plus longtemps !" s’exclame la septuagénaire. Elle s'explique : "Si ça dure plus d’une heure ils tiendront pas le coup nos députés ! Déjà qu’ils font des allers et venues et qu’ils s’en vont avant la fin. Non moi je ne suis pas pour cette réforme".
"Vu que des fois les réponses des ministres c’est un peu de la langue de bois, ce serait quand même pas mal de pouvoir les reprendre derrière"
Isabelle Deprince, 63 ans, retraitée
Catherine est venue en groupe, avec ses copines de l’Association Culturelle Clichoise. Une fois par mois, elles font une sortie parisienne. Suite à nos questions, le débat prend entre Maryse, ancienne prof d’anglais, Isabelle, fonctionnaire à la retraite, et Françoise, qui a organisé l’excursion à l’Assemblée.
"Si ils répliquent à chaque fois, il faudrait limiter les questions alors" avance Maryse, "mais ce serait dommage je trouve. Moi j’aime pas trop les débats qui durent, à la fin on est pas plus avancé." continue-t-elle. Catherine renchérit : "Oui ce serait dommage, c’est plus intéressant de garder un certain nombre de questions. Les députés régionaux peuvent s’exprimer à ce moment-là, poser des questions sur le sort d’une usine locale, sur un bateau qui va polluer, et défendre un point de vue !" Isabelle tempère quand même : "Vu que des fois les réponses des ministres c’est un peu de la langue de bois, ce serait quand même pas mal de pouvoir les reprendre derrière".
Moins prévisible, donc plus intéressant
C’est justement le point d’Elyon Brami, 19 ans, étudiant de l'université de Science Po venu assister à la séance dans le cadre de ses cours. "Actuellement il y a un côté factice, il n’y a pas de réel échange : c’est une accusation puis un discours de communication et cela ne débouche sur rien", témoigne-t-il amèrement. L’idée de cette réforme, en revanche, le réjouit : "Ça ne peut qu’être intéressant d’instaurer un droit de réplique parce que ce sera plus spontané, moins prévisible et que cela permettra d’approfondir le sujet". Même son de cloche de la part de son camarade du même âge, Jules Saunier. "Pour l’instant les ministres ne répondent pas vraiment aux questions. Ils ne s'écoutent pas de toute façon, tout le monde parle en même temps, c’est fou l’indiscipline".
Quant à la volonté de Richard Ferrand de rassembler les deux séances en une seule, plus longue, les jeunes hommes sont partagés. "Si ça avait duré plus d'une heure, j'aurais lâché. Sur la fin, on ressentait que les questions de la fin étaient moins suivies" a observé Elyon. Pour Jules, en revanche, tout ramasser en deux heures aurait une "pourrait être pas mal. Ils seraient peut-être tous présents du coup".
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