Sophia Chikirou, une députée insoumise dans la tourmente

Publié le 3 octobre 2023 à 18h13

Source : Sujet TF1 Info

La députée insoumise Sophia Chikirou fait l'objet de plusieurs enquêtes journalistiques, sur ses démêlés judiciaires et ses méthodes de management brutales.
Elle est également accusée d'avoir tenu des propos homophobes, condamnés par SOS Homophobie.
Une députée insoumise réclame des explications.

Longtemps femme de l'ombre, elle en sort petit à petit depuis son élection à l'Assemblée nationale en juin 2022. Mais Sophia Chikirou est connue depuis de nombreuses années des cercles politiques et militants insoumis. Et depuis longtemps son comportement, ses méthodes brutales, ou la gestion financière de son entreprise de communication politique sont décriés. Ils font l'objet de plusieurs enquêtes journalistiques sorties ou à venir, qui la plongent dans la tourmente. 

Dans un article daté de ce mardi 3 octobre, Le Monde révèle que la députée de Paris devrait être prochainement entendue par la justice en vue d'une éventuelle mise en examen pour "escroquerie aggravée". Sophia Chikirou est soupçonnée d'avoir surfacturé des prestations à La France insoumise lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, via sa société Mediascop, prestataire du candidat. Elle est notamment accusée de s'être versée la quasi-totalité des bénéfices de la campagne de 2017 en primes et en dividendes.

L'article fait également mention des méthodes brutales de cette proche de Jean-Luc Mélenchon. Sur la boucle Telegram interne au groupe LFI à l'Assemblée nationale, que Le Monde a pu consulter, elle qualifierait certains collègues de "langues de pute" ou répondrait "attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps" quand un collègue alerte contre les "chasses aux ennemis de l'intérieur"

"Des faits contraires à l'éthique militante insoumise"

Des révélations qui ont poussé l'une des députées visées par Sophia Chikirou à réclamer des explications. "Si elles sont confirmées, les révélations du Monde constituent des faits profondément contraires à l'éthique militante insoumise et au projet de société que nous défendons chaque jour en tant que député.es. Aux milliers de militant.es bénévoles sincères, Mme Sophia Chikirou doit des explications. Les pratiques doivent changer", a écrit à l'AFP Pascale Martin, élue de Dordogne. Cette dernière avait déjà pris ses distances avec la direction de LFI au moment de l'affaire Quatennens, dans laquelle Sophia Chikirou aurait joué un grand rôle, notamment en faveur de la réintégration de ce dernier au sein du groupe. Un épisode qui a également acté la prise de distance de poids lourds du mouvement en désaccord avec la députée de Paris sur la gestion de ce cas, parmi lesquels Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido ou François Ruffin.

Jeudi 5 octobre, un numéro de l'émission Complément d'enquête diffusé sur France 2 va revenir sur la personnalité et les méthodes de Sophia Chikirou. Il questionne son rôle auprès de Jean-Luc Mélenchon, au sein de LFI, ainsi qu'à la tête de la web télé Le Media. Des extraits révélés la semaine dernière par Quotidien sur sa gestion humaine des salariés du média qu'elle a co-fondé ont déjà beaucoup fait parler. Dans des échanges internes, elle blaguerait sur le malaise d'un de ses salariés, et tiendrait des propos homophobes. Alors que des journalistes réclament un communiqué d'excuses suite à la diffusion d'une séquence, elle les aurait qualifiés de "tafioles de merde"

Bientôt sanctionnée pour des propos homophobes ?

Dans un post publié mardi sur X (ex-Twitter), SOS Homophobie a condamné ces propos, qui "entretiennent et banalisent l’homophobie, a fortiori quand ils sont prononcés par une députée de la République". "Si ces propos sont confirmés, ils doivent être condamnés avec clarté au plus haut niveau du parti politique de Sophia Chikirou et des sanctions fermes doivent être décidées", ajoute l'association. Interrogée à ce sujet, la cheffe des députés insoumis Mathilde Panot a reconnu, vendredi dernier, la "connotation homophobe" de ces propos, assurant par ailleurs qu'"il n'y a jamais eu un propos homophobe de la part de Madame Chikirou ou de n'importe qui" dans son groupe.

La semaine dernière, Sophia Chikirou a déjà été au cœur d'une polémique pour avoir publié un message comparant l'actuel patron des communistes Fabien Roussel à Jacques Doriot, ancien communiste devenu collaborateur dans les années 1940. Quelques insoumis comme Clémentine Autain ont pris la parole pour assurer que cette comparaison était inappropriée. Le parti communiste a réclamé des excuses, qu'il attend toujours.


Justine FAURE

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