Le parquet de Paris a requis un procès pour le Rassemblement national et 27 personnes liées au parti soupçonnés d'avoir participé à un système de détournement de fonds publics européens entre 2004 et 2016.Parmi les personnes visées figurent Marine Le Pen et son père.
Marine Le Pen sera-t-elle jugée par le tribunal correctionnel pour détournement de fonds publics et complicité ? C'est ce que réclame le parquet de Paris ce vendredi. Dans l'affaire des assistants d'eurodéputés du FN, il demande un procès pour 11 personnes ayant été élues eurodéputés sur des listes Front national, 12 personnes ayant été leurs assistants parlementaires, mais aussi quatre collaborateurs du parti d'extrême droite.
Les magistrats soupçonnent le RN d'avoir "de manière concertée et délibérée" mis en place un "système de détournement" des enveloppes (21.000 euros mensuels) allouées par l'Union européenne à chaque député pour rémunérer des assistants parlementaires. Ces derniers auraient travaillé en réalité tout ou partie pour le RN, lui permettant ainsi des économies substantielles de salaires. Le Parlement européen, partie civile, avait évalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d'euros pour les années 2009 à 2017.
Louis Aliot, Nicolas Bay et Julien Odoul également visés
Dans la longue liste des personnes dressée par le parquet de Paris sont inscrites la grande majorité des figures du parti du milieu des années 2010, comme le maire de Perpignan Louis Aliot, l'ex-numéro 2 du parti Bruno Gollnisch, le vice-président exécutif de Reconquête Nicolas Bay, l'ex-trésorier Wallerand de Saint-Just ou encore le député et porte-parole du RN Julien Odoul. Pour le Rassemblement national, pris en tant que personne morale, le parquet demande un procès pour complicité et recel de détournement de fonds publics, sur toute la période visée.
L'enquête a débuté en mars 2015, lorsque le Parlement européen a annoncé avoir saisi l'office anti-fraude de l'UE d'éventuelles irrégularités commises par le Front national (rebaptisé RN depuis) concernant des salaires versés à des assistants parlementaires. Les investigations ont ensuite été confiées fin 2016 à deux juges d'instruction financiers parisiens. Marine Le Pen a été mise en examen en juin 2017 pour "abus de confiance" et "complicité", des poursuites requalifiées plus tard en "détournement de fonds publics".
"Nous contestons cette vision qui nous paraît erronée du travail des députés d'opposition et de leurs assistants, un travail qui est avant tout politique", a réagi vendredi l'entourage de Marine Le Pen. "Nous exposerons nos arguments devant la juridiction au fond", a-t-on ajouté, en faisant valoir que "bizarrement, ce genre de décision est prise systématiquement et opportunément en période électorale".